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une vie de tto
26 février 2022

La cohorte des bouffons

La cohorte des bouffons

Au départ, j'avais pensé intituler ce billet "L'académie des bouffons" mais il en ressortait une impression sous-jacente de savoir qui ne colle pas vraiment à la situation. Et puis, je suis allé voir ce qui pouvait bien correspondre à un groupe d'importance variable de personnes animées, au moins momentanément, par un esprit commun et agissant plus ou moins de concert ... c'est une "cohorte".

"Quoi ??? Comment ça ??? Tu mets Le Pen et Jadot dans le même sac !!?? Pécresse et Zemmour ensemble, ça n'a pas de sens !!!??" entends-je déjà ... pourtant, l'invasion de l'Ukraine par le dictateur russe agit finalement comme un révélateur, à l'instar du Covid-19 sur les postures des uns et des autres.
Pour l'avoir déjà expliqué ici, la crise actuelle n'est pas nouvelle [ses germes datent de 2014 ... et les difficultés du camp occidental avec l'épouvantable autocrate corrompu de Moscou depuis au moins 2008] de sorte que cela autorise à aller piocher dans les déclarations et jugements péremptoires de ladite cohorte depuis pas mal de temps. Mais je te ferai l'aumone de ne pas t'infliger le tissu d'âneries que l'on a pu entendre à cet égard, il n'y a simplement qu'à regarder dans un retroviseur de quelques semaines. Oui ... quelques semaines suffisent pour apprécier la qualité des "stratèges" que voilà aux visions court-termistes absconses sinon stupides. Si cela n'était que cela, pour certain(e)s, cela relève même de l'intelligence mais l'intelligence avec une puissance étrangère qui agit contre les intérêts de la Nation [ce qui ne fait plus vraiment de doute]. Tu m'objecteras que le Président Macron a reçu Poutine deux fois, une fois dans le cadre d'une visite d'Etat en 2017 à Versailles et une autre fois au Fort de Bregançon ... je ne crois pas avoir entendu à cet égard de compromissions telles qu'elles altèrent l'intégrité d'un discours aujourd'hui tenu comme cela peut-être le cas de Zemmour, Mariani ou encore Le Pen et Mélenchon. 

Mais revenons-en aux mots ...

Le 30 janvier 2022, Jean-Luc Mélenchon déclare sur le plateau de "C dans l'air" la chose suivante : "Je n'embarquerai pas la souveraineté de la France. Quand le président de la République dit : « nous garantirons l'intégralité territoriale de l'Ukraine », alors que le menace n'existe pas selon les ukrainiens eux-mêmes, il fait une bravade qui ne nous mène nulle part."
Plus tôt, le leader minimo [qui, comme ses affidés Panot et Quatennens, soutient toujours le Vénézuela qui vient pourtant d'apporter son soutien sans mabiguité à l'offensive des russes sur le sol ukrainien] était encore plus clair : "Nous avons fait entrer dix pays dans l'Otan à l'Est, ce qui a été ressenti comme une menace par la Russie. Nous avons le devoir de faire en sorte que l'Ukraine n'entre pas dans l'Otan parce que sinon, il est normal que les Russes disent 'nous nous sentons menacés', surtout quand on installe des batteries de missiles antimissiles en Pologne." C'était le 3 janvier 2022 sur France-Inter.
Le 18 janvier 2022, dans une interview écrite au Monde, il explique "Les Russes mobilisent à leurs frontières ? Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin pareil, un pays lié à une puissance qui les menace continuellement ?". 
Ce n'est que le 24 février, au soir du premier jour de l'invasion ukrainienne, que Mélenchon s'agace et lâche enfin "Je condamne l'attaque de Poutine" tout en expliquant qu'il n'a jamais soutenu le dictateur, ce dont il met tout le monde au défi de rapporter la preuve. Bah ... je crois que c'est fait Jean-Luc.

Le 9 décembre 2021, Eric Zemmour déclare sur le plateau de l'émission "Elysée 2022" : "Le problème de l’Ukraine n’est pas que la Russie menace d’une invasion, je n’y crois pas. La Russie n’a aucun intérêt… [il est coupé]. La Russie, je prends le pari, n’envahira pas l’Ukraine." Là, évidemment, pour celui qui nous bassine à longueur de temps avec ses visions stratégiques et prospectives à dimension historiques, c'est ce que l'on appelle un gros raté. 
Mais ce n'est pas pour autant une erreur d'appréciation, c'est la conséquence logique d'une russophilie aveuglante qui pousse le candidat condamné et multirécidiviste à décliner ses théories fumeuses servant la soupe au dictateur moscovite. "Je rêve d'un Poutine français" expliquait-il lors d'une interview à L'Opinion en 2018. Chez ses polus féroces contradicteurs de CNews en septembre, il lachait "Je suis pour l'alliance russe. Je pense que c'est l'allié qui serait le plus fiable". Et au tout début du mois sur France-Inter, "Vladimir Poutine est un patriote russe. Il est légitime qu'il défende les intérêts de la Russie" étaient des mots sans vraiment beaucoup d'ambiguité sur un alignement qui fait passer la repentance de sa conférence de presse de jeudi pour une bouffonerie de plus. C'est d'autant plus certain que les journalistes de France Info ont déterré ce qu'il écrivait en 2016 : dans "Un quinquennat pour rien" rassemblant ses chroniques diffusées sur RTL, il assure que "l'Ukraine n'existe pas", estimant même que "l'Ukraine moderne est un pays de bric et de broc". Du Poutine de lundi soir avant l'heure ...

Pour la fille de son papa, c'est plus subtil. On rappelle que, si Marine Le Pen a condamné assez vite l'invasion russe en Ukraine jeudi matin, elle vit assez mal qu'on lui rappelle son lobbying en 2017 [lors de la précédente campagne présidentielle] quand elle était allée chercher allégence à Moscou, expliquant alors "Nous ne croyons pas en une diplomatie de menaces, de sanctions ou dans une diplomatie de chantage que l'Union européenne, malheureusement, applique de plus en plus contre la Fédération de Russie et contre ses propres membres." devant un Poutine radieux. Loin d'être une maladresse, Le Pen avait affirmé à un journal russe [!!!] cette même année que la Crimée n'avait jamais été ukrainienne, justifiant ainsi d'une annexion pure et simple de cette province ukrainienne quelques années plus tôt. 
Si comme le trublion du pargaraphe précédent elle ne croyait pas "du tout" à une invasion russe de l'Ukraine au début du mois de février 2022, il est singulier de rappeler que la dirigeante du parti d'extrême-droite avait réfusé, fin janvier 2022, de valider un paragraphe sur l'Ukraine d'une déclaration commune avec ses partenaires européens à Madrid lors d'un rassemblement. Le texte assurait pourtant que "les actions militaires de la Russie à la frontière orientale de l'Europe nous ont conduits au bord de la guerre" et appelait à la "solidarité" face à de "telles menaces". Puisqu'elle ne croyait pas à l'invasion russe, on imagine bien que ce refus ne trouve pas sa cause dans le fait que les termes soient trop modestes ...
Enfin, on rappelera que Marine Le Pen est toujours débritrice à l'endroit du dictateur russe, au motif d'un prêt de 9 millions d'euros destiné à financer le parti en 2014. Ce prêt n'ayant toujours pas été remboursé et complété depuis par un prêt accordé par la Hongrie [non sans la bienveillance de qui tu sais], on imagine qu'il est particulièrement difficile de critiquer son banquier quand on cherche de l'argent. Mais Macron n'avait rien compris au problème ukrainien ...

Pour la pauvre Valérie Pécresse, la situation ukrainienne dépasse un peu les compétences régionales de celle qui ne trouvait rien à dire au fait que François Fillon soit membre d'un conseil d'administration d'un énergéticien russe, ledit conseil étant présidé par un proche de Vladimir Poutine. En substance, elle nous expliquait qu'il avait le droit de travailler et s'occupait de railler les tentatives diplomatiques d'Emmanuel Macron lorsqu'il se rendait à Moscou puis Kyiv, lorsqu'il passait ses nuits à essayer de rapprocher les positions. Fillon peut aller pantoufler chez une super-puissance hostile qui menace la France comme ses alliés, Valérie Pécresse n'y voit rien de choquant. Pire, on ne l'entend plus quand ledit Fillon, condamné à cinq ans de prison dont deux fermes pour détournement de fonds publics [ce dont il a fait appel], se pique de donner des leçons de savoir-être diplomatique à l'endroit de la Russie alors que celle-ci a déjà envahi l'Ukraine : "Depuis dix ans, je mets en garde contre le refus des occidenaux de prendre en compte les revendications russes contre l'expansion de l'OTAN." Et que dis Valérie Pécresse à cela ? Qu'il faut laisser Fillon tranquille ... 

Quant à Mariani, son obstination à observer voire cautionner tous les processus électoraux de la pshère d'influence russe ... c'est presqu'admirable de dévotion. Mais rassurons-nous, en 2018, l'observation de la campgnae présidentielle russe lui aura permis de faire le voyage attentif avec Louis Alliot, Bruno Bilde, Gilbert Collard, Ludovic Pajot et Jérôme Lambert [la fine fleur du lepenisme d'antan].

Et pourquoi donc le pauvre Yannick Jadot ? La veille de l'invasion russe, le grand candidat vert expliquait sur LCI être défavorable à l'idée que l'on fournisse des armes aux ukrainiens pour se défendre. Il ajoutait même que l'on ne va pas faire la guerre contre la Russie. Le lendemain, alors que les russes étaient entrés en Russie, Jadot se piquait de faire une allocution qu'il n'y a que lui qui croit qu'elle ait des allures présidentielles qu'il fallait "organiser des livraisons d'armes pour les ukrainiens puyissent se défendre". En 24h, c'est ce que l'on appelle un virage à 180° confirmant à qui le veut bien que ce n'est pas parce que l'on est candidat qu'on a les épaules pour assumer les responsabilités que l'on appelle à se voir confier. Ce qui tombe bien [et c'est peut-être l'un des maigres avantages de cette tragique situation], c'est que l'invasion ukrainnienne est un puisssant révélateur de nature à faire tomber les maques.

Tto, peu enclin à laisser prospérer les postures

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