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une vie de tto
24 juin 2016

#Brexit moi pas trop !

KEEP CALM AND BREXIT

Tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenu ! Non pas que je tire une gloire particulière d'avoir annoncé un tel fiasco qui nous met tous dans une merde internationale, mais quand même ... On dira bien merci à David Cameron qui, avec une dextérité qui confine au manchot paralytique, a réussi à :
- ouvrir le front d'une crise financière mondiale
- provoquer un krach boursier mondial
- faire dévisser sa monnaie comme jamais depuis 1985
- se faire hara-kiri puisqu'il a annoncé sa démission programmée pour l'automne
- mettre son pays dans une situation diplomatique et économique catastrophique
- fusiller la confiance que son pays inspirait à telle enseigne qu'il perdra dans quelques heures son triple A
- donner une audience encore supplémentaire à Nigel Farage [le Marine Le Pen made in UK] qui n'en avait pas besoin pour faire sombrer le pays dans le populisme le plus insupportable
- allumer la mèche d'une crise politique intérieure majeure

Tout ça parce qu'il fallait qu'il promette l'année dernière de faire un référendum sur l'Europe pour gagner quelques voix et assurer ainsi sa réélection. Ça valait le coup pour dégager l'année suivante après une telle déconfiture.

Alors oui ... les britanniques ont décidé de sortir à 51,9%, le score est sans appel, sans doute ni contestation possible. La réponse est claire et laisse apparaître une fragmentation totale de la société de sa gracieuse majesté : les jeunes, diplômés et les urbains ont voté davantage pour le maintien ; les ruraux, seniors et moins diplômés se sont largement mobilisés pour décider d'en finir de l'aventure européenne. Parce que c'est de nouveau vérifié : les sondages au pays du rosbeef, c'est vraiment n'importe quoi ... tout ce qu'ils annoncent se révèle ne jamais être vérifié. Les instituts de sondage avaient pronostiqué une courte victoire du "Remain" et qu'une participation massive aiderait le maintien dans l'Union, c'est diaboliquement le contraire qui s'est produit.

J'ai regardé cette soirée électorale historique jusqu'à 3h30 du matin, jusqu'au moment où j'ai été convaincu que le maintien était foutu et que Londres avec l'Ecosse ne pourraient contre-balancer la lame de fond qui semblait se dessiner dans le pays : les premiers résultats montraient clairement qu'on était bien au delà des projections pour le Brexit. Dès 6h30, je suis revenu devant la télé jusqu'à la clôture des résultats pour arriver à ce constat : pas de surprise.

Final results

Et maitenant, que va-t-on faire ?
Comme annoncé, il faut désormais sortir les britanniques de l'Union. Ils veulent prendre leur destin en main et s'isoler en conséquence ? L'Europe ne saurait contrarier le désir des peuples à disposer d'eux-mêmes. C'est d'ailleurs pour cela que l'article 50 du Traité de Lisbonne existe : le Royaume-Uni va notifier sa décision au Conseil européen en suite de quoi des négociations vont s’engager pour aboutir à un "accord de retrait" conclu au nom de l'Union par le Conseil de l'UE, à une majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen. Par la suite, "les traités européens cesseront d'être applicables au Royaume-Uni à partir de la date d'entrée en vigueur de l'accord de retrait" ou deux ans après la notification du retrait si aucun accord n'est conclu. Une prolongation de ce délai est possible mais subordonnée à l'accord de tous les pays membres de l'UE. Au regard du bordel que la Grande-Bretagne vient de mettre, ça va être difficile de demander aux autres Etats membres d'être conciliants ...

Au niveau européen, c'est clair qu'on va le payer cher puisque c'est une partie du PIB qui s'envole. Ce sont aussi des décisions plus simples à trouver puisque l'obstruction systématique du Royaume-Uni sur nombre de sujets devenait paralysante. Ce sont aussi des moyens budgétaires qui ne seront plus consacrés aux britanniques qui pourront être alloués autrement. Bien évidemment, la contribution UK au budget européen est également à oublier. Mais au final, le vrai problème est que cette décision souveraine du peuple d'Elizabeth II fait plonger les marchés financiers, tend à nouveau les taux, dégrade les solvabilités et les notes des plus faibles sur le continent, rouvrant ainsi de plus belle la crise par un appel d'air qui rallume le feu. Au moment où il va falloir à nouveau se pencher sur le cas grec et quand l'Italie comme l'Espagne ou le Portugal ne voient pas le bout du tunnel, ça commence à devenir compliqué.
Surtout ... c'est la première fois qu'un pays membre se retire et c'est ainsi que le tabou du retrait est pulvérisé. Désormais, on saura ce qu'il advient en de pareilles circonstances et Marine Le Pen ne pourra plus dire que la chute des marchés, la dégradation durable de l'économie et le fait de se faire étriller sur la scène internationale sont des fantasmes destinés seulement à faire peur : c'est ce que je trouve de plus salutaire dans cette histoire, les euro-sceptiques vont enfin comprendre que l'eau ça mouille et donc que ce que l'on annonce depuis longtemps n'est pas n'importe quoi, les britanniques en seront la funeste démonstration dans les mois à venir.

Cameron resigns

Sur le plan intérieur, Sky News parlait ce matin de tremblement de terre ... Pour une chaîne contrôlée par le très populiste Murdoch, c'est dire l'ampleur du choc ! La déflagration est totale. La crise qui s'ouvre est partout. La confiance dans le pays est malmenée, les velléités d'indépendance de l'Ecosse refont surface avec une vigueur incroyable [il faut même y ajouter désormais l'Irlande du Nord] et compromettent l'unité du royaume qui pourrait à terme se rabougrir sérieusement. Et surtout, David Cameron a joué les pompiers pyromanes et il s'est tué en croyant être plus malin. Le référendum provoque sa chute, ouvre la voie à Boris Johnson qui n'est rien d'autre qu'un Donald Trump plus malin que l'original ... et là, les britanniques peuvent commencer à entonner le "Hope and Glory" qui leur est si cher parce que le sang et les larmes, il va y en avoir au point que la période Thatcher, c'est un peu comme le Club Med ! Les électeurs ne voulaient pas du libéralisme européen ? Johnson leur offrira bien pire ... C'est un peu ce que je me tue à expliquer à longueur de colonne ici depuis des mois à propos de François Hollande : tout le monde veut s'en débarrasser mais les mêmes vont pleurer lorsqu'il sera question d'appliquer le programme de son éventuel successeur ...
Mais s'il n'y avait que Cameron qui soit cabossé, ce ne serait pas grave. Corbyn et ses travaillistes sont en miettes : la démonstration est faite qu'il ne tient pas ses troupes, pile au moment où les conservateurs de Cameron sont divisés. Pour l'extrême droite de Ukip, c'est un régal ...

Je ne veux pas jouer les alarmistes et, comme je l'expliquais hier, j'attendais clairement un tel résultat [même si je dois avouer que je ne pensais pas qu'on serait à 52% quand même ... c'est colossal]. Je veux croire qu'il y aura des vertus qui émergeront de ce chaos ... Déjà, qu'on arrête de vouloir faire des référendums sur l'Europe, tous sont perdus depuis 1992 [là où c'était passé très juste]. Qu'on recalibre la construction européenne en lui donnant le sens qui lui manque et en allant enfin vers l'harmonisation qui permettra enfin de créer un marché cohérent astreint aux mêmes règles communes. Qu'on cesse de vendre l'Europe sur le mode de la peur et qu'on explique enfin ce qu'il y a de formidable dans ce projet : qu'on arrête de me casser les couilles avec les contraintes de Bruxelles ou le fait que la PAC c'est nul ou que l'Europe complique tout ... Certes l'Europe oblige à beaucoup de choses mais les britanniques vont comprendre qu'à plusieurs on est plus forts et sans Europe, dans quel état de déconfiture serait la France après les crises financières des années 1990 et 2000 ? 
Que l'on profite aussi des relocalisations qui vont inévitablement avoir lieu de Londres vers Paris, la chance est réelle pour la capitale française de redevenir un poumon dans le système monétaire et financier mondial. La chance est également palpable de permettre aux fortunes du monde de se rassurer à Paris davantage qu'à Londres où l'incertitude sera plus forte. Valérie Pécresse et Anne Hidlago l'ont bien compris et multiplient les signaux depuis quelques jours sur ce thème, elles ont bien raison.

Le jour d'après ... voilà ce que cela donne donc. Le projet européen n'est pas inaltérable. On peut toujours s'en extraire mais il ne faut pas espérer que cela se fasse sans casse. C'est finalement au moment où on ressent que l'on peut perdre quelque chose qu'on en apprécie toute la valeur, espérons qu'il en sera de même pour l'Europe et bon courage aux britanniques.

Tto, Inside Europe

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Commentaires
K
Bien sûr qu'il y a du pour et du contre mais franchement depuis quelques années il était franchement impossible de faire avancer l'Europe avec des grands bretons qui systématiquement votaient contre ou voulaient des règles spécifiques. Quand quelqu'un ne veut pas jouer avec les règles qu'il a accepté, on le fout dehors. Alors s'il décide de lui-même de partir... Out !<br /> <br /> PS: je ne connais rien au foot, mais quel est le pays qui a 4 équipes rien que pour lui, hein ? (le 1er qui trouve a le droit de prendre un billet pour Londres)
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