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une vie de tto
9 novembre 2023

Le programme essorage

Programme essorageIl y a des gens qui s'ennuient. C'est terrible, c'est presque minant mais, je te l'avoue humblement [comme quoi, je sais l'être], voilà bien un sentiment que je ne ressens quasiment jamais.

Le désœuvrement est quelque chose qui m'est assez lointain. Et pourquoi ?

Parce que j'ai le tort de vivre à 150 km/h, de m'en plaindre, de continuer à le faire alors que tout le monde m'alerte, d'aimer ça finalement même si je gémis à force d'être crevé, et de trouver cela non pas addictif mais plaisant lorsque l'on arrive à l'achèvement de certaines choses. C'est le propre du programme essorage dont je répugne les effets étourdissants mais dont je jouis parfois des effets euphorisants qui consistent à être content de ce qui est accompli dans des conditions plus ou moins exténuantes.

Depuis longtemps [et depuis le temps, tu sais bien que je n'affabule pas], j'ai choisi une vie où l'on roule au delà de la limite raisonnable, comme s'il fallait ne jamais rien avoir à regretter sinon de ne compter que 24 heures dans une journée [et je ne te parle pas du scandale consistant à ne décompter que 60 secondes dans une minute] : mon boulot est un truc de dingue, la charge mentale que je m'envoie est au delà de Guantanamo, les chantiers sont autant variés que chronophages [tu imagines que j'ai réussi à écrire ici tous les jours depuis 2006 !!!] et je suis l'exemple typique du garçon qu'il faut prévenir au moins deux semaines avant si tu veux me voir [il s'en trouve encore qui croient que me proposer de me voir le lendemain est possible ... c'est vraiment ne rien comprendre].

Regarde ... la semaine prochaine : j'ai compté neuf créneaux au cours desquels j'ai au moins deux réunions en même temps, trois invitations à déjeuner que je ne peux satisfaire parce que les créneaux sont déjà pris, quatre dîners, un conseil d'administration, un spectacle avec plein de drags ... et ça, c'est sans compter les messages que je vais envoyer à tire-larigot à des heures indues. Quand tu penses que c'est en catastrophe que je suis allé voir, hier, l'exposition "Over the rainbow" avant qu'elle ne baisse le rideau à quelques jours près, cela donne une idée vertigineuse de ce à quoi ressemble mon agenda.

Et pourquoi est-ce que je m'inflige cela ? Parce que j'ai l'impression de vivre plusieurs vies en même temps, de faire plein de choses et de ne probablement pas avoir le temps d'affronter aussi certains démons qui me feraient la peau s'ils me voyaient me reposer ou ralentir. Les vilains parleront de fuite [ce qui, pour une machine à laver en programme essorage, serait inquiétant], moi je priorise. J'ai tellement de choses à te raconter que tu verras bientôt que ce que je raconte n'est qu'une petite partie de l'ensemble. D'ailleurs, c'est mon côté secret de ne pas tout dévoiler : ai-je déjà expliqué le temps que je consacrais pour des activités désintéressées voire de solidarité ? Bah non parce qu'à l'instar du fait que j'ai été visiteur de prison, je ne parle pas de certaines choses ... c'est comme ça.

Bref, la machine à laver tourne beaucoup en ce moment ... et pourtant, ce soir au moment où j'écris ces lignes rapidement entre deux urgences nucléaires, là j'éprouve un sentiment de satisfaction parce que j'arrive au terme de deux gros trucs professionnels, un truc plus perso prend forme et d'autres trajectoires s'éclaircissent. Il faut se contenter de ce que l'on a ... même si à minuit passé, nous discutions encore avec Zolimari sur tel ou tel mot à employer pour qu'il vire une connasse de son équipe [cela fait plus d'un an que j'ai dit qu'il fallait le faire] ...

C'est aussi l'avantage du programme essorage ... avec le temps et le peu de temps, je prends moins de gants et ma patience n'est consacrée qu'à celles et ceux qui méritent qu'elle leur soit consacrée. Du coup, je ne réponds plus à ceux à qui je n'ai plus rien à dire, j'éconduis sèchement ceux qui me branchent gratuitement pour leur seul plaisir égoïste, je ramène à la réalité les spécialistes de la complainte stérile. Oui, mon empathie demeure mais n'est plus universelle et c'est très bien ainsi. Du coup, ça fait bizarre à ceux qui s'étaient habitués, ça leur fait du bien. C'est l'une des vertus du trop plein, tu fais mécaniquement des choix.

Et tu sais quand je sais que cela tourne trop vite ? Ce n'est pas quand j'ai mal à la tête ou quand je suis si fatigué que je n'arrive pas à me lever [je dors environ cinq à six heures par nuit] ... c'est quand je me bourre la tête de musique bien fort. Depuis le début de la semaine, je ne fais que ça ...

Je me rappelle d'un mec qui, en phase de séduction, m'avait dit "Oh tu n'es donc pas Superman" quand il avait constaté que j'avais un sévère coup de déprime. Bien sûr que non, je ne suis pas Superman [c'est d'autant plus certain que je ne mets pas de slips rouges ... et pas de slips tout simplement]. Pour autant, le degré d'exigence que je m'impose à remplir ma vie est assez frénétique, j'en conviens. Lundi soir prochain, Zolimari m'a dit qu'il mettait les pouces et qu'il m'abandonnera pour le dîner prévu parce qu'il est à bout de forces. Et c'est moi le boomer ? Qu'importe ... je profite de la vie avec ivresse et sans beaucoup de modération ... sauf certaines qui ne sont pas toujours comprises parce que j'ai des principes étonnants parait-il.

Allez, je te laisse ... j'ai plein de choses à faire ce soir et tu n'as pas idée du mur que j'ai à gravir. Mais j'ai promis à Zolimari ... tu devrais le plaindre peut-être [encore qu'il a dit "Oui" en connaissance de cause ... il a eu dix ans pour se décider].

Tto, en mode Zébulon [oui oui, tournicoti tournicoton]

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