La déferlante est à la hauteur de l'indignation et elle s'entend. Gilbert Rozon est entré dans la tourmente hier, Weinstein n'en ressortira pas, ici et là les #balancetonporc épinglent [sans autres preuves que celle d'une parole ou d'un tweet] tel ou tel homme. Les ligues de vertus dispensent des fatwas, des codes de bonne conduite assez sidérants et, hélas, on en arrive à entendre à peu près tout ce qu'il y a de bon et aussi n'importe quoi parce qu'il faut s'indigner, forcément.
Ainsi, on voit fleurir des juristes qui s'ignoraient nous expliquer comment il faut entendre une infraction pénale ... on observe des tableaux ou des bibles dignes d'un Savonarole de 2017 sur des sujets difficiles dont, et c'est probablement le plus grave, il serait interdit aux hommes de discuter au motif qu'ils sont hommes et qu'ils sont donc du côté de ceux qui se rendent coupables d'actes répréhensibles. Il n'y a donc que les personnes d'origine étrangère qui sont qualifiés pour évoquer le racisme, que les homos pour parler d'homophobie et donc que les femmes qui donner le la en matière de harcèlement comme de viol ou encore de sexisme. Si cela n'était pas affligeant et gravissime, ce serait CROQUIGNOLET.
Sauf que je me suis toujours méfier du manichéisme ...
Sauf que les passionaria du moment étaient, pour certaines, bien silencieuses quand on crachait à la gueule des homos quand il s'est agi de voter le fameux mariage pour tous ...
Sauf que s'arroger le privilège absolu et irréfragable d'être autorisé(e) à traiter d'un sujet, c'est finalement servir la cause qu'on dit combattre puisqu'on en poursuit la segmentation en niant le caractère universel du problème.
Qu'on ne s'y trompe pas, je ne conteste pas le droit des femmes aujourd'hui à exprimer violemment et avec force un "Y en a marre" trop longtemps étouffé, j'explique simplement que je ne vois pas bien en quoi je suis disqualifié de pouvoir en parler, voire même de contester certaines prises de position. Le faire ne revient pas à dire que je suis complice de ceux qui abusent de femmes, qui violent ou qui harcèlent.
J'ai déjà expliqué ici tout le mal que je pensais du féminisme tel qu'il s'exprime parfois dans la société française, européenne et plus largement au sein des pays dits occidentaux. Je suis le seul homme dans un service de 12 personnes et on me présente encore comme "l'homme du département" ... n'est-ce pas sexiste surtout quand cela vient de femmes qui passent leur temps à être des caricatures de ce qu'un certain paternalisme suranné se plaît à rappeler ? Et pourtant, à raison du fait que j'ai une [belle] paire de couilles et du poil au menton [critère moins discriminant s'agissant de certaines, il faut bien le reconnaître] je ne serais pas fondé à dire quoi que ce soit ? La dictature du discours fondé sur des postulats reposant sur des amalgames est quelque chose qui me révulse parce qu'on en vient à aliéner durablement la liberté de conscience et d'expression d'autrui.
Reconnaître que toutes les déclarations expliquant que "les hommes" font ceci, "les hommes" draguent comme ça, "les hommes" ne comprennent pas sont aussi abusives et excessives que l'ivresse du pouvoir qui force certains et certaines à en user pour se vider les couilles ou jouir de l'autre. Comme tout excès, je considère ces déclarations comme insignifiantes. Parce qu'enfin, la vague est telle que le tsunami en cours annonce des codes de bonne conduite vertueux qui oublient, au motif qu'il faut dénoncer des faits relevant d'infractions, qu'on en commet d'autres et notamment la dénonciation calomnieuse ou encore la diffamation. Combattre l'horreur en en créant d'autres, voilà bien une démarche qui m'interroge, qui m'interpelle. Que dirait-on s'il était procédé dans le sens inverse ? Que dirait-on s'il s'agissait d'autres choses, même moins graves ?
Je suis légaliste et très attaché aux principes. Dans le code pénal, le harcèlement sexuel constitue un délit et aux termes de l'article 222-33 du Code Pénal, il est défini comme "le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante". L'article 226-10 du Code Pénal a trait à ce que l'on appelle la dénonciation calmonieuse, laquelle est considérée comme étant "la dénonciation, effectuée par tout moyen et dirigée contre une personne déterminée, d'un fait qui est de nature à entraîner des sanctions judiciaires, administratives ou disciplinaires et que l'on sait totalement ou partiellement inexact, lorsqu'elle est adressée soit à un officier de justice ou de police administrative ou judiciaire, soit à une autorité ayant le pouvoir d'y donner suite ou de saisir l'autorité compétente, soit aux supérieurs hiérarchiques ou à l'employeur de la personne dénoncée, est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende." Une fois que tout cela est posé, on rappellera tout de même que le droit français, si imparfait soit-il, repose sur un principe clair qui met à l'abri de l'arbitraire : une accusation doit reposer sur des preuves, que celles-ci émanent d'un constat de flagrance ou qu'elles soient étayées par des éléments passés pourvu qu'ils soient recevables.
Ce que je lis ici et là, ce sont des témoignages. L'agrégation de ceux-ci pourrait amener à tirer des conclusions. Je déplore simplement qu'on confonde libération de la parole et justice, parce qu'en réalité la justice en question n'est pas une justice : les dénonciations, dont j'espère clairement qu'elles sont fondées sinon c'est terrible .. [et je n'arrive pas à me sortir de la tête que le doute persiste parce que pour moi à ce stade, la parole des unes vaut la parole de ceux qui se défendent], ne sont qu'une arme qui sert à se faire justice à soi-même. Voilà bien ce qui, à mon sens, ne correspond pas à ce que j'appelle un état de droit. L'impunité ne l'est pas plus, entendons-nous bien.
On se moquait des américains qui, dans les années 80, étaient pétrifiés à l'idée de prendre l'ascenseur avec une femme parce qu'elle pouvait alors expliquer qu'elle avait été victime de harcèlement assez facilement. On est en train de faire bien mieux ... rien que dans le tableau que j'ai publié plus haut [pour te montrer la caractère ahurissant de la police des moeurs qui se met en place], tu pourrais me dire à plusieurs reprises que je suis harceleur. C'est valable pour moi, comme pour tant d'autres qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes, de gros ou de maigres, de poilus ou d'imberbes, de gays [on en parle des échanges sur Grindr ?] comme d'héteros. Moi, je me souviens qu'on m'a brocardé longtemps, petit, à cause de la couleur de mes cheveux : ai-je demandé une loi ou encore réparation ? Ai-je souhaité me faire justice moi-même ? Certes, j'en conserve le complexe mais "faire un commentaire sur le physique ou la tenue d'une personne qui n'a rien demandé ou qu'on ne connait pas" n'est à mon sens pas du harcèlement sinon nous sommes tous coupables et c'est un rouquin ventripotent et gay qui le dit.
Tto, terrifié à tous points de vue
CROQUIGNOLET : Adjectif, registre familier ou argotique
Mignon, charmant.
Au sens ironique, bizarre, extraordinaire ou désagréable
Si je peux doubler la mise du mot proposé, je proposerais "totipotent" ! Je double les références présidentielles!