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une vie de tto
13 juin 2022

5 leçons pour une élection

5 leçons pour une élection

Le seul reproche que tu pourrais me faire, c'est de n'avoir pas été assez précis, mais tu auras du mal à me dire que je n'avais pas prévenu. Cela confirme une chose aussi : Emmanuel Macron ne me lit pas.

Donc, que faut-il retenir de l'élection d'hier, le premier tour des élections législatives ? Cinq leçons assez faciles peuvent être tirées [non non, ce n'est pas une allusion masquée au dernier lifting de Rach... euh non non rien].

1 - On ne gagne une élection qu'en faisant campagne sinon on laisse les opposants occuper la place et donc être maitres du tempo. C'est bête ... mais Emmanuel Macron semble s'habituer à ne pas vouloir faire campagne comme si la posture du recours anti-extrêmes devait suffire à diriger sur lui les suffrages. Oui mais ça, c'est penser que l'opposition d'où qu'elle soit ne soit pas capable de s'organiser et proposer notamment une coalition en réponse. Le Président de la République a déjà fait le coup pour l'élection présidentielle : ce n'est que fort tard qu'il a pris conscience qu'il faudrait peut-être faire campagne. Là, pour 577 scrutins, ça sent la méthode cafouilleuse voire même dangereuse. Et cela n'a pas raté.

2 - Ce ne sont pas C-News ni l'obsession médiatique qui font le résultat. Jadis, on avait expliqué que "Les Guignols" faisaient les rois. Avant, c'était Elkabbach et Duhamel même que la gauche accusait de bourrer la tête des français ... ce qui n'empêcha pas François Mitterrand d'être élu en 1981. C-News avait remis le couvert en imposant Eric Zemmour dans tout et pour tout pendant des mois sinon de trop longues semaines. Et patatra ... l'éditorialiste qui réinventait l'Histoire à sa convenance devait renverser la table, c'est la table qui l'a renversé. Après le gadin de l'élection présidentielle avec un score culminant à 7%, il devait se refaire en espérant devenir député dans le Var, dans des terres plutôt fertiles pour les idées nauséabondes du petit agacé. Et bien non, Marine Le Pen l'aura étrillé avec son candidat et privé de second tour ... donc d'espoir de siéger ... donc de financement ... donc de lumière ... donc d'existence politique. Ca sent la fin, d'autant qu'il emporte dans sa chute Guillaume Peltier, sa jeune garde flanquée de Marion Maréchal-Le Pen [le doux espoir des nostalgiques d'une droite bien couillue et qui s'autoproclame Présidente d'école alors qu'elle n'est pas allée au bout de ses propres études de Droit]. La reconquête, c'est foutu.

3 - On savait déjà qu'on avait la droite la plus bête du monde, la gauche lui emboitant le pas. On sait désormais qu'on a aussi les fascistes les plus crétins du monde parce qu'alors qu'ils avaient un boulevard devant eux, la patronne du Front National vaguement rassemblé n'a rien trouvé de mieux que de finir troisième dans la course aux suffrages, incapables de se faire réélire au premier tour dans sa circonscription pourtant acquise au point qu'elle finira bientôt par faire sécession. Pourquoi la plus crétine du monde ? Parce que pour une fois, elle pouvait gonfler les muscles et rallier le petit Zemmour et que par orgueil [c'est une Le Pen] elle a voulu l'humilier. Ô certes, elle y parvient mais à quel prix : celui de ne pouvoir se maintenir que dans environ 200 circonscriptions pour le second tour, celui de voir fondre son score du premier tour de la présidentielle [même si, en comparant avec le premier tour des législatives 2017 elle progresse de plus de cinq points], celui de ne plus parvenir à mobiliser ses électeurs natifs alors que tout devait lui permettre de ramasser la victoire. Son pire ennemi est donc toujours elle-même et ce n'est pas la création d'un groupe parlementaire à l'Assemblée qui masquera l'évidente stérilité du vote Front National.

4 - Il était de tradition que le score du parti présidentiel aux élections législatives suivant l'élection présidentielle devait traduire la dynamique de cette dernière. en d'autres termes, le parti présidentiel devait amplifier son score du premier tour de la présidentielle ... et bah là, c'est râpé et même très bien au point qu'Emmanuel Macron se recroqueville sur les 25% de son socle électoral. Ca va être un peu court pour un quinquennat d'autant plus qu'il n'aura aucune majorité absolue puisqu'il est illusoire de croire au sursaut. Donc, voici la France a nouveau confrontée au tripartisme avec trois gros blocs : Ensemble, Nupes et le bloc national, chacun étant autour de 25%. Pour le reste, ce sont des forces d'appoint ce dont les Républicains peinent à réaliser la portée. Pourtant, ils sont devenues la force de coalition idéale, renforçant ainsi leur capacité de chantage pendant toute la mandature. Il n'est pas certain que cela rapproche les abstentionnistes des isoloirs mais c'est pourtant le terrible constat auquel on parvient en constatant la fracturation profonde du corps électoral étant précisé que le vote Nupes s'implante très fort dans des terres jusqu'alors dévolues à la droite ou les CSP+. Après l'arroseur arrosé, le dégagisme dégagé ...

5 - J'avais donc encore raison : Emmanuel Macron a été réélu par dépit et parce que personne en face n'a été jugé de capacité suffisante pour incarner le pouvoir dans un contexte international et économique catastrophique. Pour autant, c'est faire preuve d'une naïveté affligeante que d'imaginer l'adhésion au projet présidentiel. C'est d'ailleurs l'enseignement majeur du premier tour des élections législatives de 2022. La volonté de rééquilibrer le pouvoir, de mettre sous tutelle le Président de la République même si le Parlement sera instable et d'en finir avec les réformes épouvantail comme celle des retraites balaye tout sur son passage. Le second tour sera donc marqué par une victoire du parti présidentiel mais avec une majorité relative dont certains ne perçoivent pas la faiblesse. La commission des finances sera, à l'évidence, tenue par un représentant de la France Insoumise ce qui va rendre les choses encore plus difficiles. Enfin, s'il n'y aura pas de cohabitation, la Vème République va basculer dans un jeu des partis duquel elle se pensait vaccinée. Le tripartisme actuel va empêcher définitivement de profiter de l'efficacité des institutions, contraignant donc Emmanuel Macron à dissoudre à plus ou moins brève échéance. Ce n'est pas comme s'il y avait le feu un peu partout en plus ...

Tto, même pas surpris

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Commentaires
J
De plus en plus curieuse cette campagne entre un Président qui fait campagne depuis un tarmac d'aéroport en paraissant insensible à la canicule et aux incendies qui frappent la France tandis que l'essence repasse les 2 euros comme si le sort des Français ne l'intéressait pas et une Première ministre qui, hier, sur France2 dit n'avoir aucune opinion sur l'affaire Abad et qui, lorsqu'on lui demande comment elle va financer ses promesses, ne trouve à répondre sinon que ce sera financé par la croissance, même après qu'on lui a fait remarquer que la croissance semblait marquer le pas. Un peu court comme explication. On a l'impression qu'ils n'ont pas vraiment l'envie, la volonté de gagner et font tout pour renforcer l'alliance tacite avec les Républicains qui bouffent décidément à toutes les gamelles.
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