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une vie de tto
6 octobre 2016

Parler beaucoup de soi peut être un moyen comme un autre pour se cacher.

Au gré de cette discussion à bâtons rompus au sujet du labeur qui m'occupe ici quotidiennement, je me suis souvenu de cet aphorisme de Nietzsche, logé dans un coin de ma tête et dont je me rappelle à chaque fois que je croise quelqu'un qui se répand tellement savamment que je décèle la même technique que la mienne : il n'y a qu'un fou qui en reconnaît un autre.

L'abondance artificiellement créée aide beaucoup à masquer la forêt de ce qui doit être caché. Et finalement, écrire ici tous les jours ou lancer autant de contre-feux dont s'aveuglent les papillons curieux mais peu habiles qui m'entourent pour déjouer la manoeuvre m'offre un peu de répit. C'est rigolo parce je trouve que la ficelle est grosse et pourtant, ça passe, presque tranquillement.

D'ailleurs, une collègue qui est presque une amie [fichtre diantre ... voilà un autre problème tiens !] m'en faisait la remarque alors que nous devisions sur nos wikendes respectifs et que, comme à l'accoutumée, j'ai été peu disert voire totalement vague [doux euphémisme]. "En fait, si je ne te pose pas la question clairement du genre "Et toi, tu as fait quoi précisément ce wikende ?", tu ne me diras rien !!" me lança-t-elle devant une autre qui s'était contentée d'une formule laconique. Me coincer n'est pas chose aisée et me faire parler quand je ne l'ai pas moi-même décidé relève de l'exploit puisque je ponctue les échanges d'un redoutable sourire de petit con auquel il n'est possible de répondre qu'au moyen d'une exaspération irrépressible. Bah oui ...

Et en réfléchissant à la discussion sur le rythme quotidien de mes publications [décidément, on m'en parle souvent ... presque plus que le fond bleu jadis !] et cet épisode sur le dernier wikende, j'en suis venu à me demander si cette technique de louvoiement qui me fait ressembler à une anguille de compétition n'est pas finalement une médaille dont le revers me convient de moins en moins. Me cacher, oui ... c'est toujours un réflexe parce que je ne suis jamais aussi à l'aise que tapis dans l'ombre. Honteux de ce que je suis, non, j'ai cessé de l'être. Parfois ressurgit mon complexe capillaire, ce prénom qui donne tant lieu à des sobriquets faiblards et peu originaux ... mais il faut avouer que cela dure moins longtemps qu'avant. Toutefois, je suis lucide : ils auront toujours une prise sur moi, comme toutes les choses qui me hantent et fondent sur moi quand elles surprennent moins de vivacité de ma part à les repousser. J'aurai, je le sais, toujours peur d'être abandonné, toujours peur de ne pas plaire, toujours peur d'être trahi.

Me cacher ou, plus exactement, ne pas verbaliser avec autant de clarté que j'exige des autres ce que je suis et ce que je pense est surtout un doute. Je doute toujours d'autrui, toujours de ce que l'on pourrait faire de ce que je livre de moi ... contre moi. Parce qu'au final, quand je déboutonne les boutons de mon pantalon, quand je baisse la garde, quand je me livre, je n'ai alors plus de défenses : je suis vulnérable. S'il y a bien une chose qui m'épouvante, c'est bien cela et celles et ceux qui m'ont croisé dans ces moments là savent que le constat est bien celui-là. Je me souviens de ces instants ténébreux où tout pouvait basculer, où j'ai eu la chance de tomber sur des gens bienveillants qui n'ont pas essayé de profiter de la situation. C'eût pu être le contraire ... 

Alors oui, comme autant de lignes Maginot, je dissipe un écran d'une fumée tenace, j'allume autant de diversions comme un Gérard Majax concentré à divertir l'attention. Rares sont ceux qui me poussent dans mes retranchements, ou qui ont le courage de s'exposer à la violence contenue mais sèche du mur qui se cache derrière la forêt elle-même camouflée derrière ces petits arbres hypnotisants.
Ce que je raconte pourtant n'est pas feint ni artificiel : c'est aussi ma vie mais j'accompagne ton attention lecteur, je guide ton esprit pour éviter que tu vois autre chose. Je contrôle ce que je ne veux pas que tu vois, je décide unilatéralement ce que tu dois savoir ou comprendre, je n'explique le double-discours que de certains billets en utilisant mon nez de clown pour te donner du grain à moudre. Mais, il en reste crois-moi. End 'autres termes, je ne me travestis pas.

Je crois que ce jeu me fatigue parfois ... Oui, c'est un jeu parce que je suis manipulateur et définitivement machiavélique dans le sens le plus honorable du vocable. Ce jeu flatte mon ego de joueur. Et de temps en temps, je me mets en danger en faisant des choses incontrôlées ... La dernière fut un test sur ma dark-side. J'ai failli le publier dernièrement encore et puis j'ai renoncé quelques minutes avant. Je n'ai pas peur de ce que tu y liras, beaucoup y verront une vanité exacerbée. J'ai surtout peur de ne plus pouvoir me réfugier derrière certains rideaux confortables une fois que tu auras compris comment j'agis.

Un peu comme aujourd'hui en fait, j'ai beaucoup parlé mais je ne t'ai pas dit l'essentiel.
Comme le disait aussi Nietzsche, "Chez les hommes durs, l’intimité est affaire de pudeur — et c’est quelque chose de précieux."

Tto, mystérieusement couvert et pudique

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Commentaires
C
"Tapis dans l'ombre". Tu crois être caché mais peut être que tout le monde s'essuie les pieds sur toi...
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