Tu devais être dans une grotte sans Wifi si tu n'es pas au courant du fait que le meilleur méchant du monde entier [qui n'arrive pas à la cheville d'une compilation de tous les affreux contre lesquels James Bond se bat depuis 25 aventures] a racheté le réseau social Twitter. Twitter, c'est rien de moins que le réseau social le plus influent du moment.

Les premiers jours de contrôle d'Elon Musk peuvent se résumer en un mot : un délirium. Il a viré le top 3 de Twitter en une nuit, congédié le conseil d'administration en un wikende, contraint au chantage psychologique les employés de la firme qui doivent faire la preuve de leur utilité dans son dessein pour maintenir leur emploi et après, il a expliqué à ceux qui veulent se faire certifier qu'il va falloir sortir leur porte-monnaie [d'abord $20 par mois, ramenés à $8 par mois] pour que le réseau soit rentable et ne dépende plus de la publicité puisque les annonceurs s'enfuient après que Musk ait indiqué que Twitter va redevenir le réseau social de la libre expression [comprendre, celui sur lequel Trump et son ramassis de cloportes purulents vont pouvoir revenir raconter n'importe quoi]. Ah mais non, il annonce la libre expression mais promet aussi la régulation, un peu comme si, chez le coiffeur, tu expliquais qu'il faut tout couper mais garder aussi la longueur de chaque cheveu. Bref, n'importe quoi ... à l'image de Musk qui a fait fortune en semant le chaos partout où il passait, usant de frasques plus ou moins légales pour accumuler une fortune estimée aujourd'hui à plus de 270 milliards de dollars.

Si Elon Musk a choisi d'acheter Twitter 44 milliards de dollars alors qu'il considérait il y a peu encore que le réseau n'en valait pas 30 en raison du nombre trop élevé de faux comptes [ton serviteur en a six ... c'est te dire], tu me diras qu'il fait bien ce qu'il veut de son impressionnante fortune. Le seul souci dans tout cela, c'est l'irresponsabilité cultivée dans ses prises de positions passées [il a relayé des études scientifiquement fausses sur le Covid-19 et, pas plus tard que le wikende dernier, il a tweeté pour relayer des théories conspirationnistes au sujet de l'attentat perpétré contre le mari de Nancy Pelosi] pour lesquelles il a trouvé le meilleur bouclier qui soit : si tu ne le comprends pas, c'est normal, c'est son cerveau qui est spécial parce que Musk est atteint du syndrome d'Asperger. C'est pratique : tout débordement n'est pas de son fait mais d'un syndrome qui l'affecte. Non vraiment, les Blofeld, Dr No et autre Elliot Carver des James Bond sont des carricatures de kermesses du fin fond de la Corrèze en comparaison ... 

A la tête du réseau social le plus influent, Elon Musk a donc décidé de brutalement remiser au rang des souvenirs le principe d'un réseau ouvert et responsable sur lequel prolifèrent déjà beaucoup trop de contenus haineux et relevant de poursuites pénales. Twitter va devenir la tribune des extrêmes [comme avant] mais avec la bénédiction du despote de Tesla, avec le mépris le plus absolu de toutes les conséquences pour les sociétés déjà fragmentées, les divisions se nourrissant du "free speech" si cher à ceux qui imaginent façonner le monde comme ils entendent le faire. On a beaucoup glausé par le passé sur le quatrième pouvoir en imaginant que la télévision pouvait changer la face du monde ... on a oublié d'asseoir la pratique des réseaux sociaux [qui ne sont rien d'autre que des médias comme la rédio, la télé ou la presse au sens générique] à des règles contraignantes en imaginant qu'Internet sera un eldorado forcément vertueux puisqu'il offrait la connaissance et la communication pour tous ... sous réserve tout de même de souscrire à un abonnement. L'universel à la sauce des géants de la technologie californienne ... Musk a profité de tout cela pour accumuler les milliards de dollars et aujourd'hui donner à ses ambitions un nouveau moyen d'y parvenir, servant ainsi ses convictions républicaines dont il a été un fervent donateur jusqu'à encore très récemment alors que l'immonde Trump entraîne son pays dans le chaos. Comme lui, Musk fait prévaloir l'égo sur les valeurs.
D'ailleurs, si tu trouves que j'exagère un tantinet, je t'invite à regarder l'émission "C ce soir" diffusée hier soir sur France 5 qui abordait le problème Elon Musk en des termes parfois moins bien choisis que moi. Tout y est dit mais nous y reviendrons dans une approche encore plus sociétale et politique.

Alors ... une fois que l'on a dit cela, faut-il rester encore sur Twitter ou l'aventure va-t-elle continuer ?
Musk a déjà signé la mort du réseau qu'il rebaptisera plus tard en "X" quelque chose comme il aime le faire pour chacune de ses aventures entrepreneuriales. C'est une affaire de temps. A l'image de Facebook qui est tellement has been que Zuckerberg n'en a plus pour très longtemps, Twitter va se ringardiser en accueillant la foire mondiale qui s'y sentira autorisée à déverser sa logorrhée pestilentielle. De fait, les uns et les autres quitteront le réseau et chacun cherche déjà une terre d'asile.

Pour ma part, j'ai investi toutes les alternatives crédibles possibles. Mastodon bien sur mais aussi Counter Social, Reddit ou encore Librem et autres trucs du genre.

Du coup pour Mastodon [sur lequel je suis tant sur top que social ... oui je sais, c'est obscur], tu peux aussi me retrouver, en tant qu'auteur, sur ce lien Mastodon ou celui-ci [oui, je suis sur deux communautés Mastodon ... la top ... normal ... et la social ce qui ne surprendra personne]. Il en est de même pour UNE VIE DE TTO qui dispose aussi de comptes Mastodon : le top que tu peux rejoindre est ici.

Sur Counter Social, cherche bien Tto ... j'y suis. Sur Bluesky, je suis en liste d'attente ...

Est-ce donc la fin de ma présence sur Twitter ? Disons qu'à l'instar de mon retrait sur Facebook, mon compte perso va se mettre gentiment en sommeil, les autres ayant une vocation davantage dédiée pourraient rester jusqu'à ce que l'environnement y soit irrespirable. Elon Musk ne veut pas faire ton bonheur ni le mien, il vaut simplement assouvir son désir nombriliste de contrôler le monde, à l'instar de celles et ceux qui s'imaginent supérieurs au mépris des fondements même de l'humanité. Qu'il aille donc coloniser Mars et mette en l'air tout ce qu'on pouvait trouver encore intéressant dans Twitter ... si cela l'amuse d'avoir payé 44 milliards de dollars un outil qui a déjà perdu de sa superbe en quelques jours, c'est son problème. La valorisation de Twitter repose sur l'usage que l'on en fait [comme Facebook, comme Tumblr, comme tous les autres qui ont cru que l'utilisateur n'était pas la priorité au détriment des ambitions démesurées et égocentrées] ... C'est avec un peu de nostalgie que je vois partir ce monde des années 2010 où Twitter permettait d'appréhender le monde pour autant que l'on était sélectif sur ses abonnements, où CNN n'était pas menacée par les coupes budgétaires, où l'uberisation n'avait pas encore gagné tous les recoins de la société en déstructurant l'équilibre social reposant sur les relais et corps intermédiaires ... Musk promet la liberté alors qu'il ne s'agit que du chaos. Ce sera sans moi.

Tto, bien triste