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une vie de tto
3 mars 2022

Vladimir patine et pose question(s)

Vladimir patine

C'est à Nicolas que j'ai emprunté un jeu de mots pour faire ce titre. Oui parce qu'il faut bien se dire une chose : la situation est suffisamment complexe et obscure pour que l'on puisse avoir la prétention de tout savoir, tout comprendre et même tout prévoir à l'avance. A cet égard et si tu veux éclairer ta lanterne, je t'invite aussi à suivre deux fils Twitter bien indispensables par les temps qui courent : celui de Benoït Vitkine [correspondant du Monde à Moscou] et celui de Janus qui n'est pas avare de ramener les émotions à la lettre des textes en vigueur et en discussion, ce qui évite de dire des bêtises. En cela, je le rejoins sur la nécessaire salubrité publique mentale qui devrait obliger les bavards à travailler un peu leur sujet plutôt que de faire accroire qu'ils dominent des notions auxquelles, finalement, ils ne comprennent rien.

Or donc, voici donc officiellement une semaine que la Russie a décidé unilatéralement d'envahier l'Ukraine, état souverain dont elle avait garanti reconnaitre les frontières ... ce que le dictateur moscovite avide de références historiques semble avoir oublié. Le 27 mai 1997, l'OTAN et la Russie signent l'acte fondateur OTAN-Russie liant les deux signataires sur tout un ensemble de principes mais surtout "le respect de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de tous les Etats et de leur droit inhérent de choisir les moyens d'assurer leur sécurité, de l'inviolabilité des frontières et du droit des peuples à l'autodétermination tels qu'ils sont consacrés dans l'Acte final d'Helsinki et dans d'autres documents de l'OSCE." Vingt-cinq ans plus tard, l'abysse est totale et Poutine confirme ainsi avoir démonétisé la crédibilité de la signature russe, principe néanmoins fondamental pour qui veut essayer d'argumenter juridiquement.

Sept jours donc que la Russie a craqué l'allumette, se heurte à une résistance [qu'on avait pourtant annoncé féroce] coriace, et qui met déjà en échec les artisans irresponsables d'une guere-éclair censée couronner les desseins névrotiques d'un autocrate peu habitué à ce qu'on lui résiste. En sept jours, ledictateur russe aura réussi à provoquer quasiment tout ce qui lui faisait horreur, agissant comme le catalyseur de ses cauchermars allégués pour justifier de son action macabre. Au delà de l'imepnsable pour celui qui aime tant se référer à la grandeur passée de l'émpire russe [qu'importe qu'il fut tsariste pour celui qui abhorre la démocratie], il livre au monde quotidiennement la démonstration de l'inefficacité de son armée mal préparée, d'uns stratégie hasardeuse et hésitante, d'un chapelet de promesses non tenus s'agissant d'épargner les civils ukrainiens ... au point que se joue devant nos yeux sidérés la reprise du mythe de David contre Golliath, avec Volodymyr Zelensky intronisé comme le nouveau héros de l'époque moderne face à un Poutine bouffi et tétanisé dans son palais du Kremlin où il éructe des ménaces nucléaires à tout va pour ressentir encore et toujours l'ivresse de celui qui a besoin de faire peur à défaut de réussir. L'Ukraine devait être balayée et c'est presque la Russie qui est tenue en échec. Les erreurs tactiques sont nombreuses, les couacs sur le terrain médusent les reporters de CNN qui en ont vu d'autres et rien ne va dans la communication, a fortiori quand les images de bourdes s'accumulent [hôpitaux, sites mémoriaux de l'Holocauste bombardés, missiles sur des immeubles d'habitation, etc]. La guerre des images est déjà perdue et Poutine enrage au point qu'il humilie ses responsables militaires devant les caméras, tandis que pleuvent les sanctions économiques et financières qui cornerisent la Russie pour un moment.

Oui, les mesures prises depuis une semaine sont historiques et vont probablement plus loin que n'importe qui avait pu le prévoir à Moscou, tablant sur une mésentente chronique de l'Occident et une incapacité structurelle à décider. Là aussi, Poutine pensait surfer sur la paralysie, le boomerang est revenu à la vitesse de l'éclair de sorte que le petit sourire qu'il arborait lors de la comédie du Conseil de défense d'il y a dix jours l'a quitté. Si l'invasion de l'Ukraine devait dissuader d'aller vers l'OTAN, devait renforcer l'image du grand joueur d'échec aux stratégies toujours efficaces, devait invalider la capacité de l'Europe à se mobiliser ... c'est simple : c'est carton plein mais dans l'autre sens. Vladimir Poutine a créé tout seul tout ce qui le hante. Il a même créé un héros, soudé la nation ukrainienne, resolidarisé l'Europe y compris avec la Hongire et la Pologne et donné une nouvelle vigueur à l'OTAN dont la mort cérébrale était proche au point que nombre de candidats à la présidence de la République française criaient déjà qu'il fallait en sortir [Mélenchon, Zemmour, Le Pen, Pécresse notamment]. En termes stratégiques, c'est l'échec total.

Et maintenant ? Que va-t-il faire ? C'est simple : il n'a plus le choix et c'est bien ce qui est terrible ... il doit gagner militairement pour ne pas être humilié. Paradoxalement, la faillite de son entreprise desastreuse l'oblige encore davantage à réussir. Il ne sera pas possible d'en terminer par l'humiliation de Poutine. La capitulation signifierait qu'il se mette politiquement et surtout physiquement en danger, là où les méthodes autoritaires en vogue depuis des années pourraient peut-être lui coûter cher. Toutefois, les révolutions de palais ne sont pas ce que l'on fait de plus fréquent à Moscou ... même si en 1953, il fut assez opportun de ne pas appeler tout de suite les secours quand Staline fit un malaise qui s'avérera fatal. Si les militaires sont encore sous domination de Poutine, il ne faudrait pas non plus leur donner le signe que quelque chose soit possible. Les oligarques, eux, sont tétanisés en regardant leurs yachts et propriétés filer entre leurs doigts de sorte que leur fidélité intéressée pourrait ne pas durer non plus. Bref, à moins de réussir militairement, il se pourrait bien que le temps soit à l'orage au Kremlin.

Mais pour réussir militairement, encore faut-il ne pas rencontrer d'impensables problèmes logistiques comme des pannes d'essence ou un manque de vivres qui forcerait les russes à dévaliser les magasins qu'ils croisent. Plus le temps passe, plus le succès militaire s'éloigne, surtout si les puissances occidentales réussissent à faire parvenir aux ukrainiens les armes promises. Au ban des nations, la Russie est déjà sortie du jeu politique mondial, subit toutes les admonestations et est condamnée à se refermer sur elle-même comme la Corée du Nord. Poutine, sous pretxte d'un retour à la grande Russie, va réussir à la rabougrir à la vitesse d'un missile Soyouz. Sans mauvais jeu de mots, Poutine et les intérêts russes sont devenus radioactifs. La belle image édifiée patiemment s'effondre sur tous les terrains : politiques, économiques, culturels, sportifs ... Et comble du comble, personne ne semble comprendre où va Poutine ni quelle est finalement la stratégie qui le guide.

Arrimer la Crimée autour de la mer d'Azov ? Mais alors ... pourquoi perdre autant d'énergie et de temps à Kyiv ?
Maintenir la fiction de la libeértion des russophones opprimés dans le sud est du pays ? Mais alors, pourquoi les militaires russes sont si mal accueillis ?
Décapiter le régime en place en éliminant Zelensky ? Mais alors pourquoi faire de Kharkiv une ville martyr ?
En finir avec un régime gangréné par les néo-nazis et les toxicomanes ? Mais alors pourquoi bombarder des lieux symboliques témoignant de l'horreur des combats contre les nazis au cours de la Seconde Guerre Mondiale ?
Faire basculer l'équilibre géopolitique actuel vers un choc Russie/Chine contre les Etats-Unis et leurs alliés ? Mais alors, comment expliquer l'absence de soutien affiché par Pékin au point que la Chine s'abstient lors d'un vote à l'ONU contre la Russie et que seuls quelques contrats d'achats d'hydrocarbures témoignent encore d'une relative proximité ?
Agir vite ? Mais alors, qu'est ce qui était si urgent alots que l'alignement de splanètes aurait été plus favorable en fin d'année quand Joe Biden allait perdre la majorité à la Chmabre des Représentants ?
Restaurer la puissance ancienne de la Russie ? Mais alors, comment comprendre que tout le "soft power" édifié depuis des années soit réduit à néant [les chaiînes RT ferment par exemple] et arriver à ruiner toute estime y compris pour un peuple qui n'a rien demandé et demeure finalement otage d'une clique mafieuse ?

A l'heure où j'écris ces lignes, ces questions sont sans réponse. La facilité consiste à résumer le dictateur russe à un patient atteint de maladie mentale, c'est probablement une partie de la réponse mais cela ne peut être suffisant. L'Assemblée Générale Extraordinaire de l'ONU a exigé le retrait des forces russes du territoire ukrainien hier soir, on sait bien que cela ne changera rien au martyr du peuple ukrainien dont le drapeau est ainsi fait qu'il fait référence aux champs de blé et au ciel bleu. Là, le ciel s'obscurcit chaque jour davantage, plongeant d'effroi le monde occidental qui ne pensait pas, naïvement, voir revenir les spectres d'un passé vieux de 80 ans ... ce d'autant qu'on ignore encore ce que Vladimir poursuit et s'il s'arrêtera à l'Ukraine une fois qu'il l'aura saignée [la Moldavie tremble, la Géorgie s'inquiète et les répibliques baltes appellent au secours]. C'est hélas une tradition que de considérer les terres fertiles d'Ukraine comme des "terres de sang" selon Thimothy Snyder.

Tto, qui essaye de conserver son calme et donc un peu de lucidité

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