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une vie de tto
10 mai 2016

Le jour où 2017 a commencé

Le jour où 2017 a commencé

Dans un peu plus de 360 jours, les français qui auront à coeur de faire leur devoir éliront la personne en charge de présider l'Etat de 2017 à 2022 ... ça fait moins d'une année puisque le second tour de l'élection présidentielle aura lieu le 7 mai 2017.

C'est donc assez naturellement que François Hollande, qui aspire à sa succession sans que cela ne soit plus trop un mystère pour grand monde, a lancé discrètement mais clairement la campagne, au détour d'une interview dont tout le monde [y compris lui] avait compris qu'elle était terminée.

Le 8 mai 2016, à 364 jours de l'échéance, François Hollande a démontré à ceux qui s'évertuent à en douter qu'il est un animal politique que tous ceux qui considèrent qu'il est carbonisé, nul, lourdaud et amateur ne voient jamais, à l'instar du scénario hollywoodien de 2012. Pourtant, Sarkozy l'avait dit à certains conseillers "Méfiez-vous de Hollande ...", avant d'être hypnotisé par DSK et la fracassante descente aux enfers de celui-ci.

Ce dimanche, en pleine possession des apparats du Président de la République et dans un exercice qu'il maîtrise à la perfection, François Hollande n'a pas laissé de place au doute et a confirmé que les élans si efficaces du discours du Bourget de janvier 2012 étaient encore là et qu'ils avaient la capacité de revenir avec fulgurance, démontrant ainsi que le quinquennat qui s'achève n'a en rien émoussé ni découragé cet habile tacticien.

Pour davantage de clarté, voici ce dont il s'est agi ...

Ah oui, je sais ... Hollande est insupportable, irritant et totalement odieux à expliquer que cela va mieux. C'est pourtant vrai, les signaux macro-économiques tournent tous au vert depuis le début de l'année. Ah mais si ce n'est pas cela j'entends déjà la meute expliquer qu'il n'a pas tenu ses promesses ... sauf que le site Lui Président le démontre, sur les 60 propositions à douze mois de la fin du quinquennat, il est assez exagéré de dire qu'il n'a pas tenu ses promesses.

Bah c'est quoi alors ? Toujours et encore le même procès en illégitimité au motif absolument pas démontré qu'il n'aurait pas gagné en 2012 mais ce serait davantage Sarkozy qui aurait perdu ? Fumisterie que tout cela ... les Cassandre de tous poils, de gauche comme de droite, sont aveuglés par le mépris voire la haine éprouvés à l'égard du Président Hollande pour reconnaître malgré tout la vérité : ce quinquennat est loin d'être honteux.

Bien sur, il y a des ratés, des renoncements, des erreurs, des maladresses parfaitement inutiles et totalement contre-productives. Des errements sur la méthode aussi, un retard à l'allumage pour ce qui s'est agi d'endosser les habits du Président ... François Hollande n'est absolument pas exempt de responsabilité dans tout un tas de choses qui pourraient nourir un réquisitoire assez objectif. Je te le concède : sa présidence est parfois exaspérante. Pourtant, il demeure sympathique et rassurant. Je suis convaincu que la répulsion très entretenue par les sondages qui se déversent en ce moment n'est due qu'à l'absence de perception de résultats qui pointent enfin le bout de leur nez. Aussi, oui ça va mieux y compris pour François Hollande qui peut enfin communiquer avec la grosse artillerie sur le fait que l'embellie tant attendue et bêtement promise pour fin 2013 est là.

Dans cet extrait, plusieurs choses me font dire qu'il a allumé le moteur ... Déjà, contrairement à d'habitude, le ton est plus décontracté et moins contrôlé, un peu à la manière de Mitterrand qui est parvenu à s'exprimer fluidement devant les caméras une fois qu'il a réussi à vaincre sa peur de mal passer dans le petit écran.
Ensuite, la forme ! L'entretien est terminé, le journaliste le remercie et il remercie le journaliste ... et hop ! Il remet le couvert pour dérouler tout un argumentaire de campagne pur et dur. Et tout y passe : c'est plein de puch-lines, c'est direct, ça tape pile à l'endroit où il faut pour solidifier la stature présidentielle de celui qui aspire à poursuivre sa mission par delà 2017. C'est tellement lumineux que je me souviens ne plus avoir bougé et m'être dit "Ça y est, il est parti !". Entre l'évacuation des cadeaux, le discours de gauche, l'angle sur la préservation du modèle social associé à la compétitivité qui rassure les patrons ... c'est prodigieusement habile en peu de mots et finalement moins de deux minutes !

Face à un tel positionnement tactique qui s'appuie sur les fonds baptismaux d'une action conduite depuis 2012, ça va être compliqué. Juppé comme Sarkozy annoncent un virage libéral que même Madelin n'aurait pas osé désirer au milieu des années 90. Le Pen alignera encore une fois et comme Donald Trump les contre-vérités que des indicateurs plus favorables rendront moins audibles [ce qui pourrait donner raison à son père in fine, surtout si De Villiers se lance dans la bataille comme on dit que cela le démange en ce moment]. Mélenchon demeure insupportablement hystérique et totalement incohérent. Les Verts ne seront clairement pas en position de se présenter et Bayrou n'ira pas. Comme Montebourg ne s'est pas encore remis de sa claque, la route de François Hollande s'éclaircit, ce d'autant que la piètre prestation d'Emmanuel Macron dimanche pour fêter Jeanne d'Arc me convainc d'une chose : il est là pour droitiser le propos et faire un ticket qui remonte la popularité de l'attelage.

Ceux qui hurlent leur envie de se débarrasser de François Hollande devraient réfléchir un peu et se dire que passé 2017 s'il n'est pas réélu, ils grossiront les rangs de ceux qui finalement le regretteront. Parce que j'en suis convaincu, le Président Hollande n'est certes pas un De Gaulle du XXIème siècle mais son opiniatreté et le cuir dur qui est le sien est finalement le meilleur antidote possible contre la rapidité d'un quinquennat ayant bousillé tout l'équilibre des institutions de la Vème République. Une sorte d'anachronisme ... Au surplus, les français ont compris quelque chose depuis janvier 2015 : il a la stature d'un Président dans des temps troublés et malgré des circonstances exceptionnelles. Cruelle ironie pour celui qui voulait être un Président normal que devoir maintenir le cap dans un contexte anormal !

La personne n'est pas atteinte, la sympathie demeure ... seuls les résultats tardent. Il en fait des caisses en ce moment mais il a raison de dire qu'ils arrivent ces résultats. Enfin, il aura mis du temps mais il est Président [il le rappelle lui-même dans l'entretien d'ailleurs ... comme par hasard] à part entière. Et ça, les français qui adorent l'aspect monarchique de la fonction n'y sont pas insensibles, surtout s'il faut confier à un autre les clefs qui mettra encore deux ou trois ans à appréhender le rôle et la fonction.

On oublie trop souvent que la Présidentielle n'est pas un concours de beauté ni un championnat de popularité [c'est là où les sondages sur la popularité sont une imposture et ne veulent rien dire]. C'est une comparaison de programmes et de personnalités. Et à ce jeu là, François Hollande a clairement fait passer le message qu'il est loin d'être carbonisé : ceux qui l'enterrent en 2016 ressemblent beaucoup à ceux qui faisaient de même il y a pile cinq ans.

Tto, qui sait déjà pour qui il va voter

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Commentaires
E
J'ai beaucoup de mal aussi, mais c'est vrai que 5 ans c'est court pour asseoir une politique et la voir fructifier. J'aimerais aussi un président plus stratège et moins tacticien... Peut-il changer sur ce plan ?
Répondre
E
J'ai beaucoup de mal aussi, mais c'est vrai que 5 ans c'est court pour asseoir une politique et la voir fructifier. J'aimerais aussi un président plus stratège et moins tacticien... Peut-il changer sur ce plan ?
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N
Je ne suis pas enthousiaste, mais alors pas du tout, à l'idée qu'il se représente!<br /> <br /> Tu l'as écrit : des ratés, des renoncements, des erreurs, des maladresses, des errements<br /> <br /> Le souci reste : qui, à gauche, comme candidat sinon lui!
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