Cela va être grandiose ... les funérailles d'Etat de la Reine Elizabeth II seront un moment à nulle autre pareil notamment parce qu'il est rare. La dernière célébration de cette nature eut lieu lors de la disparition de Winston Churchill ... c'est te dire.

A l'occasion de ce climax, le Palais de Buckingham a dévoilé un cliché de la souveraine pris en mai de cette année. Il devrait être abondamment utilisé même s'il arrive un peu tard pour tous les habillages télévisuels et autres.

Depuis dix jours donc, c'est un tsunami d'archives, de consultants plus ou moins éclairés, de reportages aux angles totalement improbables parfois ... bref, c'est le miel de l'Histoire qui fait que les abeilles paresseuses des chaînes info se gavent. Si certaines vocifèrent parce que les autres problèmes demeurent voire sont particulièrement difficiles en comparaison d'obsèques, il n'en demeure pas moins vrai qu'il me semble toujours utile et essentiel de souligner, lorsque cela arrive, des événements historiques ... à l'heure où tout se vaut et où l'on monte au pinacle des connasses botoxées ou des crétins qui pensent qu'ils ont des joyaux entre les jambes tout cela parce qu'ils ont des followers décérébrés qui les admirent. A l'ère du vide intersidéral érigé en valeur cardinale, il n'est pas vain de remettre en perspective le fait qu'une souveraine ayant régné plus de 70 ans s'en va et que la page dont je parlais ici se tourne avec le fracas de l'Histoire.

Alors oui, la royauté c'est désuet [mais Fogiel sa BFM TV en font tellement des tonnes qu'ils carrément délocalisé leurs plateaux], la royauté ça coûte cher [alors qu'en fait non, 0,50 cents par année et par habitant], la royauté c'est une domination patriarcale dont l'ombre est ensanglantée [on rappellera à la Nupes que Staline et les communistes n'ont pas été des oies blanches] ... bref, on entend tout et surtout n'importe quoi pourvu que quelques marquis trouvent un peu de lumière pour exister à la faveur de telles circonstances.

Regardant la télévision britannique quasiment en boucle depuis dix jours [au grand désespoir de Zolimari], je suis saisi du décalage en matière de traitement. On fait des reportages sur les corgies au 20h en France quand la BBC ou Sky News expliquent et diffusent les images de la queue de 14h pour aller se recueillir quelques secondes devant le catafalque de la Reine. "Quotidien" et Barthès se gaussent pompeusement [alors qu'ils s'obstinent à ne pas poser de questions gênantes aux invités en contrat avec le groupe TF1, qui les paye] alors que tout transpire de dignité au royaume de Charles III. France Télévisions verse dans la facilité navrante quand sa consœur n'affiche que de la rigueur. Franchement, ça fait du bien de prendre sa ventoline outre-Manche ...

Aujourd'hui donc, ce sera le grand show comme seuls les Windsor savent encore le produire. C'est papier glacé, mais c'est encore et toujours un trait d'union pour une nation qui se fragmente à l'image de ses voisines. Si la France n'est plus capable de se sentir unies qu'en gagnant un match de football ou si des attentat tuent des dizaines de personnes, la perfide Albion cultive encore ce côté typique en s'accrochant à sa monarchie comme le gage d'un passé glorieux. Certes, les hagiographies sont nombreuses, les inexactitudes pullulent et c'est too much mais peut-être est-ce à la mesure de la désorientation profonde d'un peuple qui ne sait plus où il va et qui avait investi Elizabeth II du rôle de phare dans cette nuit tenace. La France se glorifie d'avoir coupé la tête de son roi en 1793 [et d'avoir liquidé une partie de son patrimoine culturel par la même occasion] comme si faire couler le sang de la sorte était un progrès. J'ai toujours considéré que c'était surtout recognitif d'une faiblesse abyssale de la part d'un régime politique qui n'a eu de cesse que de dévorer ses enfants.

Grandiose cela sera donc aujourd'hui ... historique évidemment.

Tto, captivé