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une vie de tto
15 février 2022

Le radeau de la méduse

Le radeau de la méduse

S'il y a bien une chose qui provoque dégoût, effroi et répulsion, c'est bien la méduse qu'une mauvaise réputation accompagne le plus souvent. Son caractère urticant et envahissant, son mucus gluant, et le fait qu'elle rappelle la peur ancestrale liée aux profondeurs abyssales de l'océan ne plaide pas en sa faveur malgré la curiosité qu'elle inspire chez certains passionnés qui la trouvent même fascinante. Et bien, Valérie Précresse c'est pareil et c'est même stupéfiant de se dire que la métaphore colle si bien la concernant : dégoût, gluante, urticante, flasque, molle, sans colonne vertébrale ... tout ce que j'ai pu lire concernant la méduse ne détonne pas.

Comme la méduse, Valérie Pécresse appartient aux profondeurs où elle s'épanouit et c'est en remontant à la surface que les limites de sa condition se font de plus en plus cruelles. La surface, c'est la campagne présidentielle 2022 et, alors que même Xavier Bertrand explique à qui veut l'écouter que ladite campagne n'a pas démarré puisque le Président de la République n'a pas daigné entrer dans l'arène, Valérie Pécresse est déjà abîmée de toutes parts avec des intentions de vote qui ne décollent pas. Si l'on ajoute les défections symboliques [qui peut croire qu'Eric Woerth représente encore quelque chose], les silences pesants d'un Sarkozy ayant conclu un pacte implicite de soutien pour un peu de clémence judiciaire, les couacs, les gaffes et maintenant les œillades qui ne s'embarrassent plus de pudeur sur les thématiques Zemmouriennes, il y a fort à redouter que les prédictions élyséennes ne se réalisent : Valérie Pécresse est en train d'exploser et va finir probablement plus cabossée que Fillon en 2017.

Le meeting de dimanche devait être le booster tant attendu d'une campagne qui s'essouffle déjà alors qu'elle n'a commencé pour elle que depuis quelques semaines. Patatra, le gloubiboulga de postures communicantes, le fouillis idéologique, le méli-mélo de poses toutes plus calculées et insincères ...il n,'y a rien à redire : c'est un beau plantage qui va faire les riches heures des bêtisiers et pastilles satiriques tant c'est à côté de la plaque. Et c'est peut-être cela le pire : il n'y a aucune prise de conscience de ce que l'attitude de Valérie Pécresse agit au détriment du fond. Son armée de démineurs explique qu'elle privilégie le fond à la forme, c'est presque cruel.

Du coup, elle ressort  la grosse artillerie du machisme parce qu'on la critique parce qu'elle est une femme. Pourtant non, ce n'est pas parce qu'elle est une femme, on la critique parce qu'elle est mauvaise, parce qu'elle partage avec Jean-François Copé cette caractéristique qui consiste à donner l'impression qu'elle est déconnectée et insincère lorsqu'elle s'exprime, qu'elle est aussi malléable qu'une méduse ... on y revient. Pour compenser, elle joue les caporales de circonstance en appelant à la mobilisation, raconte n'importe quoi en faisant mine de lutter contre l'immigration et maintenant le "grand remplacement" emprunté à Eric Zemmour qui n'attendait pas si beau cadeau qu'une telle légitimation. Se mettant dans la roue de celui qui siphonne son électorat, elle s'affaiblit derechef et se débat comme la méduse qui manque d'eau et qui comprend la funeste perspective de finir par sécher.

Il parait que le meeting de dimanche a été assez mal ressenti par Xavier Bertrand ou par Jean-François Copé qui voient la glissade droitière, voire la fuite en avant qui n'augure rien de bon. Les propos auraient été peu emprunts d'une collégialité susceptible de porter la candidate. Limite, les vomissements et convulsions de la droite républicaine sociale [les gauchistes du RPR en gros ou ce qu'il reste des anciens UDF] se demande ce qu'elle fait encore là. Et les yeux montent au ciel quand Valérie Pécresse indique vouloir faire de nouveaux grands meetings comme celui-ci, comme autant d'arbres qui cachent la forêt ... un peu comme la séance photo avec Edouard Balladur censée démontrer qu'elle rassemble un camp qui s'effiloche de toutes parts au point que l'ancien Président Sarkozy ne parvient pas à afficher le moindre soutien à l'endroit de celle qui fut désignée par le Congrès.

1582px-JEAN_LOUIS_THÉODORE_GÉRICAULT_-_La_Balsa_de_la_Medusa_(Museo_del_Louvre,_1818-19)

Tout ça pour quoi alors ? Pour éviter qu'Eric Ciotti, qui fait du chantage au départ en menaçant de céder aux sirènes de Zemmour, ne rallie le camp d'en face qui assiste, se frottant les mains, au délitement de l'ancien épicentre de la vie politique à droite. Pas de doute : au billard à trois bandes, Eric Zemmour est probablement en passe d'accéder à la place de finaliste tant il a abîmé Marine Le Pen qui semble autant KO qu'à la sortie du débat d'entre-deux tours de 2017 et Valérie Pécresse qui en perd tout son latin au point de jouer les perroquets désarticulé d'un discours que jadis elle abhorrait [puisqu'elle avait quitté les Républicains parce que le parti prenait des airs trop droitiers ... ça fait presque rire]. Bref, sur le radeau qui menace de sombrer, les rescapés se demandent s'il ne serait pas préférable de se mettre à l'eau avant que l'embarcation inexorablement promise aux grands fonds ne les entraine également. Surtout, le constat d'en être là maintenant, alors que l'homme à abattre n'est toujours pas là, fait froid dans le dos. Qu'est ce que ça va être quand on sera sur la confrontation ? Dans quel état va-t-elle finir alors qu'elle ne semble n'avoir à proposer que des mimiques de communicants en manque d'inspiration et des bouts de discours faisandés de Zemmour ? Comment peut-elle invoquer le machisme quand elle raille l'amateurisme de Macron en 2017 en faisant référence au fait qu'il étzit au sortir de son adolescence ? N'y a-t-il pas tout à craindre lors de la publication de son patrimoine début mars prochain ? Bref ... faut-il encore sauver la soldate Pécresse qui semble perdue dans un champ de bataille qui la dépasse ?

Comme dans le tableau de Géricault auquel je fais référence, les naufragés, pétris de peur, se disputent et font tomber leurs barriques d'eau douce dans l'océan, se reportant sur les barriques de vin pour étancher leur soif. Tu as la métaphore ? La faim, la colère, le délire éthylique poussent quelques désespérés à se jeter à l'eau ou à se livrer à des actes d'anthropophagie. Comme lors du naufrage de la Méduse on décida de jeter par dessus bord les blessés à la mer afin de conserver les rations de vin pour les hommes valides, le reste finit par périr ou devenir fou. Au total, le naufrage causa historiquement la mort de plus de 150 personnes, il y a fort à parier que Valérie Pécresse en emporte davantage par le fond. C'est précisément ce qu'attend Eric Zemmour, en embuscade, pour ramasser ce qui peut lui être utile, en bon charrognard électoral qu'il est.

Tto, pas tellement surpris

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