J'aurais pu classer ce qui va suivre dans la rubrique des contraires qui s'attirent tant Zolimari et moi sommes aux antipodes l'un de l'autre sur le sujet de la différence d'âge dans une relation.

Si moi cela ne me dérange pas le moins du monde [au même titre que le ventre ou n'importe quel autre détail anatomique hors les cheveux bruns], lui remet cet élément constamment au centre de toute discussion sur le fait que nous avons cinq printemps d'écart [et encore, si je veux être exact 1.760 jours soit 4 ans, 9 mois et 24 jours]. Parfaitement : 1.760 jours ! Donc quitte à vouloir me faire chier et me traiter de vieux machin, autant le faire avec le bon nombre de jours qui correspond. Et comme le jeunot se plaît à faire accroire qu'il y a une génération d'écart entre nous, je rappelle qu'une génération c'est 25 ans [20 selon certains sociologues] et que pour ce qui nous concerne, c'est d'un lustre dont il s'agit puisqu'au XVIIème siècle, un lustre, employé au singulier, est une période de cinq ans.
Cette durée vient probablement de l'antiquité romaine où un lustre désignait soit un sacrifice expiatoire qui avait lieu tous les cinq ans au moment du recensement, soit le recensement lui-même. 

Pour le reste et en revenir au sujet principal, la différence d'age dans un couple ne m'a jamais dérangée. Je l'ai même côtoyée depuis le début à ceci près que lorsque je vivais des histoires amoureuses avec des femmes, elles étaient systématiquement plus âgées que moi et quand je vivais des histoires amoureuses avec des garçons, ils étaient systématiquement plus jeunes que moi.

Contrairement à Zolimari, je me fous du regard que l'on pourrait porter sur moi en raison d'une éventuelle différence d'âge. Pourtant, j'ai fait très fort puisque je suis allé jusqu'à vivre onze ans avec une femme qui avait 19 ans de plus que moi ! Les discussions sur le couple Macron m'amusent donc à un point que tu n'imagines pas et j'observe que ceux qui se livrent à telle ou telle analyse en la matière ont toujours aussi peu d'imagination, prétextant la recherche d'une mère ou encore une éventuelle domination féminine [qui n'est curieusement pas d'actualité quand le rapport d'âge est inversé entre les genres].

Or donc, j'ai toujours composé avec la différence d'âge jusqu'à m'en foutre complètement tout simplement parce que l'amour est bon à prendre d'où qu'il vienne et je ne conçois pas de vivre avec mon miroir, donc profiter d'une expérience ou d'une fraîcheur qui n'est pas la mienne est toujours séduisant. Quand on vit plus de dix ans avec presque vingt années d'écart, on acquiert évidemment une certaine sérénité sur la question au point de se dire que le champ des possibles dans la construction d'une relation est large sinon très large. C'est aussi pour cela que je ne me suis jamais interdit, quand cela a pu pouvoir être envisagé par le passé, de vivre une ou plusieurs histoires avec des garçons franchement plus jeunes que moi [la différence d'âge ayant, en la matière, culminé à 14 ans].

Zolimari, lui, ne l'entend pas ainsi et c'est à l'occasion du fait que nous regardions l'émission "Couple ou pas couple" de C8 que nous avons commencé à en discuter à nouveau. Au cours de l'émission, un couple gay a été découvert et l'un des deux étant franchement plus âgé que l'autre, une quinzaine d'années. La répulsion de Zolimari pour ce qu'il regardait m'intrigua beaucoup au point que je mis le sujet sur la table. L'image que cela donnait d'un couple gay selon lui m'a permis de pointer à nouveau du doigt l'obsession de la normalité qui l'habite et surtout le réflexe pavlovien de ne pas avoir à choquer voire d'être quasiment transparent. Sans juger [parce que je sais d'où cela vient et que je connais le personnage], je me suis permis de lui expliquer que réagir ainsi, c'est précisément prêter le flanc aux raccourcis grossiers et simplistes qui voudraient qu'un couple dont la différence d'âge est trop marquée procéderait d'une part consciente ou non de pédérastie plus ou moins relative. Réagir ainsi, c'est revenir à se conformer à un modèle décidé par d'autres au nom d'une norme dont on sait bien qu'ils s'en affranchissent à la première occasion [les cas de vieux sénateurs ricains homophobes que l'on retrouve dans des chambres d'hôtel en train de se faire mettre bien profond par des éphèbes bodybuildés - ou le contraire - sont légions] et dont je réclame encore qu'on en explique les fondements. Enfin, réagir ainsi consiste toujours à devoir se placer dans une posture consistant à devoir se justifier alors qu'une histoire d'amour est ce qu'il y a de plus anodin [ou du moins, ce qui devrait l'être].

La différence est équipollente à l'amour, sinon c'est du narcissisme. Nonobstant ce que je soulignais jadis sur la tendance d'un couple gay à favoriser la ressemblance physique, on aime l'autre parce qu'il est dissemblable en de nombreux points, physiques ou non. Sexuellement, intellectuellement, historiquement, socialement, religieusement même parfois, les différences sont multiples sinon infinies et c'est précisément ce que je m'amuse à narrer dans "Les contraires s'attirent" que l'on parle de salle de bains, de cuisine, de baiser ou de shopping. Dès lors que cette différence s'exprimerait aussi au travers de l'âge et qu'il faille y trouver matière à soupçons, je m'insurge parce qu'encore une fois, je trouve singulier d'avoir à se justifier alors qu'on ne le requiert pas à l'endroit de ceux qui pourraient également avoir à le faire mais parce qu'ils seraient hétérosexuels et/ou que la différence d'age ne serait pas marquée, il ne faudrait rien dire. Effacer la différence au nom de la norme, c'est s'interdire beaucoup de choses et standardiser, au nom de je ne sais quelle morale ou convention sociale, des comportements qui ne peuvent l'être par nature.

Évidemment, Zolimari est revenu sur mes choix passés, sur le côté stupéfiant pour lui de ce qui fut mon parcours sentimental et a concédé qu'il trouvait plus facile pour moi ne pas m'imposer cette pression que lui se met dans la tête depuis tant d'années. "Ca pourrait être son père quand même" me lança-t-il comme pour me rappeler que j'avais été avec une femme qui avait seulement sept années de moins que ma mère [et qui pouvait, par certains aspects physiques, lui ressembler].
A cela, comme lorsque j'étais sorti avec un petit gars de 18 ans quand j'en avais 30, je n'ai toujours qu'une réponse : et alors ?!

Certains ont théorisé la différence d'âge et l'acceptation sociale qui en découle et le fruit de telles recherches est résumé dans le tableau ci-contre qui donne, avec toutes les pincettes d'usage qu'il convient de prendre compte tenu de ce que je viens d'expliquer laborieusement y compris au travers de mon histoire personnelle, la courbe suivante ... ton âge étant en vert et celui de ton/ta partenaire étant compris entre la ligne rouge et la ligne bleue. Tu noteras qu'à 15 ans, tu n'a pas le choix c'est 15 ans et rien d'autre. Pas de chance, même là je n'ai rien respecté du tout et j'étais déjà hors norme. Mais je ne vais pas le dire à Zolimari, il va encore faire une syncope.

Tto,  jeune, il est vrai mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années