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une vie de tto
23 novembre 2022

Lâcher prise

J'ai toujours eu une fascination pour les corps laissés à l'abandon ...

Attachment0C'est particulièrement vrai dans toutes formes d'art, de la sculpture à la peinture, du spectacle vivant au cinéma ... qu'importe la discipline pourvu que le corps n'en ait plus.

Longtemps, je me suis demandé ce qui me plaisait tant dans les Saint Sébastien que je rencontrais au gré de mes déambulations dans les diverses collections muséales qui s'offraient à mes yeux.  Le martyr de Saint Sébastien, capitaine des gardes transpercé de flèches sur les ordres de l'empereur Dioclétien et qui survit miraculeusement à ses blessures, est une allégorie par l'image pour figurer la protection contre la peste et des maladies épidémiques. C'est évidemment au cours de la renaissance italienne que, s'inspirant des modèles antiques, s'exprime à plein ce tableau dont on trouve de nombreux auteurs. Saint Sébastien apparaît quasiment toujours le corps transpercé par de multiples flèches, les yeux levés vers le ciel. Généralement, la beauté du corps humain est magnifiée par son martyr, laissant le personnage adossé à un support, ici une colonne là un arbre ou un mur, ce qui permet le relâchement à mesure que la douleur est dominée ... entrainant donc un abandon relatif du corps.

Naturellement, je n'ignore pas le caractère incontestable d'icone gay que sont devenus les Saint Sébastien, plusieurs grilles de lecture étant évidente au regard de ce que je viens d'écrire.

Mais plus largement et indépendamment de toute référence à une culture queer qui occulterait à elle seule la signification profonde qu'évoquent pour moi les corps disposés comme des linceuls, il y a dans l'abandon figuré du corps quelque chose de palpitant, d'hypnotisant. Bien sur, je ne répugne pas à voire des muscles bandés, des dessins anatomiques témoignant d'une tension esthétique voire d'une crispation de souffrance qui peut se révéler excitante ... mais l'alanguissement, souvent propre aux nus masculins, est un spectacle à nul autre pareil. J'y vois le signe d'une offrande quasi totale, d'un détachement dont je suis incapable en conscience et que je ne parviens à atteindre que quand je dors [les photos de ton serviteur endormi sont d'ailleurs assez belles]. J'y vois donc surtout le fait qu'on n'est plus en contrôle et c'est finalement ce que je recherche moi qui passe mon temps à ne jamais lâcher le contrôle en question. Du coup, il n'est pas surprenant d'envisager que je sois séduit par quelque chose qui m'est étranger. On ne veut que ce que l'on ne possède pas.

On se demande souvent pourquoi j'aime tant Caravage ? Je crois avoir donné la réponse ... une part importante de la production artistique de Caravage témoigne de cet effort de figurer des corps à l'abandon, usé par la tension et qui n'ont plus d'autre choix que de se délasser. D'ailleurs, le vocable est particulièrement adapté ... délasser. "Faire cesser la lassitude physique ou morale."
Donc oui, je me nourris des clichés et représentations de tous ordres des corps masculins inertes. C'est d'ailleurs ce qui me fascine dans les vidéos de massage que je surconsomme en ce moment. Pas besoin d'être un Apollon, la beauté du repos des chairs et des anatomies demeure un délice. 

Si seulement je savais faire ça sur commande ...

Tto, qui bave devant ceux qui sont délassés

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