[Appuie sur le bouton et ainsi se lance "Confidences pour confidences" de Jean Schultheis]

Ah la la ... voilà bien une chose dont je n'ai jamais parlé. Il y a un meuble que j'aime par dessus tout, par dessus tous les autres. C'est d'ailleurs bien ce qui devrait te rassurer : je ne t'ai pas encore tout dit, on en est même loin. Et là, hier soir en musardant ici et là, ne voilà-t-il point que je me suis dit "Mais dis donc, tu n'en as jamais parlé de ça ?" ... j'ai une passion pour un meuble.

Déjà, j'aime beaucoup les fauteuils, dont les trônes sont une déclinaison disons-le. Mon petit côté royal s'en trouve flatté mais, au delà de la boutade on touche au fond des choses : j'adore les fauteuils. 

Mettons-nous d'accord sur la définition : un fauteuil est un siège à dossier, comportant des accotoirs [autrement appelés communément et par abus de langage accoudoirs]. Si tu savais ce que je n'aime pas que l'on parle d'accoudoirs ... bref. Oui, j'aime le fauteuil déjà parce qu'il permet d'être assis confortablement, qu'il autorise un certain maintien, qu'il est propice à la discussion et à la réflexion et qu'il impose une distance tout en autorisant à se recroqueviller pour assurer une certaine sérénité. Bref, je m'y sens bien pour autant qu'il soit bien fait ... mais ne va pas penser que je suis un garçon facile. Si certains fauteuils sont propices à des excentricités lubriques auxquelles je trouve particulièrement à-propos de céder, tous les fauteuils n'ont pas les mêmes attraits à mes yeux. Les chauffeuses, les inclinables, le Windsor ou d'autres dérivés ne sont pas ce que je préfère mais dès que l'on verse dans des fauteuils dits club, Chesterfield ou cabriolet je suis un peu plus réceptif.

Et comme d'habitude, j'ai des goûts assez tranchés de sorte que j'ai une profonde affection pour un type de fauteuil : le confident. Ah ça oui, j'adore le fauteuil confident [en vignette]. C'est un fauteuil double, de type Second Empire, aussi appelé "conversation", "vis-à-vis" ou "tête-à-tête" en forme de S permettant à deux personnes de discuter sans avoir à tourner la tête. Pour les adeptes de plans à trois, il peut aussi être triple, voire multiple, comportant alors plusieurs S associés ou alignés et l'on parle alors d'un "indiscret". Oui, j'aime les confidents : l'harmonie de ligne, le fait d'être installé de façon opposée sans pour autant empêcher la conversation et la confidence à la faveur du fait que l'on est très proche, cela me plait beaucoup ... [doux euphémisme].

Est-ce que je préfère un confident à un bon fauteuil club ? Rien n'est définitif mais j'avoue que le choix est difficile tant l'usage diffère et que l'on en vient à comparer des choses qui ne peuvent l'être. Le club [dont je t'interdis de continuer à dire qu'il est un fauteuil anglais puisque c'est une invention française du début du XXème siècle d'abord appelée "fauteuil confortable" en opposition au fauteuil de style], je l'aime rond et avec des accotoirs comme des obus, boursoufflé autant qu'il appelle à s'y asseoir. Mais attention, le club [dont je te rappelle qu'il s'appelle ainsi en référence aux clubs coloniaux de l'époque] c'est le fauteuil statutaire. Le confident, c'est le fauteuil de l'intrigue et du secret. Tout ce qui me plait ...

Je serai bientôt l'heureux propriétaire d'un club mais je cherche comme un fou un confident donc j'espère des lignes scandinaves davantage que Second Empire. Le Mobilier National en a d'ailleurs un beau [encore une fois, c'est celui en vignette] qui s'affranchit des styles XIXème avec moulures dont je ne suis pas un grand fan. Je continue donc ma recherche, en écumant tous les fabricants suédois, norvégiens, finlandais, danois ou que sais-je encore. Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un meuble classé baroque qu'il faut aussi tout accepter non mais dis donc ...

Tto, qui t'étonnera toujours [et ce n'est pas là la moindre des confidences]