On a traditionnellement coutume de dire qu'en France, on n'a pas de pétrole mais qu'on a des idées. J'incline même à penser qu'on pourrait dire qu'on a moins d'idées que de candidats déclarés de gauche à l'élection présidentielle de 2022 ...
Et c'est peut-être, au delà de la dérive des ambitions égotiques des uns et des autres, un véritable problème démocratique qui ouvre la voie aux réactionnaires et nazillons de tous bois que l'on croise plus que régulièrement sur le plateau de CNews devant un Pascal Praud rassuré de vivre dans sa bulle ou une Christine Kelly toujours plus confondante d'indignité.
Que l'on dénombre aujourd'hui une dizaine d'impétrants plus ou moins certains d'y aller est un classique du genre. En revanche, que la somme des intentions de votes se rassemblant sur la tête des dix en question ne dépasse pas les 25% suffirait à n'importe quelle personne vaguement censée pour se dire qu'il y a urgence à faire quelque chose et sonner le tocsin. Oui mais pas pour la Gauche en France : parce que le bateau prend l'eau, l'idée est à 90 jours du premier tour du scrutin de voir s'il ne serait pas plus intelligent de lancer la candidature de Christiane Taubira.
Et patatra ... Patatra parce que s'il y a bien une chose dont on n'avait pas besoin avec les neuf qui ne s'entendent pas, c'est clairement de ne pas en rajouter une dixième venant encore plus braquer les ambitions purement personnelles de Mélenchon [oui, on est en plein pléonasme], d'Hidalgo, Jadot et consorts. Pourtant les passionarias de la gauche d'avant [celle qui gagnait et parvenait à s'unir] voient dans la madone Taubira le Graal permettant de conjurer les échecs chaque fois plus cinglants depuis que François Hollande est parvenu à l'emporter. C'est oublier un peu vite que Christiane Taubira a bien participé à la division de la Gauche en 2002, privant Lionel Jospin de possibilité de combattre contre Jacques Chirac. On m'objecteras qu'elle n'était pas la seule et que Chevènement aura fait autant sinon plus de mal qu'elle ... m'enfin l'Histoire semble disposer à se répéter à la différence près qu'il n'y a, aujourd'hui comme demain, aucun candidat susceptible d'espérer atteindre le second tour à gauche.
Et c'est probablement cela qui devrait interroger le placide Olivier Faure, l'écervelée Mathilde Panot [toujours prompte à excuser l'inexcusable de la part de son mentor leader minimo], l'état major vert de rage que Sandrine Rousseau fasse campagne contre la vainqueur de la primaire écolo ... la gauche a déjà intégré finalement qu'elle ne pouvait concourir pour la présidentielle donc elle occupe le terrain et chacun bande ses muscles pour exister dans le scrutin suivant : les législatives. A cet égard, la renaissance de Christiane Taubira n'a pas d'autres visées que celle-ci. Capitaliser sur le statut d'icone pour figurer le recours et agréger le maximum d'élus afin de constituer un groupe parlementaire susceptible de générer les financements nécessaires pour être plus audible que le PS n'a pu l'être lors du quinquennat qui s'achève. D'ailleurs, fondre sur la primaire populaire totalement acquise à sa cause n'est que le marchepied légitimant qui manquait à Christiane Taubira et qui fait défaut aux autres. Mais au delà du label et de la médaille, à quoi va servir la candidature Taubira sinon à déstructurer davantage une offre progressiste en quête d'idéal et rongée par des démons intérieurs ? Quel est donc le programme ? A cet égard, Montebourg passe son temps à lancer des poissons pilotes et Mélenchon est le seul à avoir un squelette de quelque chose, qui ressemble furieusement à un toilettage de celui de 2017 [pensant peut-être que c'est un porte-bonheur ...].
Le patatra est donc de l'ordre de l'inéluctable et le sang sur les murs à venir est l'évidence. Une fois la folie des ambitions personnelles passée, il faudra bien structurer un peu l'offre de gauche et probablement faire œuvre d'inventaire des erreurs du passé, des tentatives infructueuses et laisser la place à la génération susceptible de prendre la place de dinosaures qui n'ont plus rien d'autre comme capital que celui d'être des sociétaires de plateaux de télévision complaisants. Ce n'est pas de Christiane Taubira, dont il est de notoriété publique qu'elle est désorganisée et trop personnelle, dont il faut espérer un tel sursaut puisqu'actuellement elle se plait en outre à être verbeuse jusqu'à la caricature. La madone des exaltés de gauche qui voient en elle une figure christique va aider à ce que le sursaut se fasse une fois la séquence actuelle terminée. Et peut-être qu'un jour, on réfléchira aux idées, au vivre-ensemble dont la gauche avait le sens de l'évolution jadis, aux réformes utiles et nécessaires au delà des strcites évolutions paramétriques et comptables. C'est probablement de cette gauche là dont le pays est orphelin et dont Zemmour comme d'autres ont horreur parce qu'elle est la négation du conservatisme catholique bourgeois du XIXème siècle. Il faudra seulement que la gauche accepte de liquider les caciques et leurs laquais censés incarner le renouveau [Quattenens, Belliard et toute la clique] qu'ils ne sont évidemment pas.
Tto, qui a fait le deuil de la gauche pour cette fois avec une telle cohorte