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une vie de tto
27 octobre 2016

Y a plus Télé

2015 - REQUISITOIRE

On peut penser ce que l'on veut de Vincent Bolloré, de l'esprit Canal, du retour de Jean-Marc Morandini ou des pitreries consternantes de Cyril Hanouna, le fait est qu'on atteint ces jours-ci un niveau rarement atteint même par Jean-Marie Messier [qui, Dieu sait, avait mis du sien pour mettre le boxon dans une machine qui ronronnait très bien] en matière de destruction pure et simple.

Si je revendique clairement le droit de Vincent Bolloré, en qualité de premier actionnaire de Vivendi [et seulement premier ... c'est à se demander ce que font les autres d'ailleurs], à définir une trajectoire ou une stratégie pour l'entreprise qu'il dirige, la légitimité du pouvoir ne peut s'affranchir de façon idiote d'un partage de cette vision, sauf à faire de celle-ci une création hors-sol purement fantasmée qui ne sert à rien. Depuis qu'il a décidé de prendre les rennes du Groupe CANAL+, le moins que l'on puisse dire c'est que Vincent Bolloré s'est quand même planté sur toute la ligne et qu'il ne semble pas décidé à revenir à la raison.

Toutes les options, organisationnelles comme les orientations relatives aux programmes, se révèlent être dignes du plus simple amateurisme navrant et s'alignent les unes les autres comme s'il devait s'agir d'un chapelet de conneries. Du limogeage à grands frais [27 M€ d'euros pour la seule année 2015] des figures de l'ancienne équipe parties renforcer la concurrence directe aux mises à l'antenne de programmes ahurissants qui feraient passer ceux de l'ancienne Direct8 pour du Jean-Christophe Averty tant on touche le fond, c'est bien simple : tout a été fait dans les grandes largeurs pour planter l'ensemble et répandre une odeur de sapin tenace dans les couloirs de la chaîne qui n'en finit plus de sonder les abîmes de l'audimat quotidien, de perdre des droits sportifs et d'ouvrir autant de foyers susceptibles d'embraser ce qu'il reste encore de l'image jadis idéalisée d'un groupe qui plonge tant qu'il va bien finir par trouver du pétrole.

On a beaucoup glausé sur les plages en clair de CANAL+, sur les Guignols ou encore sur le fameux "Grand Journal" qui ne sont finalement que des épiphénomènes : le vrai problème étant que Vincent Bolloré et son affidé aveuglément servile Maxime Saada n'ont eu de cesse depuis 18 mois que de soutenir ou favoriser avec une générosité qui confine à l'acte anormal de gestion permanent la concurrence directe d'un Groupe dont on disait il y a encore quelques mois qu'il était en position dominante ! Donner à TF1 reconnaissante toute la branchitude d'un Yann Barthès pour faire décoller à nouveau une TMC moribonde désormais susceptible de damer le pion à C8, il fallait vraiment être sacrément con ! Laisser filer les droits d'un championnat étranger de football pour autoriser SFR à devenir une alternative alors que CANAL+ n'a toujours pas digéré BeInSport, il faut vraiment être particulièrement demeuré ! Laisser Cyril Hanouna faire et défaire la grille de C8 au gré de ses petites envies de marquis audimaté de pacotille et rendre dépendante la chaîne, il faut vraiment ne rien comprendre au début des prémices du commencement de la télévision ! Dès lors, les inepties succédant aux stupidités quasi délirantes donnent le vertige et l'on se demande bien ce que le CSA attend pour rappeler à Vivendi ses obligations en qualité de propriétaire de sociétés détentrices d'autorisations d'émettre ... 

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Et le cas d'I>Télé est particulièrement saisissant ! Voilà une chaîne que Bolloré n'aime pas puisque sa rédaction a l'outrecuidance de ne pas vouloir s'inféoder aux diktats calculés de l'actionnaire qui aimerait la voir se transformer en département marketing de la publi-information de la galaxie CANAL/VIVENDI/BOLLORE. Sauf que ... les chaînes d'information en France, comme les chaînes qui proposent des programmes d'information, sont astreintes à des obligations déontologiques que la magnat des concessions de ports africains goûte assez peu. Le pluralisme ? Quelle drôle d'idée et depuis quand fait-on des affaires ainsi ... Du coup, méthodiquement, Bolloré a placé à la tête d'I>Télé, à l'envie le patron de Direct Matin, une recalée, un patron de la rédaction [très proche des milieux traditionnalistes] qui ne comprenait rien au fonctionnement de l'info en continu, un animateur dont le casier judiciaire s'annonce aussi chargé que les analyses d'un coureur du Tour de France et toute une série de gens qui gravitent autour du cadavre pas encore tout à fait mort de la chaîne. Les talents s'en vont, l'âme de la rédaction aussi ... Bolloré attend patiemment que plus rien ne soit sauvable pour prononcer le décès clinique et tout mettre à la poubelle afin de lancer artificieusement une CNEWS qui réinventera le concept de l'info low-cost [dont on pensait quand même que BFM avait poussé le concept très loin]. Accumulant les erreurs de jugement, les fautes tactiques grossières et les humiliations aussi vaines qu'improductives, Bolloré et ses cow-boys ont agité le chiffon rouge devant des journalistes aussi remontés que des taureaux furibards [on sait bien que cette profession n'est pas docile ... il faut vraiment être crétin pour se persuader que ce ne sera présentement pas le cas]. Ainsi vogue donc le bateau ivre d'une I>Télé moribonde qui a vu débarquer Morandini la semaine dernière pour une émission aux confins de ce qu'un stagiaire de NRJ12 associé à ceux d'AB Productions aurait pu faire de mieux, avec déjà au bout de deux jours des informations erronées et des bidonnages grossiers.

Tout cela ne serait pas si grave si ... CANAL+ ne soutenait pas à bout de bras la création cinématographique française qui, de fait, va suivre la dégringolade du Groupe [on annonce encore des chiffres incroyables sur les pertes d'abonnés]. Tout cela ne serait pas si grave si cela n'altérait pas el pluralisme du débat politique à la veille d'échéances cruciales. Tout cela ne serait pas si grave si Vincent Bolloré faisait preuve de ce qui grandit, d'un peu d'écoute plutôt que de s'emmurer comme un acharné que seule la fierté semble encore guider. Tout cela ne serait pas si grave si Vivendi n'était pas en position de vaciller encore davantage alors que c'est l'un des champions de l'industrie culturelle à la française. Tout cela ne serait pas si grave s'il ne s'agissait pas de l'image d'une certaine forme de création dont j'ai déjà dénoncé la sur-évaluation contemplative mais création quand même. Tout cela ne serait pas si grave s'il ne s'agissait pas tout bêtement d'un énorme gâchis. Tout cela ne serait pas si grave si Vincent Bolloré s'entourait enfin de professionnels susceptibles de remonter la pente plutôt que de branquignoles qui n'ont pour seul atout à ses yeux que d'être des laquais zélés. En cette journée mondiale du patrimoine audiovisuel, tout cela ne serait pas si grave si cela allait bien se terminer. Hélas ...

Tto, subjugué

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