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une vie de tto
19 novembre 2017

Transports amoureux

2017 - LA VIE FASCINEE DES AUTRES

C'est simple, on ne voyait que lui alors qu'il faisait manifestement tout pour paraître le moins possible, ou pas. Je pense surtout qu'il s'en moquait éperdument tout concentré qu'il était les yeux rivés sur son téléphone. La magie des transports en commun fait que l'on trouve toujours un bon moyen de s'échapper le plus franchement possible de cet environnement inintéressant et franchement pas passionnant.

Ce jeune homme devait avoir quoi, 23 ou 25 ans. De longs doigts sur cette peau un peu brune enlaçaient l'écran de son téléphone qui était, à ce moment là, la chose la plus importante, la prunelle de ses yeux.

Tout concentré qu'il était, il n'en était pas moins amusé voire dégainait un sourire resplendissant selon ce qui devait s'afficher sur l'écran, au gré des messages qu'il recevait à la faveur d'un réseau capricieux. Oui, c'est ça la magie des temps modernes : pouvoir s'extraire des transports en commun en étant connecté avec d'autres et discuter avec eux comme s'ils étaient en face l'un de l'autre. D'ailleurs, c'est en m'imaginant avec qui il discutait à l'évidence frénétiquement que je me mis à envisager la tête qu'il aurait s'il s'était agi d'un tête-à-tête.

Bien sur, il pourrait s'agir d'une discussion entre potes au sujet du match de la veille qu'ils avaient regardé à la télé mais je ne sais pas pourquoi, j'étais persuadé d'une chose : il y avait de l'amour là dedans. La rapidité de ses longs doigts laissait deviner un empressement propre au désir qui monte, gentiment mais sûrement, qui fait que les choses se précisent au fur et à mesure avec leur cortège de bouffées euphorisantes et de chaleur. Cette ronde, qui serait précocement nuptiale s'il s'agissait bien de cela, c'est la farandole du désir et de la drague dont on annonce la fin de l'age d'or au motif que les dérives de harcèlement seront redoutées partout et à toutes occasions. Là, si harcèlement il y avait, le moins que l'on puisse dire c'est que des deux côtés, il y a plus que du consentement. Il y a de l'envie et le fait qu'il sorte sa langue pour humidifier ses lèvres ne saurait me convaincre du contraire.

Qu'importe que les gens soient beaux ou repoussants, charismatiques ou fades, dans ces circonstances j'incline à penser que tout le monde est resplendissant et lui, sans avoir un cachet particulier sinon des oreilles un peu décollées qui donnent un côté sympa à sa bouille, est lumineux. Avec la distance, impossible d'entendre le vibreur du téléphone mais je le vois et force est de constater que les messages s'enchainent avec la frénésie d'un échange de ping-pong. Peut-être vient-il de la rencontrer et depuis hier soir, il se languit de la retrouver ? Peut-être est-il épris de cet homme plus agé que lui qui le fait marrer parce qu'il lui apporte le regard qu'il attendait que l'on pose sur lui ? Peut-être a-t-il reçu une photo très impudique de sa copine avec laquelle il vit depuis des années et qui, là, est chaude comme jamais et lui laisse entrevoir tout ce qu'elle lui promet quand il sera à ses côtés ? Peut-être reçoit-il des clichés de sa dernière étreinte dont il a autorisé la prise de quelques clichés et que cela l'émoustille ? Peut-être ...

Il faudrait être derrière l'écran pour savoir et plus ça va, plus il se recroqueville comme pour cacher son écran, comme si ce qui y figurait devait être à dissimuler. On aurait tort de croire que cette génération est impudique au point d'assumer toutes les transgressions dont celle de l'affichage pornographique des corps des uns et des autres, à commencer par le sien. En réalité, on touche toujours à un endroit qui fait jaillir la gène, c'est simplement le curseur qui varie là où avant il était de convention sociale qu'il était par nature érotiquement défendu d'afficher un bout de corps. Son corps, celui de l'autre ? Sa queue ? Ses seins ? Mais qu'est ce qui pouvait donc tant le faire pouffer et lui donner tant chaud ? Qu'est ce qui était de nature à lui faire examiner son environnement immédiat à chaque fois que le quai d'une station permettait à certains de s'engouffrer dans le wagon et donc, potentiellement, de voir plus distinctement que moi ce qu'il recevait ? Forcément, mon imagination allait clairement vers la grivoiserie imagée, vers la photo que l'on enfouit au fond de son téléphone pour éviter que quelqu'un ne tombe dessus.

Un GIF ou une vidéo avec des chats qui se cassent la figure peut-être aussi ... j'ai fini par me dire que cela pouvait être autre chose jusqu'à ce qu'à La Défense, il se leva, laissa clairement deviner une bosse sur son pantalon me confirmant alors que j'avais vu juste. En passant devant moi, son téléphone vibra et alors qu'il attendait que la porte ne s'ouvrit, le vibreur eut encore deux fois le temps de l'alerter de nouveaux messages dont il était impossible qu'il en prît connaissance là, devant tout le monde. Il regardait derrière la porte le quai défiler et son regard s'arrêta sur quelqu'un qu'il avait repéré. Le cou tendu, il savait assurément là où il devait aller ...

Le temps que la rame ne reparte, je le vis arpenter le quai, main dans la main avec une petite jeune fille blonde qui avait du rose aux joues. Il avait retrouvé son sourire et lui tenait la main tandis que je m'éloignais. Je préfère penser que c'est avec elle qu'il échangeait et qu'elle l'excitait beaucoup sinon autant qu'on n'aurait jamais pu le deviner à la regarder même furtivement. En rentrant, elle l'aura plaqué contre le mur, lui aura dégrafé son pantalon, se sera saisie de son sexe un peu humide qui a été bien excité et l'honorera de longues minutes comme sa fougue le lui permettra, confirmant tout le rose qui parsème ses joues au moment où je les perds de vue.

Tto, qui adore imaginer les gens faire l'amour

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Commentaires
M
J'adore ton imagination débordante. J'ai la même !!!! :)
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