Je voulais faire un billet génial sur Stéphane Guillon et Eric Zemmour mais ... je m'interroge finalement sur le fait de parvenir à cuisiner un bon plat avec des ingrédients que l'on n'aime pas. Au surplus, j'en lis de plus en plus depuis quelques jours ce qui ne me permet pas de flatter ma fierté de parler [avant tout le monde] de quelque chose de structurant [ma dernière trouvaille ayant été la prostitution ... j'ai vu fleurir beaucoup de billets là dessus depuis la semaine dernière].

Alors, je ne vais pas me contraindre à en faire des kilomètres si tu veux bien ... Finalement, pour Zemoour et Guillon, ce qui est en cause reste la liberté d'expression d'opinions discutables pour certaines et surtout la façon de les exprimer. Si Zemmour n'est pas un humoriste, Guillon se targue de l'être encore que pour moi il s'agisse finalement de deux éditorialistes qui ont choisi un style différent : l'édito historico-sciences Po pour Zemmour, l'édito pouet-pouet pour Guillon. L'idée est de proposer une vision qui dérangera parce qu'ils partent du même postulat : il faut choquer pour être audible.
Je récuse l'axiome considéré et je prétends même qu'il est pervers puisqu'il conduit à la surenchère. En cela, Guillon et Zemmour sont prisonniers d'un système dont ils sont les parangons, système qui les explosera parce qu'ils ne parviendront jamais à en échapper et finiront même par s'auto-caricaturer comme d'autres, jadis à leur place de pourfendeurs du politiquement correct, s'étaient targués de s'affranchir du carcan sournois. Où sont donc aujourd'hui les provocateurs d'avant qui déroulent, de façon pathétique, leurs antiennes avariées ? Les Marc-Edouard Nabe, les Finkelkraut et autres Glucksman se singent eux-mêmes pour avoir encore l'illusion tragique d'exister encore un peu, ... d'être écoutés.

Guillon et Zemmour suivront le même chemin, à mesure qu'ils finiront d'amuser la galerie. Ruquier et France 2 songent déjà à la façon de gérer les effets collatéraux des prises de position d'Eric Zemmour et LE FIGARO l'a convoqué à un entretien préalable pour ne pas envisager [evidemment] son licenciement [avant de revenir sur sa décision de licencier ce matin compte-tenu des excuses de Zemmour]. Stéphane Guillon est en délicatesse avec sa Direction [Jean-Luc Hess va en avoir assez de s'excuser auprès de ministres trop flattés de cela] et Philippe Val [le Directeur] lui coupera peut-être la tête à la fin de la saison [comme prévu], ce qui mettrait le feu à la maison France-Inter [qui n'avait pas besoin de cela].

Ringardisés, ils cesseront d'exciter l'Elysée qui s'exaspère de leurs positions déservant la cause et s'impatiente de leur imposer le silence.
Au final, leurs excès [dont certains condamnables juridiquement et moralement] permettront de déservir la cause dont ils se drappent pour justifier leurs fonds de commerce. Leurs courses folles et personnelles auront eu pour conséquence d'accréditer l'idée que les poils à gratter ou les voix dissidentes sont sédicieuses et doivent être muselées. Egoistement, ils font en sorte d'être les derniers à pouvoir jouir du privilège de faire valoir leurs points de vue. C'est regrettable parce que finalement ils discréditent ce qu'ils pointent du doigt avec justesse aussi, savoir de vraies contradictions, de réels scandales, de confondantes turpitudes, d'insupportables postures.

Victimes d'eux-mêmes en quelque sorte sauf qu'en l'occurrence, nous plongeons avec eux.

Tto, navré