Ma Môman n'avait pas réalisé que la semaine prochaine, le premier tour aura délivré son verdict. Et elle est à l'image des français qui, soit s'en moquent, soit ne réalisent pas l'imminence du scrutin. En d'autres termes, les français ne sont pas dans l'élection présidentielle.
Et, comme le candidat Macron sur la vignette [photo prise ce matin dans les studios de France Inter], il y a de quoi être sinon perplexe en tout cas inquiet. D'une élection dont le désintérêt est manifeste, il ne ressort jamais grand chose de bon. Certains expliquent que c'est la faute de Macron parce qu'il est insupportable, oubliant que le peu de campagne qu'il fait devrait laisser une boulevard aux autres qui, pourtant, ne s'en saisissent pas. Pourquoi ? Parce qu'en réalité, les français se sont rendus compte d'une chose : personne n'a travaillé la moindre alternative à Emmanuel Macron, lequel surfe sur la continuité en promettant néanmoins d'ajuster la méthode. En réalité, Le Pen comme Zemmour ou encore Mélenchon n'ont pour seul programme que le "Tout sauf Macron". Un peu court ...
A ceux qui dénonçaient le concours de beauté qu'est devenue l'élection présidentielle, on ne peut que rendre les armes. Marine Le Pen a mué en Bardot des chats parce que c'est kawaï, Mélenchon reprend la posture du vieux sage dominant tout ce qui le contrarie et Zemmour est mis sous Xanax pour éviter le moindre nouveau dérapage qui pourrait achever de le faire descendre sous les 10%. Pour les autres, les strapontins suffiront.
Avec plus de 30% d'abstention, le scrutin de dimanche prochain sera dominé par l'aléa ... il suffit de demander confirmation à Lionel Jospin. Et si l'affaire McKinsey ou je ne sais quelle autre casserole s'amplifie encore, c'est même la position du candidat Président qui interroge. Comment comprendre que le seul meeting de campagne se déroule au moment où il ne peut être repris par les chaînes de télévision condamnée à l'égalité du temps de parole ? Comment envisager de confier la destinée du pays à une femme qui doit encore huit millions d'euros à celui qui massacre des ukrainiens sans aucune vergogne ? Comment croire encore le leader minimo qui passe sous le tapis toutes ses positions éruptives contradictoires au discours actuel ? Comment concevoir que la moindre responsabilité soit confiée à un illuminé puisant dans des livres romantiques le dessein d'un pays qu'il ne comprend pas ?
Nous verrons bien ce qu'il ressortira dimanche soir à 20 heures. Redite du duel de 2017, remontada furieuse d'un Mélenchon qui serait le meilleur gage d'une réélection facile, irruption improbable d'une Pecresse donnée étrillée ... point n'est besoin d'ajouter des pronostics quand rien n'est plus prévisible compte tenu du peu de cristallisation du corps électoral. Une chose est certaine : l'élu(e) le sera sans base programmatique, donc sans autorité pour aller aux élections législatives. Comme je l'annonce depuis des mois sinon plus d'un an, cette situation particulière va conduire à renforcer de façon surprenante le Parlement et la question du locataire de l'Elysée est finalement subalterne : ce sont les élections législatives qui vont tout déterminer.
Le PS aura achevé sa mue en Parti Radical de Gauche [parti d'élus locaux pesant uniquement pour former des alliances], les Républicains vont imploser en se scindant, le Front National ne parviendra pas obtenir la majorité absolue et le reste de la gauche sera en miettes. Si ce qu'il restera de LREM pourrait donc constituer le bloc le plus important, je suis persuadé qu'il n'y aura pas d'élan de sorte que, pour la première fois depuis très longtemps en France, c'est bien une coalition qu'il faudra construire avec de tels antagonismes que les français vont connaître les douceurs auxquelles les belges sont coutumiers.
Dans un monde où Poutine comme d'autres sapent les fondements démocratiques et instillent le venin de la crise économique majeure, les doutes sur la robustesse des institutions françaises tombent mal. Mais on ne choisit pas ... surtout si on s'abstient dimanche.
Tto, très soucieux