2018 - LA PREMIERE FOIS

C'était une période troublée, une période où j'avançais à tâtons sans vraiment savoir si tout était cohérent ... à l'instinct. C'est peut-être quand on se pose le moins de questions que l'on fait les choses le plus finement du monde, en cohérence avec ce que l'on veut au fond, avec ce qu'il faut ou encore dans le meilleur état d'esprit.

Deux mois plus tôt, j'avais ouvert ma vraie vie à mes parents et leur réaction fut exemplaire. Pas besoin  de rajouter des larmes ou du pathos, c'était parfait. A présent, j'avais trouvé un nouvel appartement. Le deal avec Zolimari [qui avait peur] était de ne pas vivre ensemble mais j'avais trouvé à m'installer à 500 mètres de chez lui : cela nous autorisait à nous voir aussi souvent qu'on le souhaitait tout en lui préservant un peu son chez lui. C'est le jour où j'ai déménagé qu'il a accepté de faire leur connaissance.

Beaucoup de choses étaient entreposées dans la cave de mes parents. Mon lit, mes vêtements, mes verres, mes livres, mes DVD ... presque toute ma vie de jeune homme. J'avais demandé à Zolimari s'il voulait bien venir nous aider pare que je n'avais pris personne d'autre que mes parents qui avaient à coeur de m'aider et de m'accompagner. Après quelques hésitations, il accepta et me demanda comment devait-il s'organiser. "Comme tu veux" lui avais-je répondu pour ne pas le brusquer, connaissant déjà bien le personnage qui était au comble du malaise. Chemin faisant et en prenant toutes les pincettes de la Terre, je finis par lui indiquer que ce serait plus facile s'il venait chez mes parents remplir son coffre de mes affaires, évitant ainsi probablement un voyage supplémentaire. Il finit par accepter mais refusa de venir déjeuner avec eux, il arriva après le repas, lorsque les coffres avaient commencé à se remplir.

Ce jour là, il faisait beau. J'étais un peu angoissé de commencer ma nouvelle vie ailleurs, faisant le pari un peu fou que c'était le premier acte de quelque chose avec lui alors qu'il ne me donnait aucune garantie de quoi que ce soit [j'ai toujours cru en lui, depuis le premier jour et malgré toutes les embûches]. Il faisait beau et mes parents comme mon frère étaient en pleine forme ... j'avais raconté cela ici.

Ce que je n'ai pas raconté, c'est la tête que Zolimari fît quand il sortit de sa voiture pour rencontrer d'abord ma Môman qui m'aidait à mettre un carton supplémentaire dans la voiture de mon père. Tout hésitant, tout penaud, il s'approcha avec une assurance si fausse qu'elle était touchante. Il redoutait certainement quelque chose, une approche difficile ou que sais-je encore ... il n'en fut rien : ma Môman avait bu un peu trop d'apéro [on s'était donné du courage] et du coup, comme à chaque fois dans ces circonstances, elle était euphorique et rigolote. Par conséquent, ça a permit de casser la glace en un rien de temps et de mettre à l'aise Zolimari d'un coup. Rien de bien compliqué non plus avec mon Pôpa [toujours peu expansif, donc peu de risque de débordement] et mon frère n'était pas un problème.

Je me souviens que nous avons beaucoup rigolé sur le trajet pour arriver à Versailles parce que ma Môman avait sa voiture qui était trop lourde [et qui n'avait déjà pas beaucoup de reprise] donc elle se traînait et le convoi s'était étiré au point qu'il ne ressemblait plus à rien. Cela avait fait rire Zolimari de voir que sa future belle-mère faisait le pitre. Après, une fois arrivés, elle avait décidé de tout nettoyer à l'alcool pour désinfecter de sorte qu'elle avait failli intoxiquer tout le monde, son chien en premier lieu qui commençait à tourner de l'oeil.
Oui, nous avions bien ri ... mon frère étant accablé de voir que j'avais autant de verres publicitaires qu'il passait son temps à découvrir quand il ouvrait les cartons.

C'est ainsi que tout cela s'est passé, le samedi 20 juin 2009. Zolimari a franchi le pas, un pas de plus vers moi parce que j'y ai vu un signe. Ces quelques secondes où il a surgi resteront longtemps dans ma mémoire ... une vingtaine de jours plus tard, au matin du 14 juillet, il me proposa que nous nous pacsions et que nous vivions ensemble. Je ne m'étais donc pas trompé.

Tto, qui se souvient