J'ai pleuré
Depuis plusieurs années, le fait est que je pleure davantage. Ce n'est pas que ma vie soit plus triste ou moins agréable voire peu CHAMARRÉE, c'est même tout le contraire. Oui mais voilà, depuis 9 ans, je pleure quand l'émotion est trop forte, quand je n'arrive pas à juguler, quand il se trouve que je suis touché au coeur comme s'il s'était agi de m'envoyer un projectile avec la plus efficace des KESTROSPHENDONES.
Oui, je pleure davantage que je n'ai jamais pleuré dans ma vie. Samedi midi, j'ai pleuré parce que j'étais jaloux de voir qu'il était heureux sans moi, qu'il s'épanouissait sans que j'y sois pour la moindre chose, parce que me revenait dans la tête ces paroles laissées ici et là qui me laissaient à penser que je n'étais pas l'unique provider de ce qui faisait battre son coeur. J'ai pleuré par peur de revivre ce que je ne supporterai pas de revivre. J'ai pleuré parce que je ne me sentais plus à ma place, comme l'ombre de moi-même, parce que le géant que je suis a oublié que ses pieds sont en argile et qu'il ne faut que quelques degrés de plus pour que tout s'écroule, surtout si cette chaleur ne vient pas de moi.
En fait, je me surprends à pleurer : on pourrait croire que je fais comme la plus basique des filles qui utilise les larmes comme un argument destiné à l'emporter parce qu'on ne peut rien contre les pleurs. Pourtant non, ça vient comme ça. Tiens regarde, la fin du film "Les gardiens de la galaxie 2", ça m'a fait pleurer la semaine dernière, et bien en plus. Pourquoi ? Parce que le héros perd son papa et que ça fait beaucoup écho en moi. Je pleure régulièrement devant des films d'ailleurs ...
Du coup, tu me diras que c'est la honte et qu'un vrai mec ne chouine pas comme une gonzesse ? N'essaye même pas de m'entraîner là dedans ... je pense vraiment tout le contraire. C'est même curieux : je trouve cela très beau un homme qui pleure. Et surtout, c'est sain.
Je dis souvent à celles et ceux qui sont en détresse que les larmes finissent toujours par sécher, toujours. Elles ont aussi une vertu : elles remettent les choses en place, elles défoulent ce qui ne peut être géré sans. Oui, je ressors toujours avec un visage de boxeur qui s'est pris trois pêches sur chaque oeil à chaque fois et une impression d'avoir un visage qui ressemble à une framboise, mais j'en ressors apaisé même si rien n'est fait au bout du compte. Il y a toujours un avant et un après dans ces crises de larmes. Samedi midi, après dix bonnes minutes de déversement, une petite voix est venue et m'a dit "Il faut réagir maintenant", ce que j'ai fait.
Oh bien sur, cela n'a pas balayé tout ce qui m'affligeait mais déjà le genou que j'avais à terre n'est plus collé au sol et j'ai entamé la remontée. C'est toujours comme ça. Ce qui me fait pleurer sera surpassé d'une manière ou d'une autre, j'ai ma part de responsabilité c'est évident et pleurer me l'a fait admettre. Pourtant, oui cela va mieux parce que finalement, avec mes pleurs, des mots furent échangés et dans ces circonstances, je n'ai pas de filtre donc ça sort brutalement. Il faut admettre que les pleurs rajoutent au caractère percutant de la chose.
Du coup, dimanche était plus serein, presque plein de quiétude. Rien de ce qui m'effraie n'a pointé le bout de son nez et je me suis surpris à retrouver de la patience là où je ne pensais plus en avoir sous le pied. On pourra me dire que je suis émotionnellement à fleur de peau, ce serait alors faire preuve d'un sens de la psychologie inné. Il y a surtout une angoisse qui a ressurgi sauvagement et furieusement alors que je pensais l'avoir domptée. On ne devrait jamais penser pouvoir gagner contre ses démons les plus coriaces : leur couper la tête n'est même pas le gage d'une tranquillité durable, tout juste éphémère.
Tto, plus sec
CHAMARRER : verbe transitif
A − En matière d'habillement,
1. Rehausser une étoffe ou un vêtement d'ornements somptueux.
2. Au sens péjoratif, couvrir d'ornements criards, disparates ou de mauvais goût.
− "Se chamarrer de" : se vêtir de façon voyante ou ridicule.
− En particulier, couvrir de décorations, de médailles.
− Par extension, barbouiller de figures disparates. B − Au sens figuré et littérraire, agrémenter, parsemer.
KESTROSPHENDONE : substantif féminin
Dans l'Antiquité, fronde dont les deux bras étaient inégaux, et avec laquelle on lançait une flèche, un trait, au lieu d'une pierre, d'une balle.
LE MOT DU PREMIER, c'est terminé ...