A supposer que tu lises mon Facebook [ce dont je ne doute pas un instant puisque je suis le héros de ta vie], tu sais donc depuis hier matin [assez tôt] que Maître Capello n'est plus. Les cruciverbistes et autres amoureux de la langue française [dont je suis, à plusieurs titres] sont désormais orphelins.

Rares sont les personnalités comme celles de Jacques Capelovici qui parvenaient à féderer, par delà les générations, le respect au moyen d'une connaissance irreprochable de la grammaire, de l'orthographe et de la conjugaison quelqu'en soit le mode, en voix passive ou non, que l'imparfait du subjonctif fut de premier ou de seconde forme. Il y eût certes les fameux "Jeux de Vingt Heures" au cours desquels Maurice Favières et Jean-Pierre Descombes se délectaient des centaines de francs malicieusement introduites dans le nourrain [que l'on peut orthographier aussi "nourrin" et qui est un jeune porc sevré ... d'où l'idée de tirelire].

Il lut le braille, fut agrégé d'anglais, certifié d'allemand, diplômé d'italien et de scandinave ancien. Jadis professeur d'allemand et professeur d'anglais [en particulier au Lycée Lakanal à Sceaux] entre la fin des années 50 et le début des années 80, il fut très tôt surnommé Maître. Adepte des calembours [dont l'un de ses plus connus fut  « C'était une femme qui avait épousé son temps... comme Simone Signoret ! »], il s'amusa de la langue française en expliquant notamment les secrets du palindrome en prononçant régulièrement son exemple fétiche  : « Éric notre valet alla te laver ton ciré », ajoutant négligemment qu'on pouvait tout aussi bien remplacer Éric par Luc. Chaque année Jacques Capelovici fit passer les épreuves du baccalauréat à des détenus de la prison de Fresnes. De 1969 à 1981, il fut le juge-arbitre du jeu "le Francophonissime", celui des "Jeux de Vingt Heures" de 1976 à 1986, l'invité de Laurent Baffie sur Europe 2 et déclaré Sociétaire des "Grosses Têtes" de RTL. Il ne peut être de meilleur aloi que de terminer cette eulogie sans par un subjonctif imparfait de la seconde forme en exprimant le regret qu'il était à redouter un jour que j'écrivisse ces lignes signifiant qu'il soit à déplorer la disparition de cette icône cathodique linguistique.

Pour autant, ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle que j'aie à t'annoncer ce matin ... Derechef, il n'est pas possible pour moi d'omettre de porter à ta généreuse intelligence le fait que Flavie Flament a pris l'initiative malheureuse de vouloir nous infliger son premier roman [comme si nous n'étions pas confrontés à suffisamment de problèmes insubmersibles], de te préciser que les français ne veulent plus de Laurence Ferrari à la présentation du journal de 20 heures de TF1 [morbleu que la versatilité des décérebrés téléspectateurs de la chaîne qui ambitionnait de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau disponible est confondante], de t'alerter au sujet de la prochaine arrivée du nouveau fléau musical que serait la gagnante du millésime 2010 de l'émission "Nouvelle Star" ["Eté noir", tel est le titre très recherché du premier extrait de l'album de Luce, poney chantant aux tenues improbables et à la personnalité si "démente" aux dires de ... Lio].

Effectivement, il eût été dommageable que je fasse point la lumière sur ces quelques dépêches témoignant de la vacuité insigne d'une actualité culturelle [ou prétendue telle] indigne alors qu'Afida Turner pulvérise les limites de l'extravagance et du phénoménal jusqu'à ce que cela devienne, à quelques pas près, prodigieux sinon vertigineux. L'arène, ou plus vraisemblablement l'hippodrome au sein  duquel TF1 a plongé des pantomimes infatués et décervelés, est une cour des miracles de laquelle il est permis de tout espérer sauf que ceux-ci se produisent. Nonobstant, la somme des indigences piochera longtemps à parvenir au moindre intérêt [à l'exception de celle de la régie publicitaire du diffuseur, pourtant fort déçue des scores décourageants des premières outrecuidances filmées].

Dans cette médiocrité ambiante navrante, Mademoiselle Le Pen confirme au sortir du premier tour des élections cantonales de dimanche passé ses positions dans l'opinion en reléguant au second rang le parti soi-disant majoritaire d'un Président désorbité par ses stratégies amphigouriques insusceptibles de ne traduire autre chose qu'une déroute annoncée. Le chant des canons claironné dans une désunion internationale ahurissante ne présage pas d'une inversion de tendance et augure probablement de nouvelles déconvenues, fussent-elles nécessaires pour, maladroitement, remédier les défaillances d'une politique étrangère stupéfiante d'amateurisme et de nombrilisme, le tout mâtiné [avec un accent circonflexe sur le "a", comme dirait Maître Capello] de principes fallacieux et flatteurs.

Or donc, la situation n'est pas au rose et c'est aujourd'hui que le nuage nippon [et peut-être mauvais quoi qu'en disent les spécialistes] déambulera au dessus de ta boite craniène si tu résides en France métropolitaine. Réjouissant, n'est-il point ? Assurément répondrais-je comme l'illustre disparu dont il s'est agi aujourd'hui.

Tto, qui a sorti ses plus beaux mots