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une vie de tto
18 janvier 2022

Le variant ultime de la crise sanitaire

2020 - EDITTO

S'il y avait une vertu à cette pandémie, ce serait bien d'avoir permis à des gens de côtoyer l'alphabet grec avec une proximité qu'ils n'auraient jamais soupçonné. En cela et puisque la France est partant devenue un pays de joggeurs lors du premier confinement puis d'épidémiologistes chevronnés capables d'avoir des théories sur à peu près tout ce qui était insondable pour le corps des scientifiques du monde entier [cette fameuse modestie française], on ne pourra pas dire qu'il n'y aura pas eu un avant et un après Covid-19. De là à ambitionner une révolution des consciences et l'émergence d'un monde dit d'après-, évidemment, il y a là des vessies qu'il serait de bon aloi de ne pas prendre pour des lanternes destinées à éclairer dans l'obscurité intellectuelle qui autorise certains à réclamer une liberté d'expression absolue confinant à l'alignement de bêtises ininterrompu.

Si tout le monde s'en souviendra, l'histoire a appris que ces périodes tombent parfois dans l'oubli au motif qu'il est réflexe d'éviter de baigner dans ce qui est finalement plus angoissant que rassurant. Sans être du déni, le chapelet de variants auquel tout le monde s'attend sera de sinistre mémoire mais probablement pas aussi présent qu'on ne le dit aujourd'hui, une crise chassant l'autre ou, de façon plus optimiste, une priorité en écrase une autre. Pourtant, il serait vain de résumer ce qui nous arrive en ce moment à un épiphénomène sans autre importance qu'une persistance d'incertitudes chaque jour plus compliquées à gérer. Au delà des imprécations des fous furieux comme Philippot, Raoult et autres cinglés comme les épidémiologistes devenus chroniqueurs télé qui regrettent qu'on ne les invite plus assez souvent [cette drogue dur que sont les projecteurs et caméras de télévision, on n'en parle jamais assez], il y a tout de même des morts et le compteur gonfle tous les jours au point qu'il a atteint 127.263 décès depuis le début de cette crise. Certes, cela ne te dira rien mais c'est comme si Annecy ou Boulogne-Billancourt étaient rayés de la carte d'un trait de plume, comme si on rasait Quimper et Bourges. Une paille ...

Au delà des morts [probablement un peu sous-estimés], ce sont près de 5,5 millions de personnes qui sont mortes dans le monde depuis le début de la pandémie, soit toute la ville de Singapour, Sydney ou encore Saint Pétersbourg. Après face à cela quand on t'explique que tout cela est inventé pour mettre des puces 5G dans le cerveau des gens, ou que c'est un complot des laboratoires pharmaceutiques qui sont de mèche avec les gouvernements corrompus qui mettent en place des dictatures qui ont le chic de de pas interdire qu'on puisse les pointer du doigt ainsi, il y a de quoi rester un peu perplexe et se dire qu'au delà de la crise sanitaire en tant que telle, le variant le plus redoutable est probablement celui qui déstructure les consciences actuellement, renforce les antagonismes parce que les peurs incitent à faire n'importe quoi ou dire n'importe quoi ... oui, ce variant là est probablement plus difficile à éradiquer parce que la crise du Covid-19 aura été un formidable révélateur de l'hypocrisie, de la vanité et de l'égoïsme de la population.

Ah ça, tu es comme moi à pouvoir les compter ceux qui ont raison contre tout le monde, ceux pour qui les règles ne s'appliquent pas parce que eux ce n'est pareil, ceux qui savent bien ce que l'on te cache, ceux qui ont bien compris ce que les médias corrompus taisent avec la complicité des scientifiques et j'en passe. On a tous notre collection de crétins inutiles qui pensent vraiment se valoriser ainsi en se singularisant jusqu'à ce que la réalité sanitaire les rattrape. Pourtant, les témoignages d'antivaccins ne manquent pas qui, sur leur lit de mort, regrettent avec toutes les larmes de leur corps de n'avoir pas écouté ce que l'on n'a jamais cessé d'expliquer. Sauf qu'il faut accepter aussi que la rationalité ne soit pas synonyme d'une connaissance indubitable et définitive. En corolaire, il faut aussi être suffisamment fort pour ne pas céder à la panique, pas céder à la facilité des discours simplistes et des sophismes calculés, pas tirer de conclusions hâtives et finalement avoir une approche rationnelle et nuancée. Alors forcément, quand on imagine qu'une solution toute trouvée existe et que le gouvernement [cet incapable notoire] aurait du voir ce que tout le monde voit, la colère monte en oubliant que décider n'est pas si aisé, que tous les éléments n'ont pas vocation à être posé devant l'opinion et que choisir telle ou telle option, c'est aussi renoncer. Bien entendu, cela n'excuse les erreurs grossières comme celles qui consistent à balancer la veille de la rentrée un protocole scolaire alors qu'on est à Ibiza ... mais l'amalgame qui est rapidement fait par certains à la première occasion confirme simplement une chose : le manque de modestie se généralise au point de devenir la norme puisqu'il est si aisé de critiquer quand on n'a rien à faire. La critique est facile, l'art est plus difficile surtout quand il s'agit de demander des sacrifices et de rogner sur les libertés pour le bien commun.

Ce variant s'attaque donc au ciment social, à cette conception du bien commun qui est foulée aux pieds par ceux qui croient qu'ils sont au dessus de tout cela, en toute irresponsabilité. Sans excuser la forme du propos présidentiel sur les antivaccins, il y a tout de même un peu de fond dans la plaidoirie en irresponsabilité qui fut faite. Je n'irai cependant pas jusqu'à déclasser les citoyens pour cela, précisément parce que ce serait leur faire le plus beau des cadeaux que de les traiter comme des irresponsables juridiquement, donc permettant de les absoudre d'avoir à rendre compte de ladite irresponsabilité. C'est d'ailleurs l'un des fondements majeurs du droit civil en France : Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. Les juristes auront reconnu le fameux article 1382 du Code civil mais c'est bien regrettable de se dire que ceux qui croient utile sinon glorieux de ne pas protéger le bien commun de la société en abusant de privautés individuelles au motif que leurs droits seraient inaliénables et sans restrictions sont vraiment la lie de cette société. Il n'y a, n'en déplaise à ceux à qui cela ne plaît pas, des règles qui n'ont jamais indiqué que la liberté d'expression était absolue, que le droit de grève était sacré ou que sais-je encore. Le droit le plus étendu qui soit en France est le droit de propriété et même celui-ci s'exerce en fonction des contingences de ceux qui lui sont voisins. Qu'après, on donne abusivement la parole à de prétendus défenseurs de la liberté qui invoquent Maurras ou Barrès pour justifier de recourir à la violence et aux voies de fait pour que cela change, c'est irresponsable. Mais CNews et Zemmour se sont encore faits condamner hier pour cela. Pour une dictature, on les entend beaucoup les ennemis du régime. A la limite, je me dis qu'il serait peut-être temps qu'on cesse de considérer que toutes les opinions méritent d'être exprimées comme se plait à le dire le grand philosophe ridicule Pascal Praud qui n'accepte cela que pour ce qui l'arrange. Définitivement non, toutes les paroles ne se valent pas et je me moque de savoir ce que pense Cyril Hanouna de la politique vaccinale du pays considérant qu'il est tout juste bon à vendre des écrans publicitaires pour enrichir Vincent Bolloré ou ce demeuré de Francis Lalanne [et je ne te parle de l'alcoolique Jean-Marie Bigard dont, un jour, nous reparlerons quand le sujet sera bien mûr].

C'est cela le problème de ce variant ultime à la pandémie : le fait que tout soit entendable, que tout se valle, que l'on doute de tout même si le doute est cartésien. Les opportunistes en gilets jaunes s'inventent des compétences scientifiques et vont danser avec Florian Philippot tandis que le corps social se déchire à mesure que dure cette situation si peu agréable. Après la crise sanitaire, il faudra bien le traiter ce variant et il n'est pas certain que les échéances électorales suffisent à faire baisser la fièvre [étant précisé que je pense, comme d'autres, que la convulsion de l'ultra droite alimentée par Eric Zemmour n'est pas plus présente qu'avant : c'est juste que CNews en fait ses choux gras et que les autres suivent].

Tto, expectatif

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