Jamais on n'aura scruté avec autant d'attention les scrutins de la députation des français à l'étranger. Jamais on n'aura trouvé qu'il y avait là un enseignement majeur à retenir sur l'évident succès à venir de la Nupes [en matière de prophétie autoréalisatrice, on aura connu meilleure efficacité], sur le désaveu flagrant de Manuel Valls ou que sais-je encore.
Jamais on aura pu mesurer, à ce stade, l'incroyable tension qui traversera les mouvements politiques dimanche soir prochain quand les premiers résultats tomberont.
A ceux que je croise et qui me demandent ce que je pressens, je réponds invariablement que j'envisage tout sauf une victoire. Une victoire ... mais de qui ? Précisément, de personne. L'abstention sera telle qu'il sera bien difficile d'expliquer que le résultat emporte l'adhésion populaire. Mélenchon réussira peut-être à démontrer qu'il est en tête au niveau national, ce qui n'aura aucun sens s'agissant d'un scrutin par circonscription. Macron pourra se féliciter d'avoir limité les dégâts même si la gifle promet d'être costaude. La France ouvrira une page d'instabilité politique et c'est là tout sauf une victoire.
Le niveau indigent, pour ne pas dire effrayant, de la campagne n'aide pas et les bourdes à répétition du nouveau gouvernement, qui est aussi charismatique qu'un proctologue qui t'annonce qu'il va falloir refaire ce dépistage prostatique, n'aide vraiment pas.
Comme je me tue à le dire, il va donc bien y avoir un troisième tour ce dimanche. Comme à chaque fois que de telles conditions sont réunies, c'est au grand défouloir qu'il faut s'attendre, ce d'autant plus que Mélenchon et ses sbires [le dernier en date tançant le Président de la République d'un "bonhomme" totalement consternant] souffle sur les braises d'un mécontentement dont il savent qu'il sera ravageur. Prétendre que la Nupes pourrait être majoritaire est trompeur pour qui connait vaguement les règles du scrutin à venir et la carte électorale. C'est donc en pleine conscience que le leader minimo créé les conditions d'une déception, expliquant déjà qu'on aura volé l'élection [à la manière d'un Trump vénézuélien] ce qui ne fera que jeter davantage d'huile sur les braises déjà ardentes. Clémentine Autain l'a d'ailleurs théorisé : si les élections ne permettent pas d'avoir le résultat escompté par cette minorité au sens démocratique, c'est par la rue qu'ils prendront le pouvoir. Amis du jeu démocratique, vous repasserez, les nombrils de Bompart, Panot, Corbière, Coquerel, Obono et Mélenchon s'estiment au dessus de tout cela.
Forcément, avec autant de boucan, difficile de trouver cette campagne constructive et pédagogique. En quelque sorte, les ambitions déraisonnables de Mélenchon confisquent le scrutin de dimanche dont il hypothèque le résultat à la hauteur de la déception inexorable qu'il fabrique lui-même comme pour s'assurer des marges de manœuvres à venir.
Pourtant et même sans cela, Mélenchon a déjà gagné quelque chose : son alliance dite populaire, à laquelle il est savoureux de rappeler qu'il ne voulait pas participer quand il s'agissait de désigner le candidat à la présidence de la République ... bref quand il y avait un trop fort aléa, devrait logiquement devenir le principal parti d'opposition dans la future Assemblée Nationale. De fait et ainsi qu'il en est désormais de tradition [depuis la présidence Sarkozy], c'est chez lui que devrait se trouver le président de la très stratégique commission des finances de l'Assemblée. Cela n'a l'air de rien mais c'est un sacré menhir dans la chaussure du Président de la République.
Libération titre donc que la Nupes est deux doigts d'y croire, ce n'est pourtant pas avec le dos de la cuillère que Mélenchon et ses affidés se donnent les moyens de faire accroire ce qui n'arrivera pas. Deux doigts c'est peu mais encore tellement, si proche mais si loin tout à la fois.
Tto, qui ne sait toujours pas pour qui voter dimanche