Tous les ans, j'écris à l'occasion de cette journée mondiale contre l'homophobie. Tous les ans, je me désole que des garçons et des filles, des cisgenres ou non, des individus comme toi et moi soient victimes de violences physiques et/ou morales abjectes au motif qu'ils n'aiment pas la même chose que leur bourreau qui est, souvent, horrifié de voir que certains ont eu le courage d'assumer des choses qu'ils n'assumeront jamais ... et cette preuve de ce qu'ils auraient pu faire autrement est une négation de leur vie ... donc ils usent de violences.
Le texte que j'ai écris l'année dernière m'a valu quelques retours [certains à mettre à la poubelle] pour me remercier d'avoir écrit quelque chose qui a mis des mots sur ce qu'ils/elles ont déjà vécu. Rien ne m'est exclusif, hélas et en cette période de déconfinement où les signaux sont au rouge concernant ceux qui étaient enfermés chez eux alors que leur personnalité est la cause desdites violences, il y a tout lieu de s'inquiéter et de se désoler des derniers chiffres sur la recrusdense des actes et propos homophobes en 2019. +36% en 2019 ... 1.870 victimes d'infractions à caractère homophobe ou transphobe contre 1.380 en 2018 selon le Ministère de l'Intérieur [c'est aussi +32% à Berlin par exemple sur la même période]. Les injures et outrages représentent 33% des infractions subies, tandis que les violences physiques et sexuelles concernent 28% des plaintes. Les victimes sont majoritairement des hommes à 75%, plutôt jeunes puisque 62% ont moins de 35 ans. "La typologie des victimes est intéressante, car on est en majorité sur des hommes, plutôt jeunes, ce qui pose la question peut-être de la visibilité", a réagi auprès de l'AFP, Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme l'antisémitisme et la haine anti-LGBT [Dilcrah]. Par ailleurs, les "grandes villes n'apparaissent pas comme des refuges, contrairement à ce qu'on pourrait penser, puisque 36% des plaintes y sont enregistrées". "Cela dit aussi, en creux, qu'il existe une homophobie sur l'ensemble du territoire, y compris dans les zones rurales" a-t-il poursuivi.
Voilà pour l'état des lieux ... bien navrant qui concrétise les impressions que l'on pouvait avoir à la lecture de certains réseaux où les agressions des uns et des autres étaient relayées ... bien navrant aussi en constatant le recul opéré depuis quelques années lorsque la France apparaissait comme étant un eldorado pour des tchétchènes ou des musulmans jetés des toits d'immeubles. Aujourd'hui, la France de 2020 permet de finir aux urgences rien qu'en sortant d'un bar, d'un restaurant ou en se baladant. En ce sens, la proposition de loi de Laetitia Avia [très décriée par ailleurs pour des propos ... racistes et homophobes !!] qui vise à obliger les plateformes et moteurs de recherche à retirer sous 24 heures les contenus "manifestement" illicites, sous peine d"amendes allant jusqu'à 1,25 million d'euros. Sont visées les incitations à la haine, la violence, les injures à caractère raciste ou encore religieuses. N'empêche, le sentiment est que l'homophobie s'ancre bien plus qu'on ne le redoutait, fracturant toujours plus au motif d'une différence que l'on pensait ne se limiter qu'à la religion ou la couleur de peau. C'est aussi pour cela je combats toujours les incantations à l'homophobie lorsque cela n'en est pas et qu'il ne s'agit que de se victimiser abusivement pour avoir le dernier mot ... au final, cela banalise la chose, dessert tellement la cause qu'on pourrait presque y voir une forme d'homophobie [je te concède que la mise en abîme est sévère mais à bien y réfléchir, cela a du sens].
"M'enfin, autoriser des homosexuels à avoir des enfants, ce serait tout de même faire droit à une conception très égoïste des choses et que ferait-on de l'intérêt de l'enfant là dedans ?" m'a-t-on lancé il y a moins de cinq ans. A chaque fois que je lis que des parents bien hétérosexuels ont torturé leur enfant, ou l'ont même jeté par la fenêtre ... je me rappelle de ce que cette imbécile pétrie de conceptions chrétiennes et d'une empathie auto-proclamée m'avait dit [avant d'apprendre que j'étais marié à un homme] et je me dis que Jean-Louis Bory avait raison au micro de Jacques Chancel [dans cette émission qui est la pierre angulaire de beaucoup de choses chez moi] : le pari sera gagné quand on s'en moquera comme de sa première chemise que machin soit homosexuel ou hétérosexuel. On en est loin ...
Tto, qui y pense toujours le 17 mai