Impressionné ? Oui, je l'étais vraiment et cela se voyait.
Bien que nous ayons le même âge [à quelques semaines près], nous n'avions pas tout à fait la même expérience et il le savait sans que j'ai vraiment essayé de le cacher.
Je me souviens de son regard insistant lorsque nous étions en cours d'EPS comme on disait alors. Nous laissions les machos démontrer par A+B qu'ils étaient une montagne de testostérone, capables de faire tout en force sur les agrès devant les yeux blasés du prof de sport. Il était arrivé au début de l'année scolaire et, avec l'aisance des déracinés, il s'était fait une place parce que tout glissait sur lui, y compris les tentatives d'intimidation ou de récupération. Ce jour là, tandis que les caïds s'épuisaient sur la barre fixe, j'étais assis sur le gros tapis bleu aux rebords rouges en les regardant ... jusqu'à ce que je me rende compte qu'Arnaud me fixait. Tournant la tête vers lui avec pour seule défense un sourire, il savait déjà tout l'ascendant qu'il avait sur moi. "J't'aime bien Tto". "C'est sympa merci mais moi aussi tu sais" ai-je répondu maladroitement. "Nan mais je t'aime .. bien".
Rougissant comme une pivoine ou aussi à l'aise qu'un candidat de télé-réalité dans une bibliothèque ou un musée, j'ai baissé les yeux attendant que l'orage passe et que ce moment de gène extrême se dissipe.
Plus tard, tandis que tout le monde était en train de se changer, je rangeais quelques éléments [tremplins, tapis et autres], il m'a rejoint et me dit : "Tu sais, il faut que je te parle. Arrange-toi mais il faut que je te parle." Forcément, ... ah bah voilà, forcément quoi !
Débarrassé de son jogging jaune que je ne trouvais vraiment pas beau, Arnaud s'arrangea pour déambuler dans les vestiaires tandis que je m'y trouvais encore, persuadé que j'étais seul. Funeste erreur de jeunesse ... alors oui, on a parlé puisqu'il m'a rejoint tandis que je mettais mon manteau. Il ne fallait pas avoir peur, il voulait juste passer du temps avec moi parce que je suis sympa et qu'il me trouve joli. Il peut comprendre plein de choses mais il voulait avoir une chance. Pour le coup, c'était direct.
Le seul échappatoire trouvé fut de lui proposer de me rejoindre le samedi matin quand j'allais faire du roller sur l'île de Chatou pendant deux ou trois heures depuis longtemps. C'est bien ce que nous fîmes ... mais un samedi matin de mai où il faisait trop moche et qu'il pleuvait vraiment trop, il m'invita à prendre abri chez lui ... ce qui était moins loin que chez moi.
Et là, il fut plus entreprenant. Nous étions trempés, il s'est quasiment déshabillé, m'a invité à faire pareil pour que mes affaires sèchent. Sa main toucha la mienne une fois par hasard, puis beaucoup moins par hasard. Il commença à vouloir m'embrasser sur la bouche, je me suis reculé par réflexe et puis, par terre, sous le poids de son corps, je n'ai plus eu trop les moyens d'esquiver. "J'arrête si tu veux mais tu me plais tu sais ..." me lança-t-il en retirant ses lunettes. "Mais ... tu sais, avec un garçon, je ..."essayais-je de dire submergé par l'émotion. "T'inquiète ... ça va aller tout seul. J'ai envie ..." soupira-t-il en me délestant de mon t-shirt, ses lèvres se promenant ensuite sur mon torse tandis que sa main s'aventurait ailleurs comme pour aller vérifier que l'excitation était partagée. Elle l'était ...
Oh Arnaud n'était pas le canon de beauté qui m'électrisait ... à cette époque, je ne savais pas ce qui m'électrisait, j'avais seulement besoin qu'on m'aime et je me persuadais de ne pas plaire à ceux à qui j'avais envie de plaire, la cruauté de l'adolescence. Chatain très clair, sa tête était ronde, sa bouche grande, il était grand comme moi et plus musclé bien que moins charpenté. Ayant trouvé mon sexe et l'ayant dégagé de mon caleçon [oui, je mettais des caleçons à l'époque ... j'étais un vrai mec qu'est ce que tu crois !], il me regarda et me dit : "Tu sais, on ne va pas faire grand chose mais j'ai envie de te goûter. Viens dans ma chambre ..."
Depuis plusieurs minutes, je n'avais plus le contrôle alors pourquoi continuer à lutter ... Il m'invita à m'étendre sur son lit le temps qu'il passait dans la salle de bain. "Tu vas me manger les fesses, ça te branche ?" me lança-t-il comme un défi. Je n'avais pas eu le temps de répondre qu'il était déjà parti, sûr qu'un "non" était impossible. Quelques minutes plus tard, nu comme vers dans cette chambre dont j'inspectais tous les détails en me perdant dans certaines photos, il revint. "Bah dis donc, heureusement que je reviens, c'est tout mou ça !" s'amusa-t-il avec cette assurance que je trouvais incroyable chez lui. Je le laissais approcher, il se dirigea vers l'endroit dont il avait envie, écarta les jambes pour que chacun soit de chaque côté de moi, tourna la tête en me regardant et me dit dans un soupir "Vas-y ... fais moi du bien, je m'occupe de toi pendant ce temps là" puis sa tête disparut.
Oh cela ne dura pas longtemps mais je me souviens de ce moment comme si c'était hier. Oui, rien n'avait été violent, tout avait été finalement doux et savoureux même si c'était tout nouveau. Je l'entendais soupirer, je m'étouffais quand il plaquait ses fesses sur ma bouche. "Tu me dis quand tu viens hein" lâcha-t-il à un moment, de façon presqu'incongrue alors que j'essayais de m'appliquer sans beaucoup de conviction. Manifestement, cela lui plaisait. Moi, sa langue était très agréable également.
Quand tout cela fut fini, il se releva et me regarda. "Pfffffffiou ... t'es mon premier rouquin, je ne regrette pas." me dit-il tout satisfait qu'il était alors que moi, j'étais trempé et pas seulement à cause de la transpiration. Il me donna de quoi m'essuyer, j'avais froid maintenant. Dehors, la pluie avait cessé et quelques rayons de soleil transperçaient. "Ce sera notre secret Tto mais sache que j'ai beaucoup aimé le faire avec toi."
Tout resta secret en effet et Arnaud ne changea pas de collège l'année suivante. C'est moi qui est parti. J'ignore ce qui se serait passé si. Je savais juste une chose : je ne savais pas plus ce dont j'avais envie mais j'avais compris que je pouvais plaire. Et ça, c'était déjà très important ... et très nouveau.
Tto, qui n'a jamais eu de nouvelles d'Arnaud et n'en a jamais cherché non plus