Une chaleur de puteJe ne te fais pas l'article. On m'a prévenu depuis plusieurs jours : je vais avoir une canicule pour mon birthdayversaire.

Oui j'ai chaud, oui tu as chaud, oui il a chaud, oui nous avons chaud, oui vous avez chaud ... ok on a bien compris : tout le monde a chaud. Entre ceux qui chouinent parce que ça va être trop dur de défiler samedi dans les rues de Paris et que donc on va être obligé de défiler en petite tenue, ceux qui râlent parce qu'ils ne reçoivent pas assez de photos dénudées, les inspirés qui trouvent amusant de clamer qu'ils subissent 18° en Normandie et sont bourrés d'esprit en demandant si "vous n'avez pas trop chaud vous ?", décidément les réseaux sociaux ne sont pas décevants mais bien à l'image consternante de ceux qui les alimentent. 

A l'image de ceux qui croient toujours utile de la ramener quand il neige, quand il pleut ou même qui sont de grands spécialistes de questions aussi diverses qu'agitatrices du buzz en 280 caractères, bah là on a le droit aux complaintes dans les transports, on a le droit aux photos putassières faussement innocentes de leurs corps dans leur lit légendées "Oh non, fait trop chaud, je ne peux pas me lever" [créativité, quand tu nous tiens], on nous gratifie de clichés obligatoires de leur nombril [au sens propre comme au figuré] parce que tu comprends, il faut qu'ils partagent qu'ils ont chaud et qu'ils ne peuvent faire autrement que de se mettre à poil et de se photographier pour partager leur triste sort. C'est la quintessence du narcissisme qui ne perd jamais une occasion de se mettre en scène.

Et là ... je regarde passer les trop-tops-sympas-pédétwittos qui interagissent les uns avec les autres en s'encourageant, se félicitant voire s'amusant. Oh certes, tu me diras que cela ne fait pas de mal ... sauf que les créatifs en question ne sont jamais les derniers à hurler aux phénomènes de meute dont ils participent allègrement. C'est donc l'hôpital qui se fout de la charité ... un peu comme quand Le Figaro se gausse de Libé et la ligue du LOL en oubliant que Guillaume Tabard [rédacteur en chef du journal] a un comportement qui justifie aujourd'hui de sa mise à pied pour harcèlement sexuel. Des tartuffes !

Parce que moi aussi je pourrais te raconter que je fais la cuisine tout nu depuis deux jours, que je suis à poil toutes fenêtres ouvertes et que quand je déguste un esquimau je peux aussi mimer de tailler une pipe. Et je ne te raconte pas quand je mange des fajitas ou des rouleaux de printemps ...
C'est la différence entre se déverser et vivre par procuration des likes des autres. J'ai passé l'âge de me rassurer en me dévoilant [si tant est qu'il soit possible de démontrer que je l'ai déjà fait sur les réseaux actuels]. Oh bien sur, tu me feras remarquer que je regarde quand même. Toutefois, je te signale que ce n'est pas parce que l'on va de temps en temps se perdre dans un fast-food miteux que l'on doit nécessairement valider la qualité de ce qui est servi.

Si encore quelqu'un avait eu l'esprit de travestir les consignes anti-canicule en étant un peu fun ...

Résultat de recherche d'images pour "consigne anti canicule"

Ce qui est rigolo, c'est qu'à toute occasion, je meurs d'envie de dire à ceux qui viennent se plaindre de la chaleur "Hum hum ... ouais ouais, une chaleur de pute quoi !". Bon en conseil d'administration hier, j'avoue que cela aurait fait désordre.

Donc oui j'ai chaud comme toi. Oui, je trouve le comportement des gens dans les transports en commun complètement ahurissant d'égoisme [une bonne femme a refusé de se lever du strapontin alors que la rame était bondée parce que tu comprends elle a chaud elle]. Oui ... mais non la chaleur de pute n'oblige pas à être une pute-à-clic.

Tto, qui pousse sa misanthropie pour la dernière fois de la saison