Les façons de le dire sont nombreuses et finalement deviennent banales puisque les réseaux sociaux s'amusent à banaliser le traitement de l'information à la façon tabloïds britanniques. Pourtant, là on peut y aller de bon coeur : "l'arroseur arrosé", "la roue tourne" et autres "on tombe toujours par là où on a pêché" ... Oui vraiment, le syndrome Patrick Sabatier rattrape le sémillant Jean-Marc Morandini qui règne depuis plus de quinze ans avec ses accroches bloguesques racoleuses, ses scoops qui n'en sont pas et son malin plaisir à dézinguer ceux qui ne lui reviennent pas. 

Le traitement de l'information est pushy [doux euphémisme] et ça tape régulièrement sous la ceinture, en s'essuyant les pieds sur la déontologie et les bonnes manières. Pour celui qui s'est fait les dents blanches aux côtés de Pascale Breugnot dans "Tout est possible" à la grande époque d'un TF1 triomphant sur la télé-poubelle, le business était juteux depuis des lustres dans les studios confortables d'Europe 1. Bon an mal an, l'animateur accumulait les révélations [plus ou moins freulatées] en recyclant des clashs de radios sur son blog pour ensuite en débattre dans sa quotidienne sur Direct8. Épatant certes et redoublement efficace, l'animateur accumulait aussi les coups de gueule avec les uns et les autres, multipliait les procédures pour faire fermer tels ou tels sites le mettant trop directement en cause ... Bref, de la belle ouvrage à laquelle Europe 1 laissait libre champ au motif que Morandini alignait des scores d'audience qui étaient meilleurs que ceux des autres camarades de la grille chétive de la station. C'est le même syndrome qu'Hanouna sur D8 : tant qu'on fait rentrer de la pub, on peut être moins regardant.

Sauf que là, le coup de semonce est d'une autre nature qu'une prise de bec avec Carole Rousseau, Marc-Olivier Fogiel ou des étoiles filantes de télé-réalité étrillées par l'interviewer cash [à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire de toute façon]. Pour le blogueur invétéré qui multiplie les fenêtres d'une exposition nombriliste toujours plus encline à multiplier les clics à grands renforts de titres accrocheurs, la presse écrite était finalement devenue assez invisible. Funeste erreur ... Morandini a oublié qu'en France, la presse écrite conserve une influence démesurée certes par rapport à son audience mais ce pays cultive le culte de l'écrit. Et quand Les Inrocks se plaisent à démonter Morandini, ils n'y vont pas par quatre chemins et c'est toute la maison de Monsieur "Ne Zappez Pas" qui vacille.

Pour le grand spécialiste des médias que Morandini se targue d'être, voilà qui devrait lui rappeler les curées infligés à Patrick Sabatier en son temps ainsi que quelques autres. Fraudes fiscales, indélicatesses, déontologie malmenée dans des ménages jutueux ... on a l'habitude des chroniques judiciaires des animateurs télé ou radio. Oui mais là, Les Inrocks frappent exactement là où la cible ne retenait pas ses coups à l'encontre de certains, sous la ceinture. Et forcément, ça fait désordre ... les dents blanches s'écaillant un peu subitement.

Pour Europe 1, ça fait mal. Pour NRJ12, c'est presque un recyclage idéal qui permettra de nourir une émission de faits divers présentée pour la première fois par celui qui en est l'invité d'honneur. Pour Vincent Bolloré, ça pourrait bien devenir gênant après avoir annoncé avec un sourire carnassier l'arrivée de Jean-Marc Morandini en quotidienne de 18h à 19h sur la future ex-I>Télé bientôt rebaptisée CNews. Et tout ça pour quoi ? Parce que la boite de production de l'animateur s'est amusée à monter une série très érotisée sur des vestiaires de footeux et que les castings auraient été le prétexte à des débordements licencieux destinés à assouvir des pulsions nourries à longueur de chibres de jeunes adultes bien twinks soucieux de percer dans ce monde impitoyable du star-système.

Comme il ne peut l'ignorer, Jean-Marc Morandini [qui adorait parler de gestion de communication de crise avec Bastien Millot, depuis rattrapé par l'affaire Bygmalion] va affronter la tempête : opportunément, celle-ci se déclenche en juillet .. c'eût pu être bien pire. L'équipe de son émission mercredi matin sur Europe 1 a choisi de ne pas en dire un mot, alors que l'animateur s'égosille à longueur de temps à promettre la transparence la plus absolue. La station l'a convoqué et forcé à interrompre ses congés estivaux ... des explications s'imposant puisque le journal a précisé que des castings fort dénudés et accompagnés de pratiques sexuelles en présence de l'animateur auraient eu lieu dans le bureau qu'Europe 1 met à sa disposition. Ah oui non, ça fait mauvais genre ...

Déjà, les dossiers ressortent de toutes parts. On exhume les tweets de Marc-Olivier Fogiel publiés il y a quelques semaines et qui résonnent bizarrement.
Sont mis en ligne de nombreuses captures d'écran qui rendent très vraisemblables les allégations dont il est fait état.

On retrouve même une interview que Morandini avait donné à Thierry Ardisson, ... vertigineuse.

Et le pire ? Il semblerait que le grand déballage ne fasse que commencer. Ça donnera bien l'occasion de demander à Fogiel, Delormeau et consorts comment et pourquoi ils avaient l'air si bien introduits du sujet. On essayera aussi de savoir si Catherine Leclerc [tiens le même nom que la voix de Julie d'Europe 1 qui l'accompagne tous les matins ... coincidence ou manque d'imagination ?] a vraiment existé ! Les Morandini-boys vont-ils survivre à un tel déluge ?

Vivement le dépôt de plainte [de Morandini ou des acteurs débutants] pour que tout le dossier soit ouvert et que chacun, comme dans l'affaire Cahuzac, ait l'occasion de faire valoir la puissance de ses armes. En attendant, Morandini va se voir notifier sa suspension d'antenne de NRJ12, i>Télé et évidemment Europe 1.

La roue tourne Jean-Marc ... tu es le Patrick Sabatier des années 2010 ! Et s'il ne tombait pas tout seul ?

Tto, qui a trouvé son feuilleton de l'été dis donc