Tu montes plus chéri ?
La grosse guimauve par ailleurs ministre des solidarités a trouvé une nouvelle croisade parce que c'est vrai que la priorité nationale du moment, c'est bien de mettre un terme définitif au métier le plus vieux de l'humanité [ou du moins, réputé tel]. Ainsi ... les jours des putes sont comptés !
Curieux ... je me souviens quand Naboléon était ministre de l'Intérieur qu'on nous avait déjà fait le coup avec cette création légale hasardeuse [à l'applicabilité très incertaine]qu'était le racolage passif [à ne pas confondre au racolage d'un passif ... toujours aussi délicieux]. La loi n°2003-239 [déjà relative à la sécurité intérieure]prévoyait de réprimer toute attitude permettant d'envisager un racolage qui serait envisagé même au moyen d'une attitude passive ... Juridiquement, je ne te cache pas que c'était presque la quadrature du cercle tant l'élément matériel de l'infraction va finir par devenir tellement suggéré qu'on s'approche d'un arbitraire et d'un délit de sale gueule assuré. Quoi qu'il en soit, c'est par ce moyen que Nicolas Sarkozy avait promis de débarrasser les bois de Boulogne et de Vincennes de la horde de prostitué(e)s qui déferlaient et qui épouvantaient la jeunesse pure et innocente de notre beau pays.
Hélas ... il faut croire que le génie du ministre devenu Président a encore une fois failli puisque Roselyne, la pharmacienne angevine [non pas de jeu de mots ...], n'a rien trouvé de mieux que de remettre le couvert et de repartir en croisade [après avoir fait beaucoup pour la comptabilité des vaccins et des laboratoires pharmaceutiques]. Et le nouvel angle d'attaque, c'est quoi ? Le client !
Alors que la loi précédente mobilise plus les forces de police sur l'application quasi impossible d'un texte alors que celles-ci pourraient bosser sur le démantèlement des réseaux mafieux mettant des filles [et des mecs] sur les trottoirs pour tapiner. Le zèle policier pousse donc à s'en prendre aux pauvres qui vendent leur corps à pas cher pour quelques pipes et autres "amour à 50", lesquel(le)s se font donc de plus en plus discret(e)s pour se faire moins contrôler et donc, en s'éloignant des boulevards, ces femmes et ces hommes deviennent plus vulnérables parce qu'attaquables ... Les gorges se tranchent si facilement pour une centaine d'euros, surtout s'il s'agit d'une pauvre femme rincée par les cinq passes qu'elle vient de s'envoyer ou le pauvre trav' brésilien qui ne sait dire que "20 ourosse la pipé" ...
Or donc maintenant ... le gros méchant loup c'est celui qui sort sa queue et qui entretiendrait de tels commerces si honteux et lamentables qu'il faille les éradiquer sine die.
Roselyne est donc hypocrite dans sa proposition que je veux considérer comme étant racoleuse activement là pour le coup ... Le postulat selon lequel "pas de clients = pas de prostitué(e)s" est de surcroît spécieux et procède du pur raccourci, un peu comme si on disait pas d'obèses donc pas de sucre.
Cela étant, c'est donc sur l'autel de l'hypocrisie la plus dégueulasse que l'on se paye les putes en considérant que puisqu'on n'est pas parvenu à les faire disparaître suffisamment loin des bords de la route quand on passe en sortant de la si tranquille Neuilly sur Seine, et bien on va les empêcher de bosser en dissuadant les mecs qui s'arrêtent sur la file de droite, ceux qui veulent se faire fesser pour un billet jaune, ceux qui veulent jouer avec l'interdit de se taper un mec sur lequel ils pourront se défouler en se disant qu'ils se sont fait un gars pour quelques dizaines d'euros ... Faire peur au client, tarir la source ... Ouais ... rappelons quand même que, pour critiquable et dommageable que soit cette activité, certains/certaines l'exercent par choix et d'autres sous la violence qui leur ouvre si peu d'autres perspectives. Si certaines filles pouvaient se contenter d'aller servir des Big Macs chez McDo plutôt que se faire casser la gueule ou violer par leur big mac, je n'ai pas trop de peine à croire que le choix se serait imposé de lui-même.
Bah oui Madame Bachelot-Narquin ... peut-être que la vision simpliste du monde que vous avez en regardant ce qui se passe au travers de la vitrine de votre pharmacie à Angers se heurte à certaines réalités. Mais voila ...
J'ai, jadis, échangé avec quelqu'un qui s'est prostitué [ou se prostitue encore] et à la faveur de ces échanges, je sais bien qu'il n'y a pas de solution parfaite, que la réouverture des maisons closes n'est pas la panacée, que la prohibition est certainement pire que tout, que l'hypocrisie des salons de massages avec finition est affligeante, que le business de la prostitution électronique [voire téléphonique] est trop juteux pour que l'on s'y attaque. L'Etat, quelle que soit l'époque, n'a jamais su gérer le problème et, en définitive, la meilleure attitude est peut-être celle qui consiste à ne pas encourager mais permettre puisque ... la prostitution ne consiste pas seulement en quelques pipes ou des amours tarifées à l'arrière d'une voiture lorsque le cadre marié vient se libérer de quelques fantasmes avec un trav' qui ouvrira ses jambes. Non, la prostitution a aussi une dimension sociale.
Et cela ... on l'a encore oublié.
Tto, un peu navré