On est une star ou on ne l'est pas ! Depuis tout petit, voila ce qui me guide, assumer mon rang, mon statut que dis-je ma condition de vedette planétaire [ok, je redescends ... je vois bien que vous ne me croyez pas et j'en entends déjà soupirer comme des ventilos mexicains à Acapulco en plein après-midi.]

Ce matin là, le facteur m'a amené une jolie enveloppe, adressée à votre serviteur [oui, ça arrive que l'on m'ecrive, si si ..]. Je décachète ladite enveloppe et qu'y vois-je, qu'y trouve-je, qu'entrevois-je ? Un carton d'invitation orange. Le Président de la République, François MITTERRAND, m'invitait à assister en tribune d'honneur au défilé du 14 juillet ... moi. Ouh la la, mais c'est le branle-bas de combat [sans mauvais jeu de mots s'agissant d'un défilé ... militaire !]. Peu de temps après, j'apprends que j'ai reçu cette invitation parce que, dans ma rue, il y a un ancien militaire qui m'aime bien et qu'il s'est dit que cela me ferait peut-être plaisir. En plus, mon cousin est de passage chez moi et lui ... comment vous dire, l'armée c'est trop fort pour lui ... donc, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin : pour lui, c'est un rêve qui s'accomplit ..; on est très proches de la jouissance totale.

Quelques jours plus tard, nous voila donc le 14 juillet 1991 [ah ben oui, je vous l'vais pas dit !] et nous avons rendez-vous au petit matin sur les Champs-Elyséespour prendre place sur les gradins réservés à nos postérieurs honorables puisque nous sommes en ... tribune d'honneur ! [suivez un peu, non parce que sinon, on va pas y arriver]. Nous sommes accompagnés de mon voisin [qui porte le même prénom que moi] et nous nous dirigeons d'un pas assuré vers le point de rendez-vous. Il fait beau, il fait bon [les matinées d'été sont souvent celles que je préfère ... la nature est réveillée depuis longtemps, la ville est encore un peu calme et il fait toujours bon avec une petite pointe de fraicheur qui chatouille l'épiderme ... hummm, j'adore !] ... non, je ne vais pas chanter la chanson de Claude François ... et puis quoi encore, un peu de tenue, c'est la République les enfants !!!

Nous passons les gardes républicains, sommes fouillés et pris en charge par une ravissante hôtesse qui nous conduit à notre place ... elle nous indique que le défilé commencera dans une heure mais qu'il vaudrait mieux que nous ne bougions pas trop. Les deux mâles en rut qui m'accompagnent n'ont d'yeux que pour l'hotesse [qui n'en a rien à cirer de ces trois adolescents boutonneux ... enfin eux, moi pas trop évidemment !] et ne réalisent alors pas que nous avons 60 minutes à tuer !

C'est alors que le grand tto, dans toute sa luminesence, sort de sa poche un jeu de cartes ... Ben oui, j'avais prévu le coup moi. Je me suis bien douté qu'en arrivant une heure trente avant le début du défilé, on allait attendre un peu. Donc, comme une console de jeu, c'est volumineux [surtout à l'époque], les cartes s'imposaient. Mon cousin est déjà plongé dans le guide du défilé alors qu'avec mon vecino nous entamons une première partie d'un jeu tellement débile que je ne m'en souviens guère.

Le défilé commence ensuite ... la voiture du Président nous passe devant, les gros navions, les legionnaires [en position ... naturellement !] et puis toutes les écoles et les différents corps de notre naaaaaaaaationale. Bon, autant vous le dire, avec mon vecino, ça nous a rapidement gavé. Déjà qu'à la télé je n'avais jamais réussi à tout regarder [et ça continue d'ailleurs ... je trouve cela d'un ennui tel que j'échoue régulièrement sur un Scoubi-dou ou un Martin Mystère [je vous ai dit que j'adorais ce dessin animé ? Non ? Ben c'est fait !]], mais là en plus sans pouvoir bouger ... je ne vous raconte pas. Donc, comme mon vecino et moi étions de redoutables garnements, on a joué aux cartes pendant une bonne grosse partie du défilé, on a jacassé aussi au point que cela importunait la madame en vison blanc tacheté [je vous jure, je m'en souviens] qui semblait tellement absorbée par l'idée d'assister à cette manifestation ... mais aussi d'investir les jardins de l'Elysée pour la garden-party] qui nous jetta des yeux reprobateurs plus d'une fois. Mon cousin, lui, était absorbé ... j'aurai pu me faire kidnapper une bonne quinzaine de fois par des terroristes mercenaires à la solde de l'ennemi ... il n'aurait pas bougé un sourcil. C'est un peu minant quand même ... Pour vous dire si nous avons été discrets avec mon vecino, toute la France nous a vu ...

En effet, une fois le défilé achevé [et nous un peu avec ... il faut bien le dire], je devais aller Gare Montparnasse pour jeter mon cousin dans le train qui le ramènerait chez so Pôpa et so Môman. Mon propre père nous avait donné rendez-vous à côté du Grand Palais pour nous amener en vroum vroum jusqu'à la gare. Et là ... il nous dit :
- Ben dis donc, y a pas de quoi être fier quand même ...
[Moi, interdit, limite entrain de me demander ce qu'on a bien pu faire de si incroyable]
- Quoi ? Qu'est ce qui se passe ???
[Mon père, le sourire jusqu'au oreilles]
- T'as joué aux cartes, non ? Non, je te dis ça parce qu'à un moment les caméras vous sont bien passées dessus et on a bien vu que vous étiez en plein jeu ... et puis pas qu'une fois tu sais ... plusieurs fois !
A ce moment, j'avoue et je confesse ... j'ai rougi ... tout démasqué que je fus de cet irrespect au protocole républicain alors que j'étais invité par the Président himself.

Donc bah voila, je suis allé jouer aux cartes le 14 juillet en tribune d'honneur, invité par le Président de la République et toute la France m'a vu ! Je vous le disais en intro ... c'est ça d'être une star !

Voila, c'est comme ça que ça s'est passé ...

Tto, garde à vous !