Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est l'évidence : nos vies sont denses [excuse-moi cette allitération mais elle me plaît].

La suspension islandaise dont je commencerai à te parler dès dimanche à grand renfort de plein de choses rigolotes et magnifiques m'a permis de m'en rendre compte, si tant était que cela soit nécessaire. Pourtant, c'est saisissant comme nous vivons tous les jours dans une machine à laver en programme essorage.

Souvent, je redoute les périodes de vacances [à vrai dire, j'ai longtemps répugné à prendre des vacances un peu à cause de cela] en ce qu'elles génèrent des ruptures de rythme pour lesquelles je sais ne pas être armé comme je le devrais. Depuis de nombreuses années, avec Zolimari, nous avons appris à gérer les départs [mécaniquement, je m'écroule toujours deux jours après le départ, la chute de pression certainement], les périodes de retour où la violence du retour du quotidien m'anéantissait à chaque fois. Avec le temps, j'ai appris à gérer, à prendre du recul et à ne pas regarder les vacances où, nonobstant quelques tensions inhérentes à nos deux caractères forts, nous nous retrouvons avec le plaisir de l'évidence, comme si nous étions convaincus que nos vies n'auraient pu être aussi fabuleuses l'un sans l'autre. 

C'est ainsi qu'un soir où il me manquait j'avais résumé la situation : nous sommes l'un pour l'autre nos évidences respectives. Les vacances mettent en exergue ce qui est si fort entre nous ... et, avec le temps et un peu de maturité, nous réussissons de mieux en mieux à gérer les retours où l'aspiration des conneries, des contrariétés en tous genres confine au festival hystérique.

"J'sais pas comment vous faîtes" entend-on régulièrement ... C'est vrai qu'on bosse comme des brutes, on sort trois à quatre fois par semaine, on a des agendas remplis de toutes parts et les semaines à venir deviennent paroxystiques à cet égard. C'est vrai qu'on aimerait de temps en temps pouvoir s'ennuyer un peu, se féliciter de n'avoir pas grand chose à faire ... mais voilà, je ne suis pas fait de ce bois là et lui aime bien ce tourbillon, donc il ne me freine pas.

Les vacances sont un peu moins intenses mais finalement, nous avons désormais un témoin qui pourra expliquer qu'on ne chôme pas pour autant. Jadis, j'analysais ça comme une urgence de vivre, de tout dévorer ... aujourd'hui, j'ai la même urgence de vivre mais elle m'angoisse moins voire plus du tout. J'aime cette vie à 100 km/h, cette vie où j'écris tous les jours ici, où j'organise des trucs dans tous les sens, où j'ai 100 idées à la seconde, où j'ai des envies d'ailleurs en permanence, où je papillonne d'une bulle à une autre en ayant la ferme intention de ne jamais regretter de n'avoir pas fait quelque chose. 

Oui, nos vies sont denses, c'est l'évidence. C'est crevant mais cela vaut d'être vécu.

Tto, powerful