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une vie de tto
21 janvier 2020

C'est royal

C'est royalAvec un sens du timing qui défie les professionnels du genre qui peuplent les colonnes de CNEWS MATIN ou 20 MINUTES, j'ai trouvé fort à propos d'évoquer aujourd'hui ma relation si particulière avec la royauté et même la monarchie française.

Le culte du château ou de l'apparat qui survit tant au sein de la Grande Bretagne ne saurait être l'excplication valant pour ce qui me concerne même s'il faut être honnête, il y a quelques adhérences. Au delà de cette superficialité, il faut aller trouver dans mon histoire personnelle et familiale les raisons qui fondent cet attachement à la monarchie. Il convient, à titre liminaire, d'indiquer également qu'on peut être passionné par le sujet ou la chose sans tomber dans le monarchisme réactionnaire et faisandée. Je reconnais à la construction politique royale certaines vertus tout en n'occultant d'évidentes faiblesses qui ne lui permirent pas de survivre au soulèvement populaire initié en 1789.

Connexions personnelles ?  Assurément. 
Je suis issu d'une famille au sein de laquelle le sentiment monarchiste a infusé depuis fort longtemps et a pris un relief particulier lorsqu'un de mes ancêtres est mort guillotiné sur la Grand Place d'Arras pendant la Terreur au motif qu'il était sympathisant monarchiste et qu'il avait enterré dans son jardin de l'or et de l'argenterie flanquée d'une fleur de lys. Rien que cela, lorsque c'est raconté à un enfant de six ou sept ans, cela met un peu d'étoiles dans les yeux.

Au surplus, une de mes ancêtres a brodé un tableau énorme intitulé "Chronologie des rois de France" avec la déclinaison de chaque règne, la date du couronnement de chacun ainsi que l'age de décès du souverain. Cette pièce assez imposante, je l'ai toujours vue. Elle trônait [c'est le cas de le dire] chez mes grands parents et, à leur mort, mes parents l'ont récupérée et je la croise à chaque fois que je vais les voir puisqu'elle est désormais dans l'entrée [après avoir été longtemps dans le salon]. Ce n'est pas que mes parents soient monarchistes ni adorateurs de la chose [tout au contraire même], mais ma mère a toujours considéré que le travail de broderie avait été phénoménale et qu'en cela, la pièce en question méritait d'être exposée. Ce tableau a été mon premier objet d'étude ... c'est dessus, en le parcourant de haut en bas sur ses trois colonnes, que j'ai appris ma chronologie des rois de France. Parce que oui, à quelques exceptions près, je suis capable de te décliner la chronologie des rois de France, de Clovis à Louis-Philippe. Il eût été probablement plus utile de maîtriser des tables de multiplication complexes ? Je ne le pense pas.

Cette porte d'entrée sur l'Histoire m'a dévoré très vite. Autant mon père lisait des bouquins d'historiens français et américains sur quelques personnalités royales ou non, autant moi je me suis jeté à corps perdu dans la curiosité de la personnalité de quelques souverains et rapidement, j'en suis venu à apprendre mon Histoire de France. Comme tout le monde qui a fait l'effort, j'ai identifié quelques périodes de prédilection et d'autres dont je me désintéresse copieusement. C'est surtout que j'ai compris rapidement qu'au delà de l'histoire personnelle de tel ou tel roi, on a avait là la narration du pouvoir, laquelle est intemporelle. Oui, la maturation du sujet m'a fait passer d'une contemplation de la personnalité de quelques uns à l'analyse des jeux de pouvoirs. Et c'est ainsi tout naturellement que j'ai eu beaucoup d'affection pour les périodes où le pouvoir royal a tangué si fort qu'il s'en est fallu de peu pour que le pays [ou ce qui en tenait lieu] ne basculât vers autre chose ou sous le joug d'une puissance étrangère. Les crépuscules dynastiques ont clairement toutes mes faveurs, les guerres telluriques aussi : la Guerre de Cent ans évidemment, la fin des Valois forcément, la Fronde du milieu du XVIIème siècle, la période dite des Rois Maudits [avec l'ouverture sur le contre-pouvoir templier qui est une pure merveille], et bien entendu l'impasse Louis XVI dont on fête aujourd'hui le 227ème anniversaire de la décapitation.

Parmi cet éventail royal de vicissitudes, le siècle s'écoulant de 1510 à 1610 m'a fasciné et me dévore toujours et encore. "Game of thrones" n'a rien inventé et s'il n'y avait pas de marcheurs blancs, il y eût toutes les turpitudes possibles et imaginables en la matière. J'en fis mon mémoire d'Histoire du Droit, centré sur la régence de Catherine Médicis dont on sous-estime l'impact sur l'exercice du pouvoir, à une époque où le royaume est rongé par les guerres de religion, où le pouvoir se délite à mesure que les souverains témoignent de folies plus ou moins passagères. Tu ajoutes du sexe, de l'inceste, des fractures familiales sismiques, du sang versé avec si peu de ménagement et un brin d'esothérisme en combinant cela avec la période Renaissance la plus bouillonnante qui soit, le cocktail est tellement explosif qu'il ne peut que me ravir. Il y a tout ce que j'aime là dedans, tout jusqu'à la tragédie fatale répétée au nom d'un fanatisme obscur qui précipite dans le chaos un royaume aveuglé par les douleurs. 19/20 ai-je eu pour mon mémoire sur l'analyse juridique et historique de la régence de Catherine de Médicis, celle qui ne devait pas être reine de France et qui le resta malgré le décès d'Henri II parce que ses enfants étaient condamnés à périr à plus ou moins longues échéances et faire souffrir par plaisir. Note également que l'on a failli faire repartir la Guerre de Cent ans, qu'un Duc de Guise s'est approché tellement près du pouvoir qu'il ne fallut pas grand chose pour qu'il s'en empare et que les moeurs atteignirent une telle dissolution que la perte de repère ne pouvait qu'être mortelle. Malgré tout, les voiles noirs de la veuve royale ont maintenu le pouvoir coûte que coûte, même s'il a fallu ensanglanter le fleuve parisien.

J'ai gardé de tout cela une chevalière qui appartenait à mon grand-père, une chevalière à la fleur de lys en argent massif. On m'a traité de salaud de monarchiste la dernière fois que je l'ai mise, j'avais 15 ans. La répulsion de certains pour la chose royale est toujours révélatrice à mes yeux : les plus ardents défenseurs de la monarchie républicaine sont aussi ceux qui ne supportent pas qu'on rappelle que la France a décapité son souverain et qu'elle contemple avec beaucoup d'envie la relation du peuple britannique avec sa famille royale [dont j'aime toujours à rappeler qu'elle est d'origine allemande].

Tto, qu'il ne faut pas brancher sur le sujet parce que cela peut durer des heures sinon toute la nuit

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Commentaires
J
J'aime 🙂
Répondre
Y
Encore un point commun ! 😁
Répondre
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