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une vie de tto
28 janvier 2016

"Parfois, résister c’est rester, parfois résister c’est partir."

TAUBIRAsse le plancher

Le tsunami annoncé partout et espéré par la fachosphère est enfin arrivé : Christiane Taubira a jeté l'éponge et remis sa démission au Président de la République hier matin. La situation du symbole de gauche devenait inextricable et surtout illisible. Le timing a été de faire coincider le début de l'examen du texte sur la révision constitutionnelle avec lequel elle est en désaccord et sa démission ... 

Finalement, dans cette affaire, Christiane Taubira rend un sacré service à François Hollande. Son départ prive l'opposition de son "Taubira démission" pavlovien, son départ fait tant de bruit que le texte avec lequel elle était tant en désaccord devient transparent pour un temps, son départ harmonise la voix du gouvernement [qui en a bien besoin, mais bien moins qu'avant], son départ clarifie la ligne et met fin au flou de synthèse que l'on reproche tant à François Hollande.

Alors oui, Christiane Taubira est devenue une icône à la faveur de son passage Place Vendome. Sa faconde et son esprit [quand il ne s'agit pas de souligner son implication viscérale et son aisance à s'exprimer sans notes dans un français quasi parfait] ont fait mouche et excité les opposants au texte désormais accepté par tous, jsuqu'à Nicolas Sarkozy [c'est dire]. Ses positions marquées à gauche comme un héritage d'un parcours contribuent également à sanctifier l'ancienne ministre qui a, à la faveur de son passage au Ministère de la Justice, pu ajouter à la loi reconnaissant l'esclavage et la traite négrière comme crimes contre l'humanité des textes de politique pénale assez fondamentaux comme la contrainte pénale. Là encore, le laxisme dont la droite et l'extrême droite l'accuse n'a jamais été démontré et Christiane Taubira s'est forgée une carapace idéalisée par les frondeurs et gauchistes qui ne voyaient plus en elle que le dernier rempart avant la sociale-démocratie à la sauce Hollande/Valls.

Alors oui, François Hollande a eu du mal à se résoudre à se séparer de Christiane Taubira, avalant des couleuvres grosses comme des Loch-Ness, tempérant les ires de son Premier Ministre furieux d'être défié. Surtout, François Hollande croit aux symboles et Christiane Taubira s'est construite comme telle depuis 2012. L'anti-racisme, la véhémence contre les intolérances, un certain côté cassant qui excite les intolérants lui reprochant sa prétendue intolérance [cela ne manquant pas de sel]. Surtout, Christiane Taubira a porté la réforme sociétale du quinquennat ... le fameux mariage pour tous dont elle aurait voulu prolonger les effets jusqu'à la PMA mais la fracture provoquée par le mariage a dissuadé l'exécutif de mettre le feu aux poudres.

Oui mais voilà ... toute Taubira qu'elle est, Christiane ne pouvait continuer à défier l'autorité et la cohérence de l'action gouvernementale en marquant aussi lourdement sa différence voire son insoumission à la ligne définie par le Président de la République, elle qui n'était qu'une ministre. On dira avec facilité que c'est là un comportement de gauche, j'y vois une posture d'assemblée générale syndicale plutôt que du réalisme. Parce qu'enfin, même ministre insoumise, il n'en demeure pas moins vrai que le jeu des institutions préside au fait qu'un minimum de discipline existe. La petite voix dissonante aide au débat certes, mais elle ne rend pas service quand déjà on raille abusivement le manque de cap et d'autorité du chef de l'Etat.

Sur la déchéance de nationalité, on atteint des sommets et il devenait illisible tant pour François Hollande que Christiane Taubira elle-même qu'elle se maintint dans un ministère où son pouvoir était, finalement, assez symbolique dans la mesure où elle avait fait le choix de se marginaliser à raison de ses convictions. "Quand on participe à un gouvernement, on est une personnalité politique, avec une vision de la société, des convictions et un sens des valeurs. Dans ces conditions, je ne vois pas ce qui empêche un ministre d'exprimer ses convictions" expliquait récemment la ministre ... oui mais voilà, ceci est utopique. Jean-Pierre Chevènnement l'a exprimé depuis plus de 30 ans : un ministre, ça ferme sa gueule ou ça dégage ... et c'est précisément ce qu'a fait Christiane Taubira hier. 

Certes, le départ de Christiane Taubira fout en l'air la parité du gouvernement, met en évidence le fait que les ministères régaliens sont tenus par des hommes très fidèles [à la seule exception de Fabius] au Président de la République et/ou au Premier Ministre. Certes, le départ de Christiane Taubira est une tête offerte aux fachos qui la réclamaient à tous bouts de champ pour à peu près tout et surtout n'importe quoi. Certes, le départ de Christiane Taubira sonne comme une oraison funèbre qui tire vers la panthéonisation pour les fanatiques d'une gauche qui n'est plus qu'illusoire [il fallait lire hier les déclarations qui sonnaient comme des condoléances]. Mais la clarification que cette démission provoque est plutôt une bonne chose pour François Hollande et certainement pas une hypothèque pour la Présidentielle tant cette élection se jouera encore plus au centre qu'avant [où déjà c'était pas mal]. François Hollande fait ce pari : il sera le recours de la Gauche quoi qu'il arrive, quels que soient les anacondas qu'il aura fait avaler aux gauchistes pendant 5 ans. La stratégie du "moi ou le chaos" est un pari risqué mais pour celui qui prend des risques mesurés, Christiane Taubira finira bien par revenir à ses côtés ... même symboliquement comme elle a su le faire depuis 2012. Contrairement à ce qui l'oppose à Cécile Duflot, il n'y aurait pas de rupture personnelle entre Taubira et Hollande, il y a un différend politique "majeur" et cela se résoud toujours au bon moment.

Tto, qui remercie Christiane Taubira pour ce qu'elle a fait

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Commentaires
K
Mouais = je n'ai pas d'avis franc et tranché. Juste que justement je n'aime pas le dogmatisme (et Taubira en a un peu quand même), ni l'angélisme, ni surtout les jacobins :-)<br /> <br /> Mouais = je me sens de plus en plus perdu dans ce monde où la moindre star de télé-réalité a un avis tranché sur tout, où si on n'est pas d'accord avec le sens du vent on est vite traité de fachiste (cf Finlkekraut), où les hommes (et les femmes) politiques doivent répondre oui ou non à des sujets qui mériteraient qu'on leur donne parfois une heure pour s'expliquer.<br /> <br /> Mouais = je deviens un vieux con "sans doute à raison"... (comme me disait avec humour et bienveillance un des morts de Charlie Hebdo quelques semaines avant que des connards...)
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E
Désolé Kigou mais chez le jacobin l'humanisme atteint vite ses limites au sens qu'on ne peut faire le bonheur d'un peuple contre son gré.
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N
Après mûres réflexions... quelques introspections... je suis en accord avec Estef et Kigou!<br /> <br /> Tout potentat a en effet besoin d'une aile droite et d'une aile gauche pour conquérir le pouvoir!<br /> <br /> Je me lance donc et accepte volontiers votre étai pour emporter la domination suprême.<br /> <br /> <br /> <br /> Je vous le promets! On va :<br /> <br /> s'en mettre plein les fouilles<br /> <br /> et se vider les couilles!<br /> <br /> (c'est pas vulgaire... c'est juste pour la rime)<br /> <br /> <br /> <br /> Oui... rien d'autre faire ce soir que de troller Tto!<br /> <br /> ( Promis : pas de news avant dimanche soir!)<br /> <br /> <br /> <br /> Despote un jour... Despote toujours
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K
Mouais... <br /> <br /> Signé le réac (mais humaniste) de service
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E
Je suis très fier d'avoir voté pour elle au premier tour de la présidentielle de 2002. Elle m'avait fait rêver d'une autre politique, d'une politique autrement.<br /> <br /> Soutien à Nicolas : Jospin n'a perdu que pour une seule raison fondamentale, le clivage avec Chevènement sur la Corse et le jacobinisme. C'est bien Chevènement le réac qui n'avait pas à se présenter, Christiane Taubira avait toute sa place.
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