Ainsi donc, le nouveau Johnny crache et dégueule sur ses contemporains ... C'est nouveau, c'est ta nouvelle stature de chanteur engagé contre tout le monde parce que toi, tu es un rockeur et un vrai, qui les a là où il faut ? Et bien ...

Ce n'est pas un scoop, j'ai toujours été froid au sujet de ton mythe fabriqué qui sent bon le polystyrène [pour être gentil], tu sais cette matière qui voudrait donner l'illusion d'une contenance ou d'une profondeur et qui s'effrite à la première occasion, friable et consomptible à loisir. Johnny Hallyday, c'est finalement ça ... une espèce de produit qu'il faut bien "repackager" pour enivrer encore et toujours les foules ahurissantes d'un fanatisme que je trouve plus inquiétant que flatteur.

On me bassine régulièrement avec ta rock-attitude qui n'a rien de rock mais procède plus du bon bourgeois nanti dormant sur un patrimoine inespéré. On évoque ton fameux sens de la scène quand, objectivement, les artifices sont stratégiquement indispensables pour jouer l'oeil du public et masquer le fait que tes concerts ne sont plus mélodiques mais du cirque. On glause sur les virages de tel ou tel album alors que le talent en question est toujours à mettre au crédit de ceux qui écrivent pour toi et viennent baiser la chevalière du papy du rock français comme des cardinaux ambitieux se rendaient à Rome pour constater la santé déclinante du Pape. On se désole de toutes ces mésaventures qui t'accablent alors que ton absence dans les magazines people t'épouvante au point, et je te soupçonne de cela, de jouer avec les Voici, Paris-Match et autres Gala [comme le font tant d'autres] à coups de scoops, "Johnny a frôlé la mort", d'expatriations fiscales ratées, de procès avec ta maison de disques qui t'a fait roi, ton ancien manager, tes ex ... oui, l'avantage avec toi Jean-Philippe c'est qu'on a le choix.

Et comme cela ne suffisait pas, tu as choisi d'en rajouter avec ce bouquin presque testimonial ... presque parce que cette fois comme les autres, tout n'est que polystyrène. Amanda Sthers que tu as convoqué pour donner une caution vaguement intello [pour l'ex de Patrick Bruel, ça va, on n'ira pas trop loin au niveau intello ... on ne bougera pas du Boulevard Saint Germain], consigne donc ce livre qui servira bien à caler quelques meubles à défaut de servir à autre chose. Je te rassure : tu pourras [toi et tes fans hystériques] me faire à volonté le procès de ne pas l'avoir lu, je ne le lirai pas tout comme je n'irai jamais voir un de tes concerts. Pour mon hygiène mentale, je trouve cela salutaire. Toutefois et comme tu te répands en interviews partout depuis la semaine dernière, je vais m'autoriser à commenter ce que l'on dit de ce que tu livres ... toi, le dernier des derniers. Parce qu'Amanda te l'a bien dit, pour vendre, faut faire parler et pour faire parler, faut faire du buzz. La consigne étant libellée en si peu de mots aux syllabes compliquées, tu as manifestement tout compris [ouf ...].

En guise de buzz, tu dézingues. Toi l'Himalaya du rock à Billy à la française, tu sors ton gros revolver de cow-boy et tu épingles Sardou qui est un vieux con [remarque, y a qu'un chat qui reconnaît un chat serais-je tenté de te répondre sans vouloir prendre la défense de Sardou qui chante quand même mieux que toi, puisque chez lui, au moins, c'est juste], tu t'en prends à ce pauvre Claude François que tu caricatures comme la voiture balai de tes conquêtes forcément innombrables [ça fait mec, t'as raison, ils vont aimer ça tes tatoués aux aigles sur l'épaule du premier rang], tu règles tes comptes avec ton ex Adeline dont on se doute bien qu'elle n'est pas une sainte mais je veux croire que tu étais bien consentant [ou alors, demande vite ta mise sous tutelle, des fois que ça ne recommence]. Même ton fils en prend au passage parce que ce petit con, il ne faudrait pas qu'il vienne déboulonner la statue de Papa trop tôt non mais dis donc ... J'te jure : y a plus de respect de rien ...

Forcément, pour que tu ne paraisses pas aigri, on a le droit au coup de Ripolin sur l'enfance malheureuse. Tu as refait le coup du "j'suis né dans la rue" alors que tout le monde sait désormais que tu es né dans une clinique privée du IXè arrondissement ? J'espère que tu t'es abstenu ... Bien sur, tu nous parles de ta famille disloquée, de ton père qui n'a pas eu d'amour pour toi et t'aurait même vendu pour 5.000 Francs. Bah oui, c'est triste et inadmissible que ce soit pour toi ou pour d'autres, j'en conviens bien volontiers. Sauf que les autres ne font pas chier comme toi à chanter n'importe comment tout ça parce qu'on a trouvé que tu avais une voix de tête dont tu abuses en permanence depuis des années, ne font pas chier avec leurs repentances dans le "Monde" à coups de "J'ai été alcolo, j'ai été drogué", les autres ne font pas chier avec leurs leçons sur l'effort et la compétitivité [puisque, eux, ne vivent pas grassement de droits d'auteur], les autres ne font pas chier avec leurs problèmes d'argent chroniques au point qu'il faille qu'ils demandent des avances de 8 millions pour des tournées dont on se demande dans quel état tu sortiras si tu les termines [pas comme la précédente]. Bref, les autres sont peut-être plus simples ...

Ta façon de chanter, je n'aime pas et je n'ai jamais aimé. Mais le pire chez toi, c'est l'absence de simplicité et le fait que pour beaucoup [trop] de gens, tu sois un modèle, une référence ... une idole. Ça, c'est vraiment dur. C'est dur de voir Nikos et les autres starlettes de télé se comporter comme des laquais dès que tu apparais, à chaque fois plus décati qu'avant. C'est insupportable de voir des mecs ventripotents de soixante balais s'identifier à toi au point de parler comme des débiles avec ton phrasé comme si cela leur donnait une contenance, une surface ... une incarnation. La médiocrité est le pire des fléaux et je redoute de constater que tu en es le parangon. Moi, j'aimerais que popularité ne rime pas avec médiocrité : tu contraries mon dessein peut-être un peu ambitieux.

Prends donc des vacances Johnny Smet, fous nous la paix avec tes états d'âme, tes considérations et tout le reste. Quand tu vas trépasser, je vais souffrir le martyr parce que  j'envisage déjà les quinze jours d'hommages nationaux et lacrymaux que l'on va m'infliger. J'en ai mal au crâne rien que d'y penser ...
Mal au crâne comme de voir quelles photos tu postes sur twitter ... Oui oui, forcément ton compte a du être piraté [c'est bien ce que va nous dire ton attachée de presse] mais bon tweeter "Belle vue de Californie" à 6h14 ce matin avec cette photo, c'est classe et distingué. T'es un rockeur, un vrai et tu sais quoi, je me félicite de ne pas en être un ...

Tto, accablé