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une vie de tto
16 janvier 2015

En voeux tu, en voilà !

La SIT'COMpagnie chérieLe début de l'année est toujours redoutable pour l'ours que je suis, celui qui prend un malin plaisir à jouer les mal-léchés, à tourner en dérision les urbanités grotesques et ridicules du monde de l'entreprise. Et que dire alors du mois de janvier qui est pire qu'un chemin de croix pour moi puisqu'il faut faire semblant de s'interesser aux festivités qui viennent de s'achever, souhaiter évidemment le meilleur à des gens que tu méprises et, en plus, aller manger la galette ! Le cauchemar ...

A la Compagnie chérie, il faut ajouter une autre dimension ... on essaye de faire accroire que tout le monde s'aime bien et qu'on est une belle et grande famille. En cela, je vois une honnêteté tant tout le monde se tire dessus en mode sniper, oui ... c'est une vraie famille ! Et comme cela ne suffit pas, il y a tous les ans, la grande cérémonie des voeux de l'année.

Si tu as déjà vécu un truc chiant à mourir comme un concert de Guy Béart ou une conférence de Bernard-Henri Levy sur l'éloge de l'ennui, tu peux probablement comprendre pourquoi je réprouve à m'y rendre tous les ans étant précisé que cela dure une demi-journée pendant laquelle la Compagnie chérie ne répond plus à rien puisqu'elle est totalement fermée. C'est la crise quoi ...

Cette année, j'avais la ferme intention de ne pas aller traîner mes fesses dans ce barnum ridicule, pour entendre toujours les mêmes discours, assister toujours aux mêmes pantalonnades et m'ennuyer comme un rat mort dans les mêmes cocktails desquels je m'extraie finalement assez rapidement tant je n'y trouve aucun intérêt. Sauf que ... cette année, le mot d'ordre avait du être donné qu'il fallait que du monde soit présent puisque j'ai eu droit à un harcèlement de tous les diables pour me demander "on y va ensemble ?", "on se retrouve où" et autres "tu passes me prendre ?" ... [si encore la dernière invitation m'avait ét lancée par Zolimari ...]. C'est finalement lorsque mon big boss est venu dans mon bureau pour me demander par où j'allais passer que j'ai compris qu'il me serait impossible de m'exfiltrer, hélas.

Je me suis donc résolu à aller traîner mes guêtres dans ce truc, conscient que j'allais m'ennuyer profondément : je n'ai pas été déçu.

Après une présentation des chiffres de l'année, un auto-satisfecit sur une année forcément remarquable [toujours pareil j'te dis ...], il a été décidé d'apprendre aux cons qui étaient dans la salle et dont j'étais comment il fallait voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Non non, tu ne rêves pas, le discours a finalement été de dire "Mais bande de nazes, si on était tous contre la guerre et qu'on n'aimait pas les maladies, bah le monde serait une grosse guimauve toute sucrée et on serait vachement plus heureux non ?". Ok ok, je synthétise en caricaturant un peu mais je n'ai pas vraiment entendu autre chose que des lieux communs de cet acabit enfilés comme des perles avec une constance et un aplomb qui confinent à l'arrogance. Donc oui, ça ... ça m'a bien chauffé parce que je déteste ces grandes messes américaines où des prêcheurs se croient autorisés à venir t'expliquer comment il faut que tu voies la vie pour que tout aille mieux. Ce marketing de la pensée et du bien-être me donne des boutons !

Mais c'était sans compter le discours de mobilisation générale du big big boss ... Il a toujours été mauvais dans ce genre de choses mais là, ... ça a été himalayesque et finalement presque prodigieux d'arriver à dire autant de bêtises, d'être autant à côté de la plaque et de plomber à ce point l'ambiance. Là, j'avoue : chapeau bas et félicitations aux consultants qui ont vraiment bien fait leur travail.
Bon, le discours en lui-même était insipide, martelé avec un style approximatif et brouillon, faussement technologique parce que faire un discours avec un iPad requiert quand même de savoir l'utiliser, difficile sur la forme tant poser sa voix est un véritable passage obligé pour ce genre de choses et d'un absence d'inventivité confondante. Bref, un gros rattage ... c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'il s'énerve tout seul ...

"Nan mais, je suis atterré quand j'envisage que vous qui travaillez pour la Compagnie chérie, vous n'êtes même pas clients de ses produits ! Vous vous rendez compte ? Ça veut dire quoi ? Que vous n'y croyez pas ? Mais dites-vous bien que c'est une trahison au patriotisme d'entreprise et qu'au final en allant consommer à la concurrence, vous détruisez des emplois, vos emplois !" Pour être atterré, je dois avouer qu'il n'a pas été le seul et que moi, ça m'a fait bondir de mon jeu sur mon téléphone pour le coup. Voilà donc un patron qui n'a pour seul argument de mobilisation que de faire du chantage au patriotisme d'entreprise et à l'emploi ? C'est dire que la stratégie de la Compagnie chérie est bien embarquée ...

J'avais envie de lui répondre que la condition de salarié et celle de consommateur est encore séparée et que je me félicite que l'on ne mélange pas tout. Au surplus, je trouve plus sain de ne pas être le client captif de son employeur pour des raisons évidentes. Et enfin coco, si les produits de la Compagnie chérie étaient compétitifs et accompagnés d'une qualité tant ingéniériale que de service, cela se saurait et pourrait probablement orienter le choix de certains vers elle. Mais là, on en est tellement loin que je ne comprends pas comment on peut venir reprocher cela alors que c'est finalement la responsabilité de celui qui pilote la Compagnie chérie ! Bref, je suis ressorti un peu accablé ...

Le lendemain, quand on m'a demandé mon impression [tout en me faisant remarquer que je n'étais pas resté très longtemps au cocktail ... oui, j'aime être un star que l'on observe et dont on épie les moindres faits et gestes], j'ai dit tout de go que j'avais trouvé cette intervention navrante, ahurissante de bêtise et insupportable tant sur le fond que la forme. Dans une Compagnie chérie où la révérence au chef est une valeur cardinale, j'ai évidemment choqué parce que cette armée de lèche-culs n'ont pas trouvé le courage minimum de dire la même chose mais il parait que je suis "frais" pour ça aussi ...

Tto, qui a promis une année 2015 qui va swinguer

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Commentaires
C
Chez nous plus de cérémonie, soirée de voeux depuis des années. On reçoit un très long long mail du big big boss avec plein de conneries dedans aussi !<br /> <br /> Au moins avant on pouvait oublier le discours en profitant du buffet et des cocktails ;)
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M
Avec la remise en cause des 35h et un boycott quasi général du déjeuner des vœux ( il faut s'inscrire pour éviter un gaspillage de nourriture , on sait qui vient ou pas ) , le président a décidé d'annuler cette année.On a échappé aux discours et blablas.
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M
Tu comprends alors que moi aussi. Depuis x dizaines d'années, je n'ai jamais honoré de ma présence , les vœux du maire de mon école!!!
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M
Aaaah, les voeux ! un bonheur immense et partagé par tellement de gens... en tant qu'élu, j'y ai droit jusqu'à plus soif, avec des discours fleuves, sans intérêt (surtout lors des années électorales, puisqu'il ne faut surtout rien dire qui pourrait être assimilé à de la campagne électorale), des pinces fesses lourds et longs où il faut faire semblant de se faire plaisir et montrer à tout le monde combien notre engagement est fort et total... Y a eu une année où je me suis dit: oh mais je vais les faire tous: ceux des collectivités voisines, ceux des organismes partenaires, de l'Etat, etc. Et ben j'en ai eu tous les deux jours ! et j'ai pris 3 kg en un mois, à force de bouffer des petits fours moyens...<br /> <br /> Je hais les voeux !
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