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une vie de tto
28 novembre 2016

Courage (c'est) Fillon !

Fillon

Sans contestation possible, ni sans que le moindre appel ne puisse être interjeté, François Fillon a donc été désigné hier soir. Depuis dimanche dernier, le faiseur de roi Sarkozy avait sonné le glas des dernières ambitions d'un Juppé douché par le décalage existant entre la réalité et des sondages laudateurs.

Bon bah, au moins, on sait. Et finalement cela complète l'affiche, un nom restant néanmoins à trouver d'ici fin janvier 2017 pour savoir qui la gauche enverra à l'abattoir. Avec Marine Le Pen [qui feint opportunément d'oublier régulièrement son patronyme], Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et maintenant François Fillon, la liste de cinq s'affine ... les cinq qui veulent l'une des deux places de finalistes. Le reste, ce sera de la littérature et même quasi exclusivement de la tactique électorale pour négocier des circonscriptions pour les législatives qui suivront.

La droite a donc son champion qui a réussi le tour de passe-passe de se faire passer pour presque neuf alors qu'il était aux responsabilités il y a pile 5 ans ! Une main-mise sur les thèmes d'un libéralisme décomplexé, sur des sujets sociétaux un peu casse-gueule et une ambition de jouer les liquidateurs d'une démocratie chrétienne aux manettes depuis 1974 : voilà finalement ce qui a plu à cet électorat, enivré de ces fumets du temps jadis où l'on pouvait réformer la France, où les corps intermédiaires ne servaient pas seulement à empêcher la machine de tourner à plein régime, rassuré du retour de ces valeurs travail et famille qu'on a trop longtemps sacrifié sur l'autel d'ambitions personnelles dans lesquelles la gauche et le chiraquisme se sont vautrés ...

Oui qu'on ne s'y trompe pas : Sarkozy a été vidé dimanche dernier, mais hier c'est tout le chiraquisme qui a été liquidé. La fracture sociale ou le gaullisme post-pompidollien sont désormais à ranger sur l'étagère des dogmes d'un autre temps. Bien qu'en politique depuis 1976, François Fillon promet la rupture [comme tant d'autres avant lui] et joue sur la corde churchillienne en annonçant des larmes. Avec lui, la récréation est terminée à telle enseigne que Marine Le Pen passe pour une dangereuse soixante-huitarde horrifiée par un programme ultra-libéral [qui était, en substance, assez proche de celui de son père en 2002 pourtant]. Le Pen veut protéger la classe ouvrière contre l'ignoble Fillon qui promet de ratiboiser le modèle social à la française [jusqu'à réorienter violemment la Sécurité Sociale, comme on l'a appris jeudi soir dernier].

Forcément, ça va libérer de la place au centre et à gauche. C'est la petite musique du Président Hollande depuis mai 2016 : plus fort que le "au secours la droite revient !", on est passé à "au secours, ils vont tout casser !", ce qui n'est presque pas caricatural. Pape de la sociale démocratie, François Hollande espère trouver là un peu d'air, asphyxié qu'il est de toutes parts jusqu'à son propre Premier Ministre qui n'en peut plus. Emmanuel Macron entend hypothéquer le centre, qu'il soit de gauche et de droite mais pour cela, il va falloir dévoiler un jour le début de prémices de commencements d'un programme qui soit autre chose que du marketing ultra-brite qui plaît aux superficiels qui conspuent régulièrement en croyant encore qu'ils sont modernes et qu'ils ont tout compris. Jean-Luc Mélenchon veut croire que ses sondages ne s'expliquent pas seulement par l'absence de campagne à gauche, plus dur sera le réveil.

Seul François Fillon peut espérer disposer d'une majorité parlementaire, les Le Pen, Hollande, Macron et Mélenchon n'y parviendront pas. C'est bien cela le drame : le quinquennat finit, en 2017, d'achever ce qu'il restait de souffle de la Vème République. On va friser la cohabitation et en tout état de cause, avoir une majorité à l'Assemblée qui ne sera pas absolue. L'élection présidentielle ne conditionnera pas autant les législatives qui suivront, avec un Front National avec une centaine de députés. Le tripartisme en germe depuis cinq ans va éclater au grand jour, et le retour des combinaisons desquelles le scrutin majoritaire nous avait mis à l'abri va faire son grand retour, Fillon ne pouvant raisonnablement endiguer la progression frontiste en rassemblant son camp sur le programme déployé lors des primaires.

Courage donc ... le premier acte vient de s'achever. Dans dix jours, François Hollande aura confirmé qu'il y va et la tragédie de Solférino pourra donc se dérouler comme prévu, comme un suicide collectif entamé il y a plusieurs années. Il sera trop tard ensuite pour regretter ...

Tto, incertain

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Commentaires
E
Je pensais que tu allais nous dire que la désignation de Fillon ouvrait un boulevard à Hollande :) mais finalement c'est toi qui est churchilien...
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P
Vous êtes un brillant analyste politique ; bravo .
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