Aujourd'hui, je devais te proposer le TBM puisque Melle Isa avait choisi ce jeu pour continuer. Sauf que, par manque de temps et pour tout un tas de [bonnes ou mauvases] raisons, je ne suis pas parvenu à finaliser le TBM en question auquel tu auras droit lundi. En attendant, je te propose un billet prévu en remplacement.

Dès lundi matin à partir de 10:00, le CogiTto aura exceptionnellement lieu et tu auras eu tout le wikende pour pouvoir te chauffer les oreilles afin de reconnaître les artistes composant le medley [de circonstance] que je t'ai préparé.

Ainsi donc, près de 25 millions de français attendaient la parole du chef de l'Etat dont on peut dire ce que l'on veut, le fait est que les circonstances lui offrent la posture présidentielle qui rattrapa François Hollande perdu dans la fronde et les approximations de son camp, qui auréola Nicolas Sarkozy face à une crise mondiale et qui confirma les choix de Mitterrand, Chirac ... la Vème République est à vomir peut-être pour quelques révolutionnaires du VIIème arrondissement admiratifs de Juan Branco et ses "brancoseries" ... n'empêche qu'elle offre la possibilité de donner à la parole du chef de l'Etat une résonance hors pair. En la matière, Emmanuel Macron a su faire monter la sauce comme il faut, en teasant au maximum et en laissant le champ des possibles le plus large.

Qu'on discute ou pas du contenu des annonces, qu'on choisisse de chercher je ne sais quelle polémique avec la sténotypie qui servit de support à l'allocution, l'essentiel est ailleurs ... l'essentiel dépasse clairement le nombril de ceux qui veulent se rendre intéressants à contredire ou ramener leur fraise alors que l'énergie devrait être employée à autre chose. Hier, Emmanuel Macron a essayé de rassurer le pays qui sent bien que la vague épidémique a déjà commencé à déferler, le même pays qui a pu cocher d'une jolie croix rouge la date du jeudi 12 mars 2020 comme un record en matière de krach des marchés financiers [c'est curieux, on en parlait récemment].

Tout ça pour dire quoi ? "Quoi qu'il en coûte" devient la nouvelle marotte du Président, remplaçant l'habile "en même temps" de campagne qui a fait florès depuis. C'est à cette inflexion verbale que je m'arrête ce matin pour envisager, avec toute la profondeur que les circonstances exigent, la teneur du message. Je ne suis pas prophète ni doté de capacités divinatoires : je sais simplement qu'il y aura un avant et un après. La crise financière va balayer beaucoup de choses, le choc de civilisation va s'opérer dans le cadre d'une réforme du libéralisme capitaliste au profit de comportements probablement plus eco-responsables et j'infère que les paradigmes d'avant 2020 ne soient plus vraiment en odeur de sainteté. Au delà de l'incantation personnelle, je pense tout de même que les planètes sont alignées pour que la tectonique des plaques permette de faire évoluer plusieurs choses : le renforcement des moyens alloués aux dépenses de santé, la prise en compte de contraintes environnementales, la régulation d'un capitalisme qui n'a pas tenu les promesses après la crise de 2008, la nécessité réaffirmée d'un multilatéralisme pour traiter des problèmes planétaires, etc.

N'empêche : la situation est bigrement inédite. Et c'est, précisément, ce qui en fait l'intérêt au point que les âneries de Madame Le Pen rendent plus invraisemblables les solutions alternatives que même Mélenchon n'accrédite pas. Et en plus, on a une jolie soirée électorale de prévue dimanche soir ... Y a pas à dire : cette année 2020 est passionnante même si elle regorge d'angoisses et de mise à l'épreuve en matière de résilience ! En attendant, le télé-travail commence pour moi lundi à durée indéterminée.

Tto, un peu dans tous les sens