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une vie de tto
6 mai 2016

Donald ne Trump plus grand monde

NYPOST 04 05 2016

Je fais partie de ceux qui s'étonnent, depuis des mois, que l'on parle avec condescendance de Donald Trump et de sa campagne en le remisant au rang de bête de foire. Et patatra ... il a dézingué tout l'appareil du parti Républicain en quelques mois, s'imposant à mesure d'outrances et de mensonges qui font le buzz, se jouant ainsi du système qui adore faire vendre avec du bullshit [ce qui lui a permis d'économiser des millions de dollars de publicité puisque les médias qu'il execre lui ont offert une couverture médiatique en or].

Trump est-il un danger réel pour le monde ? Ce n'est même pas certain : il est juste incontrôlable, inconsistant et totalement imprévisible donc il est en définitive le pire ennemi de ceux qu'il prétend vouloir protéger contre tous les périls, donc les américains.

Que sa désignation pour la course finale à la Maison Blanche soit un signe apocalyptique de plus, cela procède d'une rhétorique religieuse bien trop utilisée dans la vie politique américaine pour que je la fasse mienne en considérant que c'est raisonnable d'agir ainsi. N'empêche ... Donald Trump, c'est tout de même le signe d'un nivellement par le bas du rêve américain même s'il en est l'incarnation puisqu'il est balourd, grotesque, odieux, caricatural ... bref le pire cow-boy qui soit mais il a ce côté highlander qui plaît tant aux américains : il a réussi et s'est même relevé.

Parce que la vie n'a pas été un long fleuve tranquille pour Donald. Si aujourd'hui il peut publier une déclaration de biens, actifs et dettes dans un formulaire envoyé à la commis ion fédérale électorale dans laquelle il déclare avoir gagné, hors revenu du capital, loyers et royalties, la somme de 362 millions de dollars en 2014 dont 27 millions tirés de la vente d'actions, tout n'a pas été si simple notamment à la fin des années 80 où son empire immobilier s'est cassé la figure. En 2014, il affirme tirer sa richesse de 515 fonctions et 168 sources de revenus différentes. Le tout s'ajoutant à la propriété de 23 biens immobiliers, chacun estimé à environ 50 millions de dollars. Mais au début des années 90, il bénéficie des lois sur la faillite aux Etats-Unis, rincé par l'explosion de la bulle immobilière et un divorce très couteux avec Ivana. Oui mais voilà, Trump se relève ... il achète les concours Miss USA [tu vois Geneviève de Fontenay ou Sylvie Tellier candidates à la Présidence de la République ???] puis Miss Universe dont il déclare sélectionner lui-même les candidates, devient le présentateur de "The Apprentice" où il hurle "You're fired" pour 15 millions de dollars par épisode. Et bien ça, ça fascine les staziniens ...

Qu'importe que son business parte dans tous les sens : sa bouteille de vodka, son parfum, sa compagnie aérienne, sa marque de steaks hachés, un jeu de société, de l'eau, Trump est partout. Bon quand il se pique de faire le Trump Univeristy, il se fait condamner à 40 millions de dollars pour avoir violé les lois en vigueur quand même. Il est l'incarnation du self made man ... enfin ça, c'est la légende parce qu'en réalité, Donald Trump [dont ce n'est pas le vrai nom de famille, le véritable nom de la lignée des Trump étant Drumpf, nom changé il y a plusieurs générations] oublie de rappeler beaucoup de choses et surtout raconte beaucoup de conneries monumentales.

Artiste de l'emploi du mot "je" dans ses discours [environ plus de 200 fois à chaque fois], on oublie trop souvent qu'il a financé la campagne d'Hillary Clinton en 2008 lorsqu'elle a tenté d'être investie par le parti démocrate contra Barack Obama. Ah justement, Obama ... Trump le déteste et n'oublie jamais de rappeler qu'il doute qu'il soit vraiment américain puisqu'il est persuadé qu'il est né au Kenya et que de toute façon, il n'avait pas d'assez bonnes notes pour intégrer Havard.
Ses positions sont caricaturales, on le sait ... c'est comme cela qu'il a bénéficié d'une couverture médiatique hors pair et gratuite. En alignant les immondices sur les mexicains, les homosexuels, les femmes, les noirs ou que sais-je encore, il s'est forgé une image de gros dur que rien n'arrête : d'ailleurs, il ne tarit pas d'éloges sur son anatomie masculine qu'il juge forcément "impressionnante". Et ses déclarations donnent le vertige et font passer Marine Le Pen & Gilbert Collard pour des militants MODEM sous tranxene.

"Quand le Mexique nous envoie ces gens [les immigrés mexicains], ils n'envoient pas les meilleurs d'entre eux. Ils apportent des drogues. Ils apportent le crime. Ce sont des violeurs." La femme de Jeb Bush, mexicaine, a beaucoup apprécié. Et comme il sait tout faire, il s'improvise professeur de médecine aussi : "On m'a apporté la preuve que j'ai raison sur les vaccinations massives: les médecins ont menti. Sauvez vos enfants et leur futur." A la suite de la tuerie de San Bernardino où des musulmans étaient mis en cause, il a tweeté à la troisième personne : "Donald Trump appelle à l'arrêt total et complet de l'entrée des musulmans aux États-Unis jusqu'à ce que les élus de notre pays comprennent ce qui se passe". Lui raciste ? Bah non, comme Le Pen, il a des amis noirs ... "J’ai des amis musulmans, ce sont des gens très bien, mais ils savent qu’il y a un problème, et on ne peut plus le tolérer". Et donc pour régler le problème du recrutement des djihadistes sur internet, il a la solution : "On doit faire quelque chose. On doit aller voir Bill Gates et plusieurs autres personnes qui comprennent réellement ce qu'il se passe et leur demander de fermer Internet dans certains endroits."

Et des conneries, il en dit et en écrit encore et toujours ... "Je dirais que Poutine est un homme plus sympathique que moi", "Je vais étendre la portée des lois sur la diffamation, pour que quand ils écrivent à dessein des articles négatifs, méchants et infondés, on puisse les poursuivre et gagner beaucoup d’argent", "Moi élu, on pourra se redire Joyeux Noël au lieu de Joyeuses Fêtes, je vous le garantis" ou encore la saloperie vers Hillary Clinton "Comment peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari ?" ... Toujours tout dans la finesse !

Tweet Trump

Au final, il parle beaucoup trop et en vient à dire tout et surtout n'importe quoi. Un coup il est anti-avortement en réclamant une sanction contre les femmes ayant avorté sans savoir ce que cela pourrait être et après, il se ravise. Il ment effrontément en expliquant qu'il ne connaît pas le Klu Klux Klan. Il explique goguenard qu'il faudrait tuer les familles des islamistes radicaux, que balancer une bombe nucléaire sur l'Europe n'est pas inenvisageable ou encore que le réchauffement climatique est une fumisterie : "Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois dans le but de rendre l'industrie américaine non-compétitive." Et voilà, c'est la faute des chinois !!!

Mais ne va pas considérer qu'il n'aime pas les latinos ? La preuve, hier à l'occasion du Cinco de Mayo [fête latino s'il en est], Donald a fait cet aveu : il aime les hispaniques. On n'avait rien compris ...

"Trump" en anglais, ça veut dire atout et le personnage n'en manque pas, à l'évidence. Il a parfaitement compris que ne pas avoir de programme mais faire du bruit chez les Républicains suffisait à atomiser les caciques du parti trop habitués aux bonnes manières. Trump agit comme un déménageur et remporte la mise comme dans tout bon casino. Face à cela, Hillary devrait avoir course gagnée mais voilà, le premier mardi de novembre est encore loin et d'ici là, les outrances de Trump seront encore nombreuses même s'il va, maintenant, avoir pour mission de se dédiaboliser. Ca ne te rappelle rien ??

D'ailleurs, il est amusant de noter qu'Aymeric Chauprade [ex FN, parti avec fracas de chez Marine dernièrement] a fait le parallèle en expliquant que la vision de politique étrangère de Marine Le Pen est aussi caricaturale que celle de Donald Trump. C'est rassurant ...

Malgré tout cela, Donald Trump, comme tous les populistes/fascistes partout dans le monde, devient une alternative. C'est consternant, triste, accablant et tout ce que tu veux mais c'est ainsi. Tout le monde dit la même chose et pourtant, l'illusionniste poursuit son chemin. L'humoriste John Oliver, sur HBO au terme de son émission consacrée au candidat, mettait en garde tout le monde sans beaucoup rire et avec une certaine gravité :

Ne restons pas aveuglés par la magie de son nom. Ne votez pas pour lui en gobant ce qu’il dit : c’est un artiste de la connerie. Monsieur Trump, j’attends votre procès. F*ck Donald Trump.

Tto, médusé

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Commentaires
J
Trump, ce n'est plus du populisme, c'est au-delà. C'est presque le clone du Père Coughlin. Lui, il est prêt, réellement prêt à se servir de l'arme atomique. Son populisme n'est pas que rhétorique.
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N
Le populisme gagne du terrain... de plus en plus inquiétant!
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