Je ne suis pas susceptible mais j'avoue que la semaine dernière, j'aié té mouché et que je n'ai pas apprécié du tout !

Je te livre le contexte : la Compagnie chérie a besoin d'argent [comme tout le monde en ce moment] et c'est la raison pour laquelle, dans le cadre de mes nouvelles fonctions tellement géniales qu'elles sont merveilleuses, que je dois vite vite vite en trouver, notamment en essayant de vendre des choses, des boites, des immeubles, des gens ... bref, oui ... je joue le rôle du vautour ! M'en fous, j'suis payé pour ça ...

Or donc, on m'annonce il y a quelques semaines qu'un projet est envisagé, qu'il ne faut le dire à personne toussa et que ça devrait permettre d'assainir grandement les choses au point que cela devient extrêmement capital sinon stratégiquement primordial [non non, ne me rajoutez pas plus de pression, j'y suis imperméable]. C'est ainsi que j'ai négocié dans tous les sens avec des japonnais, des chinois, des qataris [ils sont drôles ceux qui nous rachètent], des allemands, des texans, des californiens, des suisses allemands, des australiens, des indiens ... je t'en passe et des meilleurs : je me suis pris à peu près tous les accents les pires dans la tête. N'empêche que mon dossier avance à marche forcée au point tel que j'entre dans une phase de négo plus avancée récemment ... et là ... on m'indique que le cabinet Trucmuche Corp va reprendre la négociation parce qu'à la Compagnie chérie, on se "back" avec des conseils extérieurs. Qu'à cela ne tienne, je sais faire ...

Sauf qu'au fur et à mesure, je me rends compte que mon cher conseil oublie d eme mettre dans la boucle, qu'il faut que je lui réclame les versions intermédiaires des contrats, que je n'ai toujours pas accès à la data-room, bref ... y a comme qui dirait une certaine dépossession du dossier. J'ai toujours considéré que nul n'était propriétaire de ses dossiers mais bon ...

Oui mais voila ... il y a 10 jours, on me dit que là ça y est, la mobilisation générale est prononcée : je me tape des réunions en conf'call dès 8h du mat' pendant 5 heures sur un dossier qui a tellement avancé que je ne le reconnais plus mais faut faire comme si. Bon ça va, c'est pas comme si je n'avais pas l'habitude mais là quand même, on est sur des sujets techniquement techniques !!! Et puis d'autres conf'call à 12h, à 17h voire même à 19h ... C'est simple, tous les jours, j'ai passé au minimum 6 à 7 heures au téléphone alors que j'avais aussi du boulot par ailleurs bien sur. C'est pas grave, j'aime ça ...

Sauf qu'en fin de semaine dernière, on annonce THE big réunion de décision, la fighting réunion venant à la suite des 4 dernières conf'calls des deux derniers jours [autant te dire que j'en bouffe de ce dossier ... au point qu'il m'a obligé à finir mon déjeuner de mardi dernier à 18h]. Début programmé à 8h du mat' pour finir vers 17h : tout va bien !
Oui tout va bien parce qu'on m'a gentiment fait comprendre qu'il n'y avait pas de place pour moi.

"Ah ouais ???!!!!!????" me suis-je dit dans un vaste élan de stupéfaction prononcée ... Bah oui, on a convié mon collègue qui est là depuis 7 ans, qui est identifié, qui a participé au dossier au départ et moi, non. J'ai même suppléé ledit collègue plusieurs fois mais qu'importe.
Le lendemain, mon big boss a débarqué dans mon bureau en me disant "Bah qu'est ce que vous faits là ?? Vous n'êtes pas au meeting ??". Devant ma réponse négative teintée d'un peu d'amertume qu'il a saisie, il est parti en soupirant ce qui m'a permis de comprendre qu'il trouvait ça aussi un peu désolant.

Ouais ... Ca m'a foutu un coup de me défoncer à ce point et de rester même pas sur le strapontin, encore en dessous.
Je sais que je mets beaucoup d'égo dans certaines choses et le comportement de certains. Zolimari a toujours dit que j'en mettais trop dans le travail. A la World Company, je pouvais le faire puisque quand ça n'allait pas, je pouvais débarquer chez le PDG ou dire deux mots au téléphone aux DG [c'est d'ailleurs ainsi que j'ai organisé ma sortie]. Sauf que là, à la Compagnie chérie, je n'ai, à l'évidence, pas les mêmes réseaux, pas les mêmes latitudes, pas les mêmes pouvoirs et surtout la Compagnie chérie est autrement plus mamouthesque que la World Company dont je trouvais déjà que c'était une vieille dame.
Oui, la semaine dernière, j'ai compris que je n'étais pas arrivé et les éléments m'ont remis à ma place. Ca ne fait jamais plaisir, ça a le mérite de mettre les choses au clair pour la suite : il va falloir me battre, la jouer perso, être une terreur qui ne laisse rien passer, faire mon numéro comme je sais faire, intoxiquer comme il faut ... bref, me faire de la place.
Ma première réaction a été de me dire qu'il est clair que je n'ai pas ma place dans cette entreprise : cette boite a mis du cash pour me faire venir et je me demande encore pourquoi. J'ai, depuis quelques semaines, un début de réponse et j'en suis heureux mais je crois que j'éi du mal à trouver cette place ou plutôt m'affranchir des libertés que j'avais auparavant nonobstant la culture anglo-saxonne très rigide en vigueur au sein de la World Company.

Place ou pas, une chose est certaine : mon prochain job sera assorti d'une étiquette et d'un titre qui mettra fin à une partie du débat. Oui, j'ai de l'égo, oui j'en mets partout et même que ça colle tellement j'en mets ... oui, ce n'est pas bien mais oui je suis comme ça. Et oui, je ne chengerais pas même si là, ça recadre les choses.

Tto, gavé et peut-être pas à sa bonne place