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une vie de tto
25 février 2019

Le régulus du soir, aux intérêts sélectifs

2018 - LE REQUISITOIREVoilà longtemps que je me retiens d'écrire quelques lignes sur le ploutocrate de TMC, qui aligne les postures et arrangements avec un tel vernis que c'est branchouille donc digeste donc sympa. C'est finalement ne pas voir bien loin et se résigner inconsciemment de sombrer dans la médiocrité en se persuadant du contraire puisque le pire est ailleurs. Pourtant, entre Hanouna et Barthès, il n'y a que l'épaisseur du papier à cigarette en matière de discours et de stigmatisation. C'est simplement que l'un assume son statut de beauf populassier quand l'autre lèche les boules de son public habitué à être flatté en lui faisant croire qu'on parle de choses bien plus charpentées. En réalité, traiter du fait politique comme s'il s'agissait d'une foire n'est pas nouveau mais Jacques Martin le faisait avec davantage de talent d'écriture que Barthès qui se vautre dans la facilité du montage putassier ou la rouerie du procès d'intention ... quand il ne s'agit pas de combler le conducteur de l'émission en reprenant honteusement des séquences quasiment entièrement diffusées quelques jours auparavant comme pour feuilletonner ... quand Hanouna fait la même chose en scénarisant artificieusement la vie de ses chroniqueurs.

Ah mais attention, pas touche : "Quotidien" c'est du sens ! On démonte les plans de comm', on traque les mystifications et on lance tous les soirs la machine à donner des leçons à la terre entière en prenant bien soin de manier quelques bons sentiments que l'on foulera aux pieds une fois les caméras éteintes. Dans un entre-soi assez vertigineux où la complaisance pour les amis envahit l'espace sans aucune vergogne, tout passe bien et quasiment sans douleur à l'image d'un excellent lubrifiant pour le cerveau, on alterne judicieusement quelques perfidies avec des franches tranches de rigolades qui tapent toujours avec mesure et utilité ... jamais de remplissage inutile. Et puis, comment critiquer la machine à dégommer les fachos de tous bords ou les tartuffes professionnels ? Le seul problème, c'est que derrière le sourire figé de Yann Barthès et avec un peu de recul, on devine tout l'infatuosité du magazine d'info-tainment qui ne fait que reprendre les codes du fameux esprit Canal qui n'en finit plus de gaver les nostalgiques d'un système dont les arrières cours n'étaient pas vraiment reluisantes.

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En effet, Yann Barthès et son complice Laurent Bon ont un talent : celui de savoir produire "Quotidien" même si la vacuité d'idées commence à se voir et que le remplissage au moyen de pastilles humoristiques sonne comme un aveu de faiblesse que seul Laurent Ruquier pourrait trouver génial. Ce faisant, les cartes se brouillent et à l'instar d'Hanouna qui réorienta son "Touche pas à mon poste" vers le pur divertissement deux ans après le début, Barthès et consorts s'épuisent à trouver de nouveaux angles qui n'existent plus, font tourner les rubriques comme des ventilateurs et trouvent désopilant d'aller faire un nouveau sujet sur les fans de Céline Dion ou un concours de lanceurs de troncs d'arbres. Ce ne sera pas inédit mais qu'est ce qu'on va rigoler, y compris en écoutant Nora Hamzawi surjouer une chronique à peine écrite sans parler d'Alisson Wheeler qui court encore faire l'idiote en se mettant en scène quand Matthieu Noël ou Alex Ramires ont jeté l'éponge devant l'abîme. Oui parce qu'il faut répondre aux codes de l'émission pour y survivre : résumer cela à la boboïtude serait facile mais il est bien évident que tout ce petit monde ne quitte pas souvent le XVème arrondissement confortable des studios de Bangumi

Mercredi soir dernier, Yann Barthès recevait avec le mordant qu'on lui connaît pour ses copains Augustin Trapenard, récemment sacré meilleur intervieweur de l'année 2018 en France [c'est te dire où l'on en est ...]. Le Prix Philippe Caloni lui étant remis en partie par les anciens lauréats au rang desquels on trouve Jean-Jacques Bourdin, Thierry Ardisson, ou encore Léa Salamé, voilà Trapenard auréolé de la distinction au moyen de laquelle était soulignée le talent et l’éclectisme, en particulier dans l’exercice de l’interview ou de l’entretien. Quand on en arrive à ce niveau de cirage, on est certain que l'eau ruissellera ... et Barthès s'est donc lancé dans une interview onaniste en cirant ce qui pouvait encore l'être, demandant ici les petits trucs pour une bonne interview, là les pires moments de la brillante carrière de Trapenard [c'est parce qu'on manquait d'oxygène qu'on était à l'évidence au sommet de l'Everest de l'originalité et de la subversivité]. D'un autre côté, Yann Barthès sera bien en peine d'espérer obtenir le même prix que Trapenard, il a choisi de ne pas renouveler sa carte de presse après avoir eu des difficultés avec le Président de la Commission de la carte de presse qui s'était interrogé à l'époque sur la nature informative du "Petit journal". Le petit marquis de TMC a des amitiés complaisantes mais des rancunes tenaces. Une fois qu'on avait bien fait le tour du nombril de Trapenard [ce qui ressemblait tout de même à de l' "air-interview" à l'image du air-guitare] et tandis que tout le monde s'était tellement fait du bien au point qu'il devait en rester sur les doigts, Barthès accueillit alors Gilles Lellouche et le brillant Malik Bentalha pour un numéro de promo comme même Michel Drucker n'ose plus en faire. En cela, il faudra tout de même regarder au microscope pour apprécier les différences de style entre Hanouna et Barthès dans l'exercice de la brosse à reluire. Et comme on venait de deviser [en toute urbanité, à la limite de la conversation en fauteuil club avec un verre de bourbon à la main] sur l'excellence d'une bonne interview, on pouvait espérer au moins que le présentateur flagorneur eut un peu d'audace et qu'il s'autorise vaguement à titiller Bentalha sur les accusations renouvellées et étayées de CopyComic. Quelle naïveté ...

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Là où Barthès aurait raillé l'entourloupe d'un journaliste qui aurait fait exprès d'éviter un sujet gênant [oublions qu'il a opportunément évité de parler des derniers affres en la matière de Salamé ... qu'il produit par ailleurs], il fallait donc se contenter d'une carricature de ce qu'il conspue d'ordinaire. Rien, pas un mot là où probablement Hanouna aurait peut-être essayé une allusion faussement vacharde et lourdingue. Ah non, pas de ça chez l'ami Yann, toujours prompt à se gausser des habitudes des signatures établies de RTL, Europe1 ou France 2 mais très fuyant dès qu'il s'agit de donner des explications sur de telles entorses aux principes.
Et ce n'est pas la première fois, les exemples s'accumulant au gré des épisodes clientélistes que l'animateur vedette de la succursale de TF1 commet ... notons qu'il est désormais beaucoup plus conciliant avec les dérapages de son employeur qu'il ne l'était avant sur CANAL+.

Alors oui, nobody's perfect et même si l'on rigole bien en The Kooples dans les rayons du Bon Marché en pensant à la façon dont Barthès a encore aligné tel ou tel parlementaire, moi je ne rigole plus beaucoup de ce populisme insidieux ayant fait florès de la décadence des élites, qu'il ridiculise consciencieusement tous les soirs en suggérant la norme et la pensée unique plutôt qu'en promouvant une certaine équité et une hauteur de vue.
Barthès est tel ces roitelets qui papillonnent et qui seront finis dans quelques années, quand la mode les aura démodés [Hanouna est en train de goûter aux premiers délices de son déclassement inexorable]. Il rejoindra Delarue, Dechavanne, Fogiel et autres starlettes au nombril aspirant et maugréera sur les perversités d'un système inhumain en essayant de prospérer sur la nostalgie du temps jadis où c'était mieux hein ... Yann Barthès est vénéneux : il fait comme s'il était ton ami, ton complice et t'amène finalement à conclure que vraiment tout le monde se fout de la gueule de tout le monde, que ridiculiser les excès de certains mérite de s'acharner dans des sujets de trois minutes qui n'apportent rien d'autres que de les lyncher avec un plaisir sadique dont atteste le sourire du Monsieur Loyal [qui, du coup, n'en a que le nom]. Il cède à la facilité des mêmes artifices depuis des années sans jamais trouver l'ingénuosité du renouvellement et, en définitive, on en arrive à servir une bouillie informe qui alimente tour à tour les contempteurs des uns et des autres, trouvant là une matière inespérée qui se drappe dans l'objectivité d'un équilibre de traitement factice, qu'il s'agisse de people déclarés amis ou non. En agissant ainsi, Yann Barthès participe activement et devant plus d'un million de téléspectateurs tous les soirs au fait d'instiler un venin aux multiples facettes : donner l'illusion à ceux qui souscrivent qu'ils sont bien plus malins que les boeufs qui regardent Hanouna ou les 20h, hiérarchiser sans contre-poids certains angles de traitement de sujets complexes et en arriver finalement à ce que tout se vaut de près ou de loin. En cela, Barthès est connecté avec son époque sans toutefois en accepter toutes les règles puisqu'il esquive nombre de questions qu'il se croit autorisé à soulever pour les autres. En cela, Barthès sert aux annonceurs de TMC et de la régie publicitaire de TF1 le temps de cerveau disponible théorisé par Patrick Le Lay naguère. En cela, Yann Barthès et sa clique s'amusent à déconstruire, dans le cadre d'un club fermé aux valeurs segmentantes, des échelles de valeur et pourfendre les autorités sappées sans ménagement. En cela, Yann Barthès profite de principes démocratiques qu'il utilise sournoisement contre les institutions en faisant mine d'y être attaché mais en installant l'idée que tout est aussi légitime que tout et en se drappant dans un discours journalistique alors que Jacques Martin, comme tous les polémistes auparavant, assumaient le fait de faire rire. On plaidera que rien n'interdit le mélange des genres, j'incline à penser que du flou de la démarche il reste toujours une incertitude, a fortiori quand on s'arrange avec les principes auxquels on dit être attaché. Oui, Yann Barthès n'est absolument pas dénué d'intérêts ... mais qu'il l'assume, comme le reste.

Tto, qui serait rassuré que l'on regarde "Quotidien" pour ce qu'il est

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Commentaires
Y
Je fais mieux que de regarder pour ce que c'est, je ne regarde pas du tout, c'est mieux :)
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