Il ne faut pas longtemps ... l'espace d'une toute petite seconde [et encore, je suis bien généreux] pour que la préparation d'une salade de fenouil ne se transforme en remake de Evil Dead version Tarantino en bad trip. Oui ... tu me croiras ou pas, j'étais en train de trancher l'ultime partie du fenouil et bim boum badaboum ou plutôt splash.

Oui je sais, ça ne tient à rien et pourtant voilà ... en quelques fractions de secondes, une bonne grosse douleur m'a bien envahi et surtout, le geyser de sang a débuté. 

Et quand je dis que ça a débuté, ça a bien débuté. Je me suis immédiatement retourné vers l'évier [oui oui, j'ai une petite habitude à me couper de façon superficielle, donc quelques réflexes] et j'ai enclenché l'eau froide. Sauf que ... te couper avec une mandoline, ce n'est pas se couper avec un couteau ou quoi que ce soit d'autre. Ca ne coupe pas un peu, ça coupe vraiment !

Autrement dit, je ne me suis pas loupé et malgré les minutes passant sous une cascade d'eau, y a rien qui s'arrangeait. C'est alors que je me suis résolu à ... appeler Zolimari [qui pourtant le dit tout le temps qu'il ne faut pas utiliser ces machins là parce que c'est dangereux et qu'il a peur, et que c'est mieux d'achter les légumes déjà découpés même s'ils sont pleins de saloperies de conservateurs et tout et tout ...]. Oui résolu parce que je savais qu'il allait me faire son couplet ... sauf que non. En fait, je me tordais tellement de douleur qu'il a compris assez vite que le pansement que je lui demandais d'aller me chercher ne serait vraisemblablement pas suffisant. 

Il faut dire que, même moi avec mes saignements de nez et tout le reste, ça commençait un peu à m'inquiéter. Du coup, on s'est translatés dans la salle de bain où le sang qui dégoulinait, c'est génial sur un lavabo blanc : on est clairement chez Freddy Kruger ! C'est alors que Zolimari a eu la première idée brillante : prendre des compresses stériles pour essayer de faire coaguler tout ça. Sauf que ... ce n'étaient pas quelques gouttes, c'était une bonne pissée de sang et des compresses, il en est passé six ou sept [je t'avoue ne pas les avoir compté parce qu'en plus, je commençais un peu à tourner de l'oeil à force de me vider comme ça]. Compressant mon pouce, avec une compresse [ah bah oui, c'est bien fait le nom des choses], j'ai commencé à me balader pour essayer de maîtriser la douleur qui ne diminuait pas. A un moment, on a été obligés de changer de compresse en urgence parce que ça dégoulinait sur mon bras. Je te laisse imaginer le tableau, d'autant que la vue du sang horrifie Zolimari. Bref ...

Avec un peu de temps, la douleur s'est faite plus supportable. Sauf que ça continuait à dégouliner tout ce que cela pouvait. Du coup, Zolimari est allé consulter Google son meilleur ami. Et Google lui a dit que passé vingt minutes si ça ne s'arrête pas, il faut vite aller consulter. Un lundi 5 août à 20h, y a pas le choix, il faut aller aux urgences. Sauf que ... moi pour couper mon fenouil, j'étais en boxer ! Il a donc fallu me rhabiller de la tête aux pieds en faisant bien attention au pouce qui jouait l'hécarlate. Bref, on y arrive : je me rends compte que Zolimari sait parfaitement m'enlever mon pantalon mais a les pires peines du monde me l'enfiler [le pantalon !!] et pendant ce temps là, la compresse se gorge de mon sang.

En quelques minutes, nous arrivons aux urgences. J'attends un peu parce qu'une dame a été amenée par les pompiers [toujours autant des Prix Nobel parfois les pompiers ... m'enfin] et du coup, comme les urgences c'est forcément saturé tout le temps de partout, il n'y a qu'une infirmière pour s'occuper de tout le monde. En réalité, il n'y a pas grand monde mais il faut qu'elle gère la dame sur le brancart, un connard qui veut monter dans une chambre rejoindre sa copine [et qui donc n'a pas compris que les visites sont terminées], un vieux dont on ne sait pas trop ce qu'il fait là, et une femme enceinte qui passe devant tout le monde parce que tu comprends elle est enceinte. Bref, les urgences ... même dans mon Versailles du 92, ça reste folklorique. Faisant le pied de grue, Zolimari accroche l'infirmière qui me fait rentrer pour qu'on fasse l'admission aux urgences, me demande ma carte Vitale [comme si je pouvais la lui passer vu que j'ai une main quasiment en sang et que l'autre est occupée à compresser ce qui peut encore l'être] et puis voilà. "Ah ? Une mandoline ? Ah oui, ça pisse le sang ça ..." me lance-t-elle avec une compassion qui défie n'importe quel attention-Whore sur Twitter. Voyant tout de même l'état de ma compresse, on file en salle pour qu'elle m'en refasse une. Elle enlève ce que j'avais ... du coup, ça décolle la plaie, donc ça repart de plus belle et elle rafistole un truc pour tenir un peu ... tenir le temps d'attente puisqu'il va falloir que je voie le médecin.

Je reviens donc en salle d'attente et c'est ainsi que commencent à s'écouler les minutes d'attente mais au bout de soixante d'entre elles, le médecin m'appelle. Je passe donc devant tout le monde [oui, la salle s'est un peu remplie ... deux jeunes jouent à la Switch et on ne voit pas bien ce qu'ils font là, un jeune enfant doit certainement avoir de la fièvre et les enfants de la dame sur le brancart sont arrivés étant précisé que le plus grand te fait admirer le début de la raie de ses fesses à chaque fois qu'il s'asseoit]. Fabrice, c'est le médecin. On arrive dans la salle d'examen ... il se met à chercher tout ce qui lui sera utile et hop ... il enlève tout ce que son infirmière a fait. Rebelotte : ça avait coagulé, donc ça repart de plus belle. Souverainement il m'annonce : "Humm ... ça va, y a pas de suture à faire !". Voyant mon soulagement, il ajoute : "Je peux en faire si vous voulez mais non, là ça va, c'est de la pulpe que vous avez coupé". En quelques minutes, il me fait une super poupée de compétition en ajoutant un pansement cicatrisant. Il m'en donne un de rechange "pour éviter que vous alliez perdre votre temps à la phamacie". Il est sympa ce Fabrice ! Du coup, le pansement est à refaire dans les 48h et après, ce ne seront que des pansements normaux. 

De retour à 22h20 à la maison, j'ai jeté le fenouil qui avait noirci depuis le temps et je t'avoue que je n'avais même plus beaucoup faim. Depuis, je suis handicapé du pouce mais ça devrait aller mieux bientôt. Du coup, je regarde à acheter un gain en acier pour continuer à utiliser l'affreuse mandoline sanguinaire [qui est quand même bien pratique quand elle ne bouge pas au dernier moment cette connasse].

Tto, estropié