Tous les matins, c'est la même corrida
Lever la tête, ouvrir les bras
Tous les matins, c'est le même numéro
Trouver l'amour, chercher les mots
J'suis coincé comme un évadé
Faut marcher, ne jamais s'arrêter
J'suis piégé, comme un condamné
À marcher, ne jamais se retourner

C'est la vie, la vie c'est du vent
Qui nous souffle les rêves d'enfant
C'est la nuit qui descend
C'est jamais comme avant
Il ne faut plus faire semblant, attends
C'est la vie, la vie qui le veut
Qui nous blesse, le cœur et les yeux
C'est la nuit qui retombe
Comme la pluie et les bombes
Il ne faut plus faire semblant, attends

lexperience-4

Comme moi, tu connais ce couplet et ce refrain. Comme moi, tu as la mélodie dans la tête. Pas comme moi, tu n'as pas cette chanson dans la tête depuis lundi. Et pourquoi ? Parce que lundi, j'ai appris des choses moyennement agréables. Une très très mauvaise nouvelle d'abord qui fait que je pense très fort à elle, les mots sont en l'occurrence d'aucun secours alors je crois aux forces de l'esprit. La nouvelle m'a dévasté et continue de le faire. Néanmoins et parce qu'il faut toujours s'attacher à poursuivre le chemin, c'est après avoir appris ce que j'ai appris que la mélodie m'est venue, comme un rebond. Oui, la vie qui souffle parfois tout sur son passage sans laisser la moindre chance à un peu de lumière. Oh, la lumière reviendra bien un jour mais il y a une accumulation en l'espèce qui autorise le doute même s'il faut y croire et continuer d'y croire.

Et puis, lundi soir, j'ai eu une conversation avec quelqu'un qui lit ces lignes, quelqu'un qui suit mes pérégrinations avec une évidente fidélité qui m'a toujours touchée. Sauf que voilà, comme je le pressentais, ça ne va pas fort, ni même bien et j'ai entendu des choses qui m'alertent clairement même si, au global, j'ai aussi entendu des choses encourageantes que je n'avais pas eu l'habitude d'entendre chez lui. 

Si rien ne permet de comparer ces deux éléments, il y a néanmoins des rapprochements que l'on peut faire et qui tiennent à la douleur et, aussi, à la démonstration de ce que la vie est fragile. Tout le monde chouine parce que l'inflation gna gna gna, parce que Macron ceci cela, parce que c'était mieux d'être en vacances ... mais les enfants gâtés qui ne connaissent pas leur chance de n'avoir pas en tête la précarité résultant de la fragilité de la vie sont finalement les plus heureux mais aussi ceux que l'on entend le plus. et ils me cassent la tête pour ne pas dire autre chose.
Je me suis couché un peu groggy lundi soir. Déjà que je n'aime pas les rentrées mais là, c'est un peu le cadeau pas bonus. Et pourtant ... c'est la vie. Au delà de la formule, c'est surtout vrai : c'est aussi ça la vie, cette fragilité en est consubstantielle. Et c'est la vie, non comme un dépit mais comme un encouragement à ne pas y voir une fin et se dire que cette vie, si dure et âpre parfois mérite aussi qu'on en fasse bon usage ... surtout quand on apprend des tragédies ou que l'on envisage que le précipice n'est pas si loin.

"C'est le propre des dépressifs" m'avait dit une âme charitable et tellement empathique ... probablement qu'appréhender la fragilité de l'équilibre instable de la vie dénote une absence de légèreté qui confine à la névrose clinique. Ou alors ... c'est un peu de lucidité qui n'entrave pas non plus de prendre les choses avec joie et gaîté, voire une euphorie que les pisses froid toujours prompts à coller des étiquettes n'atteindront jamais. C'est la vie ...

Tto, philosophiquement philosophe