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une vie de tto
9 mars 2020

Et encore merci

Et encore merciCe n'est pas si souvent que j'en suis destinataire alors, oui, lorsque cela arrive cela m'émeut.

Samedi midi, j'avais demandé à mes parents de venir déjeuner pour m'aider à remettre quelques plantes sur pied, à faire deux trois travaux, envisager [enfin] le carrelage des toilettes ... et revenir sur mon expédition familiale poitevine du wikende précédent.

Déjà mercredi soir, ma mère m'avait confié au téléphone qu'elle ne savait pas comment me remercier parce qu'elle n'aurait jamais pu s'y rendre, les affronter sans craquer là où j'ai essayé de faire en sorte que les choses se passent bien, que les messages soient passés et que tout aille dans le sens d'une sortie plutôt par le haut pour tout le monde que dans la discorde, les larmes et la violence.

Une semaine après, quasiment heure pour heure, nous en avons donc reparlé et, avant d'y revenir, ma mère s'est levée du canapé et est venue m'embrasser fort fort fort. Elle s'est également déplacée pour embrasser tout aussi fort Zolimari parce qu'il m'avait accompagné.

Ça n'a l'air de rien mais ce ne sont pas des mercis anodins ni banals. On peut même dire que l'histoire qui m'unit à mes parents ne témoigne pas tant que cela d'effusions de la sorte. A titre personnel, je l'ai beaucoup regretté alors qu'en plus, je reproduis le système puisque je répugne, par timidité et pudeur, à les remercier quand il faudrait le faire. On est comme ça et nonobstant le fait que j'en souffre parfois, la vie est ainsi faite. Sauf que là, le vernis a craqué, le masqué est tombé, l'arumure s'est fendue.

Il faut dire que ma mère en était tellement malade qu'elle avait des poussées cutanées traduisant le fait qu'elle n'allait pas bien du tout, n'assumant pas vraiment de m'envoyer au charbon ainsi. Ce n'est pas totalement exact puisque je me suis proposé plusieurs fois et, devant le désarroi, j'ai même choisi d'imposer le fait que j'y aille avec autorité. Il faut dire qu'à bien y regarder, je suis le seul qui n'a plus de charge affective avec tout cela, qui maîtrise les concepts juridiques en cause et qui est capable de tenir un affrontement verbal s'il devait avoir lieu. Dans ces conditions et parce que j'en ai marre de ramasser ma mère à la petite cuillère quand elle se prend une avoinée de ses collatéraux, j'ai fait le sacrifice des 800 km aller-retour pour remettre quelques pendules à l'heure. De cela, elle m'est très reconnaissante et c'est clair que je ne pense pas avoir fait du mauvais boulot même si je sens bien que mon père attendait que je fasse tout éclater ou si, secrètement, ma mère attendait que je règle quelques comptes. Je suis bien plus malin que cela ...

Or donc, samedi elle m'a encore remercié. C'est marrant comme ce mot si commun a pris une résonance si particulière, alors qu'en plus samedi, j'étais dans un état de fatigue assez intense. Oui, je me suis plongé dans l'éthymologie du mot et ce qui ressort en premier est tout de même moins gratifiant que l'action de remercier. La merci est d'abord l'action par laquelle on gracie quelqu'un, on témoigne de sa miséricorde. La merci est même un état de dépendance vis à vis de quelqu'un d'autre, voire de dépendance extrême s'il s'agit de quelque chose. Le truchement par lequel, à partir du même mot, on en est arrivé à témoigner du fait que l'on apprécie l'atttitude que quelqu'un a pu avoir pour soi procède d'une chose toute simple : le genre. La cruauté est la merci et donc le vocable en sa forme féminine, l'autre est masculine. 

Samedi donc, j'ai reçu comme un cadeau le fait que ma mère me remercie pour ce que j'ai fait pour elle et que j'avais envisagé comme étant indispensable, sinon nécessaire. Elle m'a montré ses bras, m'expliquant que depuis, elle va mieux, les stigmates de son mal-être disparaissant petit à petit. Elle a même envisagé de donner une suite favorable à ce que je lui avais suggéré : retourner dans la maison de ses parents pour y récupérer ses affaires personnelles. On dira bien que je suis orfèvre en manipulation ? Peut-être mais c'est précisément ce que j'ai expliqué à mes oncles et tantes lorsque je me suis rendu dans les Deux-Sèvres : avec le temps et un peu d'intelligence, je pense parvenir à remettre un peu d'huile dans les rouages, pour que tout cela devienne petit à petit moins de nature à avoir une telle emprise. Visiblement, tout le monde n'attend plus que cela. Je vais donc m'employer à faciliter tout cela, même si cela demande encore une énergie folle. Mais les remerciements appuyés de samedi me donnent l'impression que ce que je fais est juste et bon, et ce "merci" procure l'énergie pour continuer dans cette voie.

Tto, un peu plus serein

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