Billet du 23 juin 2006 :

Ce matin, j'étais convoqué pour la rituelle "Visite médicale de contrôle" à laquelle les accords d'entreprise m'astreignent de me rendre.

3 semaines que je recule l'échéance :
- Ah non, pas jeudi, une réunion de la plus haute importance avec l'autre connard, mais si vous voyez ... oui, le gros con qui ne fout rien, qui est mono-dossier (la justification de son emploi certainement ... parce que s'il couche, je plains celui ou celle désigné(e) ... il faut avoir épuisé les chèvres et le reste) ...
ARGUMENT BOULOT N°1
- Oh, quel malheur. Pile le jour où j'ai déjà posé un RTT ! Vous savez j'en prends déjà si peu, ce serait cruel tout de même ...
SI SEULEMENT JE L'AVAIS PRIS CE RTT. TOUTEFOIS, PENSER A EVITER LES ABORDS DU CENTRE MEDICAL POUR EVITER DE SE FAIRE GAULER ...
- Aïe. Vous allez dire que je le fais exprès, mais vraiment, on nous a jeté un sort ... C'est Im-po-ssible ! Pensez donc, notre sacro-saint Directeur Général a requis ma présence pour un pince-fesse de la plus haute importance m'empêchant donc de pouvoir venir vous voir ... C'est balo !
MAIS NON, JE ME MOQUE PAS ... MAIS BON, CA PASSE MIEUX EN RIGOLANT. APRES QUE CE SOIT AU DETRIMENT DE LA SECRETAIRE, QU'Y PUIS-JE ? FAUT BIEN QUE CA TOMBE SUR QUELQU'UN !
- Oui, je devais venir ce matin à 10h45. Mais une urgence vient de tomber et il faut absolument trouver une parade avant 11h30. Oui, j'ai bien vu qu'il était 10h40, pourquoi ? Vous savez les urgences, ça ne prévient pas ... Si seulement on pouvait les planifier, vous pensez bien qu'on serait plus tranquille ... Oui j'vous rappelle pour qu'on fixe une nouvelle date ... oui qu'on ne reculera pas cette fois ... je vous laisse ....
IMPARABLE LE COUP DE L'URGENCE DE DERNIERE MINUTE. TOP MASTER CLASS, MAIS ONE-SHOT SEULEMENT SINON APRES C'EST LOUCHE.
- Mardi ? oui vers 18h ... Ah, vous fermez à 17h ... ben à 8h ... ah vous ouvrez à 9h ... Décidément ... je vais finir par croire que vous ne voulez pas que je vienne la passer cette visite !
LE COUP DE MAITRE, LA MAUVAISE-FOI.

Donc de guerre lasse, j'avais réussi à obtenir un créneau ce matin en faisant tout de même passer le message que ça me gonflait un peu de venir pisser dans un bocal, regarder des lettres qui changent de place et faire la causette avec Lynette (la Docteur) en calbutte ... tout ça pour m'entendre dire que je suis trop gros, qu'il faut que je fasse du sport, que je mange le matin et surtout que je travaille moins parce que j'ai l'air fatigué. 5 ans que c'est la même rengaine ...

Je me pointe donc à l'heure prévue au centre médical et je suis acceuilli à bras ouverts par l'infirmière de permanence qui serre dans ses doigts frénétiquement un dossier que je pressens être le mien.
- Monsieur tto XXX ?
- Tout à fait. Bonjour Madame.
- Ah, ben on a enfin réussi à vous avoir.
- Oui je sais, c'est tout une entreprise à chaque fois, mais vous voyez, il ne faut jamais désesperer : tout vient à point à qui sait être patient.
- Ah ah aha ah (rire un peu forcé, mais bon ...) Bon, juste une petite question ... Vous voulez bien me faire un petit pipi ?
- Ah ouais ? C'est toujours obligatoire ?
- Ben oui vous savez ... c'est pour ...
- Oh la la, ne vous fatiguez pas pour ça. Toujours pas drogué, toujours pas d'alcool au volant et j'ai arrêté les pilules fluos qui rendent euphorique. Donc c'est pas la peine ...
- Oui, mais vous savez bien qu'il faut. Vous avez envie ou pas. Parce que si vous voulez ... on fait les yeux avant et après vous aurez peut-être envie ...? ...
- Non mais vous avez vu l'heure ? D'habitude je me lève à cette heure là ... Non, je plaisante. Y a pas moyen d'y échapper ? Vraiment (je prends mes yeux de cocker protéiné à la testostérone pour que quelques féromones parviennent à faire céder la digue ...)
- Allez, on y va ! (Damned, ça ne marche pas)

Je rentre dans la salle obscure, je procède à l'exercice en deux coups de cuiller à pot (pas certain que cette expression soit la meilleure d'ailleurs) et je ressors triomphant de la première épreuve. Ma copine infirmière me saute dessus et m'enjoint de me rendre vers ... la salle des binocles.
- Dites donc, je viens de me souvenir ... ça fait deux ans qu'on ne vous a pas vu ! (sic)
- Ah oui, tant que ça ? Ca m'a paru court voyez ...
- Bon, vous connaissez le truc. Vous vous appuyez sur le machin, vous ouvrez les yeux et c'est parti ! En plus, vous allez être content, il est tout neuf, tout beau.
- Trop content ...

Je me fade les exercices du type "Appuyez si vous voyez un A", "Appuyez si le point se trouve en E4" (coulé !), " Appuyez si la ligne 3 est plus nette que la 8bis orientée 67° Est" (ok, j'exagère un peu ...). Bien sur, les lettres à reconnaitre sont plus petites qu'un atome de zirconium, tout ça va vachement vite ... Naturellement, je triche un peu et la machin s'arrête.

Ma copine revient et là, elle me regarde avec des yeux transpirant toute la pitié du monde. Avant d'avoir prononcé le moindre mot, elle m'indique qu'il va falloir que je sois fort.
- Bah, j'comprends pas, le ticket de résultat ne sort pas !
- Hum hum
- P't être que la machine n'a pas enregistré vos résultats. Il va falloir ... recommencer ...
- AH ah ... vous avez beaucoup d'humour vous le matin. Bien sur, vous n'y pensez pas !
- Euh, Claudine, j'comprends. Monsieur XXX a fait le test et le ticket ne sort pas. Tu vois pourquoi.

Supplice de l'humiliation, sa collègue arrive, décapote la machine et extrait le ticket qui, étant mal positionné, avait roulé à l'intérieur sans se glisser dans la fente permettant de la récupérer de l'extérieur (vous avez suivi ?). Ma copine infirmière explose de rire et m'invite à prendre place dans le cagibi d'attente pour que Lynette m'ouvre afin de me recevoir, après que je me sois déshabillé. Oui, mais aujourd'hui, j'suis un rebelle ! Je ne me déloque pas.

Lynette m'ouvre, m'invite à m'asseoir et commence son passionnant examen (qui me déprime pour elle parce que faire ça toute sa vie à raison de 6 heures par jour, y a de quoi finir sous Tranxene en moins de deux.
- Alors, comment ça va tto ?
- Ouh la la, vous en avez de bien jolis locaux. Z'êtes gatée.
- Oh ben oui, vous savez, ils nous chouchoutent toujours.
- Ben oui
- Et puis c'est mieux pour recevoir les gens
- Ben oui
- Non, vraiment, je trouve qu'on est bien installé et puis là c'est mieux ... c'est l'été. Oh, ce matin, j'atais contente, pas trop de monde sur la route. Et vous ?
- Pas trop non ...

D'un coup, elle réalise que mon plan esquive pour lui raconter ma vie a très bien fonctionné et elle replonge dans son dossier.
- Toujours avec le même chef ?
- Oui oui.
- Tout va bien
- On ne peut mieux. Pire serait indécent.
- Bon, je vais vous demander d'aller vous installer là bas pour que je prenne votre tension et que je vérifie votre respiration.

Tout content que j'étais d'échapper au supplice de la balance (qui inexorablement l'amène toujours à me dire que j'ai grossi, que je devrai faire du sport ...). Funeste erreur !
Elle m'a trouvé de la tension (étonnant) et qu'en plus je respirai plus d'un poumon que de l'autre ... une dysphasie pulmonaire ! Ben voyons ! En plus, il parait que j'ai le coeur qui ne bat pas vite du tout.

J'ai rassuré Lynette (un comble !) : La tension ? Possible que ce soit parce que je me suis fritté avec une connasse avant de venir la voir. La dysphasie ? Première nouvelle. Le coeur ? On me l'a déjà fait celle là ... j'ai un coeur de sportif, so lucky !!!
- Bon pour la tension, en sortant vous allez voir mes collègues pour que l'on reprenne un rendez-vous la semaine prochaine ... on va contrôler ça. Pensez-y parce que je risque d'oublier.
- Bien sur.

En sortant, j'ai pris un soin particulier à saluer la secrétaire et l'infirmière en leur souhaitant une bonne journée ... mais quelle tête de linotte, j'ai malheureusement oublié de parler de ma tension. Oh, c'est trop bête ! Et puis je crois que je vais oublier encore plus après le week-end. On peut pas compter sur ces petits jeunes ...

En tout cas, j'suis tranquille pour deux ans maintenant !!! Mais souvenez-vous : j'suis tendu (pas forcément très désagréable ... hum hum), j'ai un poumon un peu flémard et j'ai le coeur qui bat pas vite.
Oui ça va, pourquoi ?