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une vie de tto
9 décembre 2022

Le too much avec Alain Chabat

CQFD LE LATE SHOW AVEC ALAIN CHABAT09-12On allait voir ce que l'on allait voir parce que la promesse était belle : la France allait peut-être enfin se donner la chance d'avoir un vrai rendez-vous, certes éphémère, de late-show. C'est le genre qui n'a pas pris dans l'hexagone alors qu'on le croise un peu partout en Europe et dans le monde : le principe est simple et consiste finalement à faire venir sur un canapé des invités en pleine promotion pour passer un moment marrant et détendu en fin de soirée, avec blagues, plaisanteries et jeux sans prétention. Tout est calé pour que le moment ne dure pas suffisamment pour lasser, serve la promotion et l'image des stars qui se prêtent à l'exercice, le tout avec un maître de cérémonie à la répartie facile et qui sait mettre en valeur avec toujours un ton un peu décalé.

Pourquoi cela n'a jamais pris en France ? Parce que les grilles de programmes ne sont pas linéaires en France après 21h et qu'il est très difficile de trouver un rendez-vous à horaire fixe au delà du prime-time. Du coup, là où aux Etats-Unis les blocs de séries font qu'on est toujours sûr de démarrer une émission à la même heure [22h30 ou 23h30] tous les soirs, ce n'est pas le cas en France où les émissions de variétés, les films ou les programmations unitaires font finir les premières parties de soirée à des horaires différents d'un jour à l'autre, ce qui rend la fidélisation du public impossible. Pourtant, on a tenté d'en lancer des late-shows ... Arthur avait tenté "L'émission impossible" en 1992 sous un format hebdomadaire, Mustapha El-Atrassi sur NRJ12 de 2009 à 2012, Hanouna avait tenté furtivement "Hanounight show" en 2016, Jean-Pierre Foucault au début des années 2000 via "On vous aura prévenus" après quatre numéros seulement sur TF1. N'oublions pas Christine Bravo avec son "Merci et encore Bravo" en 1993 ... On ne peut donc pas dire que rien n'a été tenté, sous des périodicités différentes et des angles eux aussi variés. Et pourtant, cela ne prend pas. Du coup, la démarche Chabat était attendue.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'essai n'est pas concluant. Les audiences en direct se sont tassées jusqu'à atteindre un niveau d'alerte qui fit se féliciter de ne programmer que dix émissions, même si le replay a sauvé les meubles. Ce n'est pas non plus le manque de buzz alimenté par le jaloux Hanouna qui a essayé de monter une polémique artificieuse sur les coûts de l'émission. Oui, l'émission a un budget et on pouvait voir à l'antenne qu'il n'était pas nul. Oui l'émission était préparée, soignée à certains égards et finalement calibrée pour rester dans la commande : celle d'un late show américain transposé sur un grand network français, le premier d'entre eux. Tout y était d'ailleurs : le décor city, le canapé, le desk en bois, la scène avec rideau, le groupe de musiciens, l'interaction avec le public même si elle était totalement fake ... bref, sur le papier, tout était fait pour que cela fonctionne. Et pourtant, cela n'a pas fonctionné.

La faute à quoi ? Un excès d'écriture d'abord, une inadéquation entre l'émission et le public de la chaîne [là dessus, Hanouna n'a pas tort d'expliquer qu'on ne programme pas sur TF1 des shows très marqués esprit Canal d'avant] ... il manquait cette spontanéité très factice qu'on ressent malgré tout dans les late-shows américains où tout est pourtant écrit. Là, c'était surtout une partition et, parfois, on avait l'impression de voir revenir certains sketchs des "Nuls l'Emission" tant c'était cadré et si peu libéré. C'est l'excès de contrainte qui a fini par rendre l'exercice un peu trop étouffant, y compris pour Alain Chabat trop souvent rivé sur ses fiches et conducteurs pour ne pas casser les mécaniques huilées par ses auteurs. Du coup, on a eu du late déconnant, bien écrit, malicieusement amené, un peu de show selon les invités plus ou moins à l'aise mais pas l'aspect promo où l'éclat de rire peut partir d'un coup comme cela. A cet égard, la première émission avec Jean Dujardin faisait peine à voir tant elle était poussive. TF1 est une chaîne populaire sur laquelle on peut user de finesse mais on doit aussi rendre les choses plus faciles. Pour la jouer plus finement, le groupe TF1 dispose de sa fenêtre TMC qui permet de fédérer les jeunes adultes orphelins de l'esprit Canal et qui y retrouvent l'humour boboïsant de Yann Barthès. D'ailleurs, un combo Barthès + Chabat, ça fonctionnerait bien ... cela a déjà fonctionné quand TMC a programmé "Buger Quiz" en suite de "Quotidien", avec des audiences au delà du million et demi de téléspectateurs. "Le late avec Alain Chabat" était une belle production audiovisuelle mais qui n'a pas été programmée comme il le fallait. D'événementielle, elle est devenue lourde parce que pas adaptée à l'antenne qui la diffuse ... un peu comme quand France 2 s'amuse à diffuser "Masterchef" alors qu'on attend autre chose du service public. Là, pour un téléspectateur de TF1, c'était peut être trop pas ce qui était attendu.

Tto, qui est un peu déçu

Modèle du jour : Danell J Leyva, Instagram

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