Tu n'as pas idée du nombre de fois où l'on m'a dit :
- mais c'est quoi ces crochets qui rendent le propos incompréhensible ?
- nan mais des phrases qui font plusieurs lignes, ce n'est pas possible !
- ça sort d'où ces mots qu'on n'emploie plus jamais ?
- oh la la, tu fais un blog, c'est pas un discours à l'Académie !

Si je ne suis pas exempt de fautes d'orthographe voire de grammaire [ce qui est souvent lié au fait que je ne relis quasiment jamais ce que j'écris ici tous les jours ... tu as du premier jet !], tu n'ignores pas [parce que je radote à fond] que le style est une préoccupation particulière à mes yeux et c'est la raison pour laquelle je te l'annonce tout net on va parler de Nietzsche aujourd'hui. Et vlan ... tu venais chercher du léger avec des boxers remplis à rabord et paf, je te colle le philosophe allemand du XIXème qui donne des maux de tête rien qu'en se demandant comment écrire son nom. Sauf que tu vas être très fier de toi quand tu seras arrivé au bout du propos en te félicitant d'avoir tout compris puisque je veux pointer du doigt le fait que Nietsche, Freidrich Wilhelm de son prénom, a décliné dix règles de rédaction pour écrire avec style. Alors certes, les fainéants me diront que l'absence de style fait déjà style mais regarde bien de quoi il retourne et tu verras que si l'on applique la majeure partie des conseils en question, d'un seul coup on n'écrit ou ne s'exprime pas franchement comme les autres.

1. Le dynamisme est la première nécessité : un style doit être vivant.
2. Un style doit être adapté à la personne avec laquelle tu souhaites communiquer ... c'est la loi de la relation mutuelle.
3. Il faut déterminer précisément ce que l’on souhaite dire avant d’écrire. L’écriture doit être mimétique.
4. Etant donné qu’il manque à l’écrivain beaucoup des moyens de l’orateur, il doit par nécessité être très expressif dans sa présentation. Sinon, sa copie écrite apparaîtra beaucoup trop fade.
5. La richesse de la vie se révèle à travers une richesse de gestes. On doit donc apprendre à tout faire ressentir – la longueur des phrases, la ponctuation, le choix des mots, les pauses, la séquence des arguments – comme s'il s'agissait de gestes.
6. Fais attention aux points et plus largement à la ponctuation qui donnent des respirations, des césures ... voire des intentions. Et je ne te parle pas des "!?", "!!!" et autres "...".
7. Un style doit démontrer que l’on croit dans les idées exprimées, mais pas seulement : qu’on les pense mais aussi qu’on les ressent.
8. Plus une vérité que l’on souhaite enseigner ou partager est abstraite, plus on doit d’abord s’adresser aux sens de ses interlocuteurs pour disposer de son attention.
9. La stratégie d’un bon rédacteur de prose consiste à s’approcher de la poésie sans jamais y céder. C'est clairement transposable sur tout.
10. Ce n’est pas convenable ou intelligent d’interdire à ses lecteurs les plus évidentes objections. Il est largement préférable de laisser les lecteurs exprimer en dernier ressort la quintessence de la sagesse de l’auteur.

 Voilà ... Moïse avait les Dix commandements et fit s'ouvrir la mer pour passer, tu as maintenant la boussole de Nietzsche qui comprendre ce qui m'anime quand j'aligne les mots ici et/ou ce qui pourrait te donner un avantage certain sur tant d'autres.

Tto, qui t'aura servi du Nietzsche aujourd'hui et qui n'en est pas peu fier