C'est une habitude que j'ai prise depuis de très nombreuses années : j'offre tous les ans un déjeuner de Noël ou de fin d'année à ma collaboratrice la plus proche. C'est rituel, c'est quasi normal je trouve et surtout je persiste à croire que c'est un moment sympa et agréable qui nous permet de choisir un endroit un peu éloigné du boulot pour discuter de plein de choses et se dire qu'on en termine d'une année riche et rassérénante.

Tous les ans, j'essaye de trouver un lieu sympa, différent tous les ans, avec des envies du moment dans un cadre un peu feutré et agréable. L'avantage de travailler en plein Paris m'autorise à avoir le choix des grands hôtels dans lesquels on peut partager un bon déjeuner, des restaurants aux adresses agréables dans lesquels déguster des mets qui sortent de l'ordinaire ... bref, ma mission de début décembre tous les ans est de trouver la bonne adresse qui va bien et c'est toujours lorsque je fais passer son entretien à ladite collaboratrice que je lui annonce le nom et le lieu. C'est une sorte de petit jeu, pas bien méchant et qui m'assure de disposer d'une convivialité tout à fait hors norme par rapport aux autres.

Parce que oui, ce rituel dont je suis l'un des seuls à m'astreindre créé inévitablement des jalousies. Pas directement à mon endroit mais en direction de mon assistante préférée à qui l'on fait remarquer qu'elle a un traitement de choix, très privilégié par rapport aux aigries qui maudissent le fait de ne pas partager ma vie professionnelle de tous les jours. C'est vrai qu'elle a une liberté de ton, qu'elle me bouscule quand il faut, qu'elle peut me dire ce que d'autres ne peuvent pas oser prononcer, qu'elle accepte toutes les roueries dont je suis capable ou les coups de Trafalgar dont je sais faire preuve. Mais comme elle me le disait, on s'en fout que ce soit compliqué parfois, c'est "trop fun de bosser avec toi, qu'est ce qu'on rigole. Je n'ai pas vu l'année passer".

C'est aussi parce que mon assistante est hors pair que je ne rechigne pas à lui offrir un déjeuner, en plus des sucreries que je lui achète pour éviter de les manger moi. C'est elle qui me coache sur mon régime à me faire les gros yeux et me passer un savon quand elle voit un paquet de gâteaux sur mon bureau. C'est elle qui lève les yeux au ciel quand je fais mon mélodrame sur des trucs insignifiants. C'est elle qui m'explique que je suis très méchant quand elle essaye de me faire dire que son mari, "il n'est pas possible hein" et que par solidarité masculine je lui dis qu'il ne doit pas avoir la vie facile avec elle. J'aime l'interaction que nous avons ensemble, j'aime aussi la faire marcher, j'aime quand elle m'explique que décidément je suis le meilleur chef parce que j'ai bâché quelqu'un au détour d'une phrase de façon assassine avec un sourire carnassier. Aux yeux de ses collègues, elle est à plein de privilèges parce que tout le monde sait que je la défends [même si je peux aussi lui demander de la mettre en sourdine sur certains trucs sans importance] et que je tiens parole dans tout ce que je fais. Et en plus, elle peut me demander de m'habiller avec la chemise qu'elle préfère dans ma garde-robe aujourd'hui.

En cette fin d'année 2016 où je lui ai demandé pratiquement deux fois par semaine de bien vouloir préparer ma lettre de démission ou sinon je me suicidais [tu verrais les yeux noirs et exaspérés qu'elle me jette à cette occasion], j'ai plaisir ce midi à aller partager un repas avec elle. Les autres bavent, on m'explique que l'étiquette à la Compagnie chérie fait que cela ne se fait pas souvent [autrement dit, "tu ne devrais pas, c'est pas bon pour ton image"], et pourtant je m'en fous : j'aime bien cette tradition de se dire qu'on va prendre du temps, on va se faire plaisir et puis voilà.

Je me fous tellement du qu'en-dira-t-on ... 
La preuve, demain je viens au boulot en pull de Noël : ils sont tous à s'accroehr aux branches, redoutant à l'avance ce qu'ils vont voir !

Tto, chef assez pas mal il parait

L'avant dernier Papa Noel de demain mérite que tu résolves ces trois définitions :
1/ Après le "Q", c'est le ...
2/ Le Jean qui a fait les grandes heures des "Grosses Têtes" avec Jacques Martin, c'était ...
3/ Avec une aiguille, il faut toujours du ...
4/ La fameuse brasserie de l'avenue du Boulevard Saint-Germain