Dans la série "Tto et ses problèmes de cheveux", tu as déjà eu droit à nombre d'élucubrations [tiens, tu vois, ça c'était un mot sympa à caser ... mais probablement que la traduction anglaise n'était pas si simple] tenant à la couleur de ceux-ci. Ah mais oui, quand on est brun ou qu'on a les cheveux châtains, on n'imagine pas le traumatisme d'avoir des cheveux roux quand la cour de récréation est un pugilat pour une telle différence.

Cela n'en fut que plus aggravé par le fait qu'une légende m'a collé à la peau jusqu'à mes onze ans. Une ? Deux plus justement ...
La première, c'est que ma grand-mère aurait demandé à ma mère, sur son lit de mort, de préserver mes BOUCLES parce que j'avais de si beaux cheveux. C'est clair, outre leur couleur feu, j'avais et j'ai toujours une tignasse de compétition qui fait toujours soupirer celles et ceux qui s'aventurent à vouloir me coiffer, constatant avec effroi la densité de la masse capillaire. D'ailleurs, il ne se passe jamais une séance sans que l'on m'administre le passage salutaire de ciseaux désépaississants un peu partout. Du fait de tant dé vouloume, il faut que je te précise que les BOUCLES sont abondantes. Un vrai petit mouton orange ... voilà un peu à quoi je ressemblais petit. Et surtout, en raison de la promesse faite, la logique de pin parasol a été mon quotidien pendant des années. Outre qu'à chaque visite chez le coiffeur les vieilles dames m'expliquaient qu'elles donneraient des millions sinon quinze litres de sang pour avoir ma texture et ma couleur de cheveux, je ressemblais tout de même à un Jackson 5 roux. La tignasse que j'avais pouvait sembler jolie à toutes et tous, moi je l'ai toujours détestée.

C'est là que j'en viens à la seconde légende en la matière.
Lorsque j'étais tout petit, ma mère est allée voir, pour je ne sais plus quelle raison, un magnétiseur non loin de là où j'habite aujourd'hui [à quelques centaines de mètres parait-il]. Outre qu'il lui avait conseillé de cuisiner uniquement avec du vinaigre de cidre à l'exclusion de tout autre [alors qu'un bon vinaigre de vin aillé est tellement savoureux ... au point que j'en bave en écrivant cette ligne], il lui a parlé de mes cheveux et expliqué quelque chose que je ressens assez fortement : mon énergie est puisée par mes cheveux au point que s'ils sont trop longs ou volumineux, j'ai comme un ténia. Et c'est vrai, me couper mes chères BOUCLES me donne toujours un coup de peps ... c'est d'ailleurs ce qui est radicalement arrivé autour de mes treize ans quand j'en ai eu marre d'avoir une apparence qui me convenait si peu. C'est alors que les côtés se sont raccourcis puis tout, jusqu'à aller à la brosse [qui est une hérésie puisque je n'ai absolument pas les cheveux fins], puis la boule à 3 millimètres ... je reviens aujourd'hui à une longueur qui ravit celles et ceux qui maintiennent que j'ai des cheveux magnifiques. Au surplus, avec l'effet de l'âge, je suis désormais un peu cuivré puisque le roux d'antan a cédé la place à un châtain un peu plus foncé mais les cheveux blancs viennent mâtiner cela. La dernière fois que je suis allé chez le coiffeur, celui-ci m'a dit : "Mais vous savez que faire votre couleur, y a des tas de gens qui tueraient pour qu'on leur fasse, sauf que ce n'est pas possible, c'est trop de boulot !"

C'est ça l'ironie : avoir une chance quasi unique d'avoir ce que les autres n'ont pas et vouloir autre chose. Mes BOUCLES, je te les laisse. Ma couleur aussi tant je suis fasciné par les cheveux bruns qui sont le gage d'une virilité que j'ai compensé autrement. C'est terrible de rester bloqué là dessus oui, c'est qu'avec le temps j'ai compris que ce que je suis plaît aussi voire davantage. Je fais donc avec et puis, comme le dit Zolimari : "T'as pas à décider si je te trouve beau, ce n'est pas toi qui décide. Moi j'adore tes cheveux." Bon bah voilà ... la BOUCLE est BOUCLEE donc.

Tto, en BOUCLE