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une vie de tto
17 janvier 2019

May-xit

May-xit

"Chemin de croix" est un doux euphémisme pour Theresa May, engluée dans les négociations du Brexit comme un cormoran le serait sur une plage recouverte de pétrole. D'épuisement, la fin est proche et l'on envisage donc tous les délices des potions dispensées par Farage et Johnson au cours d'une campagne référendaire ténébreuse qui mena le pays de sa gracieuse majesté à voter pour sortir de l'Union Européenne.

El auge de los Beer & Politics o cómo debatir con expertos ...Le hic vient peut-être du fait que Madame May avait soutenu le camp défait, qu'elle était persuadée en son for intérieur que sortir de l'Union était une erreur et que cela ne ramènerait jamais les millions d'euros promis par Johnson et Farage, et surtout qu'elle dirige un pays fracturé entre deux camps irréconciliables sans pouvoir trouver une voie pour en sortir. Dans cette mesure, les européens n'ont pas eu trop de mal à bien négocier ...

Bien que le Brexit solidifie paradoxalement l'Europe [ceux qui imaginent encore sortir de l'Europe ont désormais l'exemple sous les yeux un avant-goût des tourments accompagnant une telle inconséquence], il serait un peu présomptueux voire illusoire de se dire que c'est une chance pour la construction européenne. L'effondrement déjà entamé de la Grande-Bretagne [les ratios économiques sont dans un tel état que n'importe qui comprend que le pire est à venir] n'est en effet pas une bonne nouvelle pour l'Europe à plusieurs niveaux : parce qu'il n'est jamais bon d'avoir un partenaire commercial qui dégringole ; parce que le dynamisme de la Grande-Bretagne profitait à l'Europe au gré des externalités positives induites ; mais enfin parce qu'un pays qui tombe à ce point s'offre aux populismes et il est toujours délicat de croire que cela n'aura pas de conséquences.

Theresa May s'est faite dégommée mardi dernier, elle est en sursis depuis des mois sinon plusieurs années et pourtant, elle reste. Pourquoi ? Parce que personne ne ferait mieux et surtout personne ne veut avoir la place inconfortable d'accompagner un pays à l'histoire glorieuse dans les méandres d'un repli crépusculaire. Theresa May n'a en plus pas l'envergure de pouvoir relever un défi unique dans l'Histoire, elle n'a pas de majorité susceptible de la soutenir pour cela et elle n'a même pas l'appui de son peuple qui ne se remet pas des divisions séditieuses instillées par Boris Johnson et Nigel Farage dont le procès en indignité nationale voire en trahison ne serait pas exagéré. 

Le seul point positif dans tout cela, c'est pour l'Europe. Outre le fait de démontrer à qui en doutait encore que sortir de l'Union est périlleux voire très difficile, la sortie de la Grande-Bretagne met également fin à un statut particulier dont celle-ci bénéficiait jusqu'à présent, ce fameux régime d'exception qui permettait au pays de prendre ce qui l'intéressait dans l'Union Européenne et de laisser de côté ce qui ne lui plaisait pas. Ce régime d'exception a trouvé son terme le soir où les britanniques ont voté pour sortir de l'Union Européenne et c'est très bien ainsi parce que cela élimine définitivement le concept d'Europe à la carte qui a fait tant de mal.

Hier soir, Theresa May a sauvé sa peau, à seulement 12 voix près ... ce qui signifie bien que même son parti la lâche. Le baroud d'honneur est donc entamé et elle tombera avec la prochaine motion de censure. Les travaillistes attendent de ramasser le pouvoir, s'il en reste quelque chose. On aurait tort de se réjouir du sort de Londres parce que ce n'est jamais bon signe de voir une grande démocratie comme celle-là se saborder lentement, on devrait surtout veiller à ne pas permettre que les urnes décident d'un schéma de déclin équivalent en France. Mais pour cela, il faut un peu de lucidité, denrée bien rare en ce moment ...

Tto, frightened

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