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une vie de tto
15 octobre 2018

Le militant qui s'ignorait à ce point l'être

Suis-je militant ? On l'est tous ... sauf qu'en en discutant avec Zolimari, il semblerait que je le sois davantage que je ne veux bien me l'avouer. La raison ? J'ai soutenu financièrement la sortie d'une bande dessinée sur l'homoparentalité ...

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C'est sur la plate-forme [oui oui, j'ai décidé de n'écrire "plate-forme" plus que comme ça, c'est une lubie depuis la semaine dernière] Ulule que l'on m'a proposé de participer, c'est là que j'ai soutenu le projet de Mikl Mayer. Régulièrement, je soutiens tel ou tel projet, pas tous LGBTQIA, mais selon mes envies, ce qui m'évoque des choses ou que je pense utile et nécessaire.

Là, en ce moment, je suis très connecté à ce thème pour des raisons tant personnelles que sociétales, difficile en effet d'échapper au torrent de boue qui s'abat sur les ondes et les écrans ... donnant à nouveau à tout un tas de connards l'envie d'aller casser du pédé ou de libérer une parole que l'on n'accepterait moins si elle était dirigée contre une minorité visible ou religieuse. C'est un peu le paradoxe de l'époque : rien ne semble avoir jamais été si simple et pourtant l'antagonisme est plus profond qu'avant.

De cela, oui, je suis militant.
Je me souviens que dans l'interview que j'avais donnée à "Homo micro", Bertrand m'avait un peu désarçonné en m'interrogeant sur ce rôle militant qui consiste, ici, à diffuser tous les jours, des idées que je pense bonnes et qui sont, en tout état de cause, les miennes. On peut ne pas partager mon point de vue [et je demeure toujours ouvert à la discussion ... pour autant qu'on ne m'insulte pas d'emblée ni après], mais j'exprime ici ma vision des choses et mes valeurs. Cette tribune, égoïste mais personnelle, vaut bien les effets de tribune de drama-queens qui taclent les uns et les autres en 280 caractères ou les émissions dites politiques permettant à tel ou tel bateleur de raconter bien plus de sottises que moi. On est tous militants de quelque chose.

En cela, oui, je suis un militant des valeurs que je défends, la première étant d'une certaine diffusion du savoir qui évite les âneries obscurcissant le raisonnement, qui sont le terreau des fascismes de l'esprit. On peut ne pas être d'accord, on doit pouvoir discuter de tout [y compris de cet album, ou ce qui en tient lieu, de Mylène Farmer quand même ...] mais au final, ce qui prime, c'est la lumière au sens du XVIIIème siècle.
De cela, je suis militant comme je suis militant de ce qui consiste à envisager les choses avec tolérance, mesure et une dose d'équilibre.

C'est vrai que je me souviens avoir eu du mal à répondre à la question du militantisme, en direct à la radio. Je promeus des valeurs, des idées, des visions, parfois des emportements que je juge légitimes au regard d'un contexte global [entendre Rachida Dati nous expliquer que la PMA c'est mal parce que ce n'est pas bien d'élever un enfant sans les racines paternelles ... alors que bon ... le contexte obligerait à en rire si ce n'était pas désolant, navrant, accablant]

En revanche, je ne suis pas militant d'une exubérance qui me vaut toutes les avanies rituelles lorsque j'explique les distances qui sont les miennes avec la Marche des fiertés [dont je souligne néanmoins tous les ans le parcours et la date] ou encore avec, jadis, le contenu du magazine Têtu. Zolimari me taquina hier en voyant une pub pour une bière "Proud to be gay" en me disant qu'il fallait que j'en achète puisque je suis militant ! Je n'aime pas la bière et surtout, ce n'est tellement pas ma démarche.
De guerre lasse, je ne renie rien mais je ne l'exprime plus parce que je suis fatigué qu'on impose de devoir penser ou faire des choses faute de quoi on n'aurait pas la carte du club. C'est finalement faire exactement comme celles et ceux qui dénient la possibilité à deux femmes ou deux hommes d'avoir un enfant aujourd'hui au motif qu'ils s'aiment alors qu'il devrait en être tout autrement au motif que la biologie et le dogme religieux sont insurpassables. Précisément, ils le sont et ils le doivent [a fortiori dans une société laïque comme la nôtre depuis 1905].

C'est en cela que l'homoparentalité n'est pas un sujet anodin, ni restreint à la seule PMA qui agite tout le monde. Je suis convaincu que la société française ne saurait pas faire le saut quantique que Malte fit il y a quelques années en acceptant tout de go et dans une société chrétienne avec religion d'état le divorce, le mariage pour tous et l'adoption pour tous. Oui, je participe de cette idée qu'il faut laisser du temps au temps sans renier un centimètre carré de vigilance [vendredi soir, Cyril Hanouna demanda quand même à ses téléspectateurs s'ils étaient pour ou contre l'IVG ... en 2018 ... et là, les féministes ne disent rien ?]. Je participe aussi de l'idée que la banalisation apportera l'acceptation. C'est une ligne de fracture avec plein de gens, je le sais mais c'est une conception des choses que je revendique sans qu'elle ne soit exclusive d'une autre.

La PMA va polluer le débat public, va offrir aux Savonarole d'opérette les tribunes complices des médias friands de buzz à pas cher, sur le dos de celles et ceux qui se font ratonner tous les jours dans les rues de Paris. Le Président de la République peut demander que l'on respecte les consciences, il serait sain qu'il en soit ainsi pour tous puisqu'à ma connaissance, on a arrêté de brûler des versaillaises à col Claudine et petit chandail bleu marine au motif qu'elles n'étaient pas comme les autres ou qu'elles étaient "une sale race qui ne mérite rien d'autre". 

J'ai donc soutenu cette bande dessinée qui explique à qui veut bien le voir qu'avoir deux papas, c'est loin d'être un drame et c'est même préférable à avoir un papa et une maman qui se déchirent, se tapent dessus voire se défoulent [physiquement ou non] sur les enfants. J'aimerais tant que l'on ait dépassé ces débats stériles et qu'on mette davantage d'énergie sur des choses qui sont un vrai sujet plutôt que d'en appeler à l'apocalypse prochaine parce que deux mecs se sont embrassés ou qu'une femme a un enfant alors qu'elle ne vit pas comme sa voisine. J'aimerais mais je suis lucide, ce n'est pas pour demain parce qu'on laisse des esbrouffeurs proférer des horreurs et propager des idées qui tuent soit directement soit à petit feu l'essence même de ce que sont d'autres personnes qui n'ont rien demandé d'autre que de jouir d'une liberté au moins équivalente à celle des camelots de valeurs ancestrales du pays dont ils seraient les dépositaires [on oublie de rappeler qu'il s'agit là d'une auto-proclamation, donc très discutable].

C'est dans cet esprit que tu liras cette semaine un entretien que j'ai conduit avec Ludovic. Ludovic est un papa qui a combattu ces forces obscures lui déniant l'épanouissement d'une paternité, c'est un papa qui se nourrit tous les jours dans les yeux de son enfant de la fierté de pouvoir l'accompagner, c'est un papa qui a donné une famille à une petite fille.

Tto, qui est militant finalement ...

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